Exprimer ce qu’on ressent est un droit, une sorte de thérapie, mais surtout cela peut prévenir les violences. Toutefois, il faut savoir quoi, à qui, comment et à quel moment s’exprimer. L’échec de la communication n’est pas sans conséquence
Chaque fois qu’on dit des choses inexactes, dans des moments inappropriés, à des cibles inappropriées et de manière inappropriée, on peut tomber dans l’échec de communication suivi de cycles de violences.
L’homme ne peut pas ne pas communiquer. Sa manière de vivre, la manière de parler avec les autres, sa manière de se comporter, c’est déjà une communication, explique Abbé Lambert Riyazimana, professeur d’universités et, chargé de la communication au diocèse de Ngozi. Il ajoute que dans sa communication, l’homme doit s’exprimer librement. C’est pourquoi un homme qui ne peut pas s’exprimer librement est potentiellement violent parce qu’il fait le constat qu’une de ses libertés fondamentales qu’est la liberté d’expression n’est pas respectée.
L’absence de communication, un danger
L’absence de la communication est très dangereuse. Lorsque des individus ne peuvent pas exprimer ce qu’ils pensent, se comporter et tisser des relations justes avec les autres, la première conséquence est qu’ils cherchent à s’exprimer par tous les moyens possibles; y compris la violence, explique Abbé Riyazimana. Et lorsqu’on devient violent, on doit s’attendre à ce qui va produire après car on a expérimenté les affres de la guerre : les relations sont brisées, la cohésion sociale s’étiole, on va même jusqu’à la confrontation physique et à la guerre. Dans ces conditions, on observe des pertes en vies humaines, des destructions d’infrastructures, etc.
Pour instaurer un mécanisme de communication, on fait recours par exemple à la communication non violente, c’est-à-dire qu’on doit parler avec intégrité, ne dire que ce qu’on pense réellement et surtout ne pas utiliser la parole ni contre soi ni pour médire les autres parce que la parole peut détruire ou construire.
Il faut savoir quoi, quand, comment et à qui le dire
Il évoque qu’à chaque fois qu’on tombe dans l’échec dans la communication, on court quatre risques. Le premier est le mensonge qui peut engendrer chez la victime un cycle de violence. Le second risque est une parole dite à un moment inapproprié. Pour quelqu’un qui a perdu ses proches ou ses biens, on ne peut pas lui parler n’importe comment sans considérer la situation qu’il est en train de vivre.
Il explique que pour un pays comme le Burundi qui sort d’une période de conflit, il faut savoir parler à des moments appropriés parce que les gens ne sont pas dans la même situation, dans les mêmes conditions. Le troisième risque est le fait de se tromper de cible : dire des choses à des gens inappropriés. Par exemple donner un message au peuple alors qu’il aurait été mieux de le donner aux autorités, donner un message est donné aux responsables des confessions religieuses alors qu’il aurait fallu qu’il soit donné aux policiers, etc. Le dernier risque est la manière dont le message est donné. On peut dire des choses vraies, mais le dire d’une manière inappropriée en ne considérant pas par exemple le contexte.
Donc, chaque fois qu’on dit des choses inexactes, dans des moments inappropriés, à des cibles inappropriées et de manière inappropriée, on peut tomber dans l’échec de communication suivi de cycles de violences car les personnes peuvent se blesser par la parole, mais aussi par des actes, conclut-il.