D’après l’enquête-ménage qui a été publiée par l’ISTEEBU en 2015 portant sur la période de 2013-2014 sur laquelle s’est basé le professeur Gilbert Niyongabo dans une étude qu’il a faite sur la pauvreté au Burundi ; 64,6% de la population est pauvre si on tient compte uniquement de la pauvreté monétaire. Cette étude fixe également le seuil de pauvreté à 1744 FBu par jour et par personne
Gilbert Niyongabo, professeur à l’Université du Burundi, dans la faculté des Sciences Economiques et de Gestion : « On espère que le Plan National de Développement (PND) permettra d’éradiquer la pauvreté même s’il est difficile d’imaginer un taux de pauvreté de 0% en 2028 »
Même si ces données sont vieilles de 4 ans, on peut en déduire l’état actualisé de la pauvreté en faisant appel à d’autres indicateurs. On peut se référer par exemple à l’Enquête Démographique de Santé (EDS) qui est sortie en 2017 qui fixe les indicateurs de santé de la population. Au niveau de la répartition, on trouve qu’il y a des provinces qui sont plus pauvres que d’autres, a indiqué le professeur Niyongabo.
Des disparités entre les provinces
Il faut établir des nuances. D’après les données de l’ISTEEBU citées par M. Niyongabo, la profondeur et la sévérité de la pauvreté diffèrent d’une province à l’autre. Ainsi par exemple, en ce qui concerne la pauvreté monétaire, le taux est de 84% avec une profondeur de 36, 7% et une sévérité de 19,3% dans la province de Ruyigi alors qu’à Bubanza ce taux est de 43,2% avec une profondeur de 23,5% et une sévérité de 11,4%.
La pauvreté monétaire ne touche pas les milieux rural et urbain de la même façon. Le milieu urbain est moins pauvre que le milieu rural. A titre d’exemple, dans Bujumbura-Mairie, le taux de pauvreté est de seulement 20,5% alors qu’à Cankuzo, il est de 77,9%.
Taux de pauvreté non monétaire : 6,6% en milieu urbain contre 71,1% en milieu rural
En ce qui concerne le taux de pauvreté non-monétaire, il est de 64,8% au niveau national, mais en milieu urbain il est de 6,6% alors qu’en milieu rural il grimpe à 71,1%. Il est important de noter à ce propos qu’il existe une corrélation entre la pauvreté et le niveau d’instruction. Les ménages dont le chef n’a aucun niveau d’instruction affichent un taux de pauvreté de 74,8%. Par contre, les ménages dont le chef a un niveau d’instruction secondaire ont un taux de pauvreté inférieur à la moyenne nationale, soit 44,1%. Plus déconcertant, les individus vivant dans des ménages dirigés par les femmes sont moins pauvres (61%) que ceux vivant dans des ménages dirigés par les hommes.
Baisse du taux de pauvreté de 2,5% entre 2006 et 2014
Entre 2006 et 2014, au niveau national, le taux de pauvreté monétaire a globalement baissé de plus 2,5%. Il est passé de 67,1% à 64,6%. Toutefois, deux Burundais sur trois n’arrivent pas à satisfaire les besoins alimentaires et non alimentaire.
Parmi les solutions à envisager, il y a la transformation structurelle de l’économie qui doit commencer au niveau local. Il ne faut pas que les gens continuent à vendre leur production à l’état brut. Il faut d’abord commencer par conserver et transformer ce que l’on produit. Cela va générer une valeur ajoutée et contribuer à baisser le niveau de la pauvreté.
Si on regarde 20 ou 30 ans en arrière, le taux de pauvreté était de 35%, a rappelé M. Niyongabo. Au départ, l’objectif était de réduire de moitié le taux de pauvreté de 35 à 17%, mais avec les chocs des années 90 et 93 et l’embargo de 1996, il n’a pas été atteint. Tous ces facteurs ont accentué la pauvreté des Burundais. Au lieu de diminuer, elle a doublé entre 1990 et 2006. On espère que le Plan National de Développement (PND) permettra d’éradiquer la pauvreté même s’il est difficile d’imaginer un taux de pauvreté de 0% en 2028, a souhaité M. Niyongabo.
L’industrie, le maillon faible de l’économie du pays
« Si on regarde les chiffres de l’ISTEEBU, le taux d’industrialisation n’a pas évolué. La part de l’industrie dans le revenu national tourne autour de 15%. C’est le maillon faible de l’économie du pays. Ce n’est pas pour rien que le PND place la transformation de l’économie parmi les priorités. Le développement industriel ne s’est pas encore réalisé. La transformation doit être la priorité des priorités.
De bons plans qu’il faut concrétiser
« Les documents ont été confectionnés et lancés. Le PND a été lancé en 2018. Le rapport national sur les ODD est sorti en 2017. Ce sont de bons horizons sur lesquels il faut s’appuyer pour lutter contre la pauvreté. Maintenant il faut les mettre en œuvre », a souligné M. Niyongabo
Le gouvernement sur le pied de guerre
Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, le gouvernement du Burundi a également mis en place le PND. Ce plan a été conçu pour compléter le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), a fait savoir Mme Marie-Jeanine Hashazinka, directrice générale au ministère des Finances et de la Planification du Développement Economique.
L’université, un milieu indiqué pour penser le développement
« Cet événement qui a lieu dans notre institution est une occasion de rappeler que l’Université du Burundi a le devoir de contribuer à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) au Burundi», a indiqué François Havyarimana, le recteur de cette université lors d’une conférence-débat organisée dans ses enceintes. C’était à l’occasion de la célébration de la journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Jeremy Hopkins, Représentant Pays de l’Unicef, a salué le fait que cet événement ait été organisé dans un milieu universitaire où se rencontrent les chercheurs dont les travaux doivent orienter les politiques et les programmes de développement. Le thème choisi pour cette année est « Le système des Nations Unies aux côtés du Gouvernement pour l’atteinte des ODD »