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La poésie burundaise, un patrimoine culturel à sauvegarder

De moins en moins, les jeunes s’intéressent à la poésie burundaise alors qu’elle est d’une grande richesse. Faisant partie du patrimoine culturel qu’il faut jalousement garder,  la poésie traditionnelle, essentiellement orale, a besoin d’être revisitée, réécrite ou transcrite. L’Institut Français du Burundi (IFB) a fait appel à un poète Burundais confirmé pour rappeler aux amateurs des lettres qu’ils peuvent puiser dans ce patrimoine culturel  pour redonner ses lettres de noblesse à la littérature burundaise

Diomède Niyonzima, écrivain, poète et journaliste Burundo-canadien : « Revisiter, retranscrire, écrire, réécrire et produire ! C’est ce qu’il faut faire pour garder cette richesse qui nous est si chère pour que les générations futures sachent de quoi était faite la poésie burundaise »

La littérature traditionnelle burundaise était essentiellement orale. Cela est d’autant vrai que le peuple Burundais n’a connu l’écriture que très tardivement. La poésie occupait une bonne place dans la littérature burundaise. En témoignent l’abondance créative dans la poésie lyrique (amazina), la poésie pastorale (ibicuba), les berceuses et d’autres types de littérature de l’oralité difficilement traductibles dans d’autres langues comme impundu, akazehe (salutations musicalisées), imikomo (proches des imprécations), gusokoza, etc. Cette richesse poétique est sans doute ce qui a convaincu M. Diomède Niyonzima à dire que les Burundais étaient de bons poètes. Il était l’invité du café littéraire que l’Institut Français du Burundi a organisé jeudi le 19 octobre de cette année. Ce poète, écrivain et journaliste Burundo-canadien se désole  qu’il y ait de moins en moins de jeunes qui s’intéressent à la littérature burundaise. «Personne ne crée de nouveaux ibicuba ou ibihoozo», s’est inquiété M. Niyonzima. Les vieux ne restent pas longtemps pour nous conter la sagesse de notre culture, les livres si, a déclaré le poète.

«Ingo tubane mumahoro», une mise en bouche

En guise de mise en bouche, M. Niyonzima a déclamé un de ses poèmes intitulé « Ingo tubane mumahoro », un clin d’œil aux Burundais d’aller au-delà de ce qui les oppose pour vivre en paix et en harmonie. « Ingo tubane mumahoro » fait partie de son recueil de poèmes qu’il a  intitulé Les Héritiers du nouveau monde qui traite également de la paix, de l’amour, de l’environnement, du sida, de l’amour de la guerre, mais aussi de la joie. En dehors de ce recueil, cet auteur a aussi écrit deux  livres intitulés Le monde vu d’en haut et L’Ombre. Le poète a  révélé à l’auditoire que la poésie s’était imposée à lui comme une évidence. « Dans mon plus jeune âge, je n’aimais pas beaucoup parler. L’écriture est devenue un  refuge pour moi », a-t-il confié  aux participants.

« S’inspirer de la richesse linguistique »

« J’ai été invité à participer dans ce café littéraire pour dire aux jeunes et aux amateurs des lettres de s’inspirer de la richesse linguistique du Kirundi pour composer. On doit le faire pour les générations futures », a indiqué M. Niyonzima en marge du café littéraire. « Nos vieux meurent un à un. Et ils partent avec ce patrimoine  poétique traditionnel si précieux. Malheureusement, on dirait qu’il n’y a plus d’efforts pour collecter et transcrire ce « matériel poétique » ancien ». C’est pour cette raison que M. Niyonzima lance un appel aux jeunes, écrivains et amateurs de la poésie de garder jalousement ce qu’ils peuvent atteindre en le couchant sur papier, pour le transmettre un jour à la postérité. Revisiter, retranscrire, écrire, réécrire  et produire ! C’est ce qu’il faut faire pour garder cette richesse qui nous est si chère pour que les générations futures sachent de quoi était faite la poésie burundaise, a souligné M. Niyonzima. « Le devoir de tout écrivain est de replonger dans ce passé lyrique pour y puiser le meilleur », a-t-il ajouté.

Chacun doit faire sa part

« Certes je vis au Canada mai je suis plus attaché au Burundi. Je ne peux pas oublier mes racines. Ce que je fais c’est aider les jeunes à écrire. Or on ne peut pas écrire si on ne lit pas. J’ai fait venir du Canada, il y a quelques mois trente mille ouvrages qui sont dispatchés en 10 centres de lecture à travers tout le pays. Et je vais continuer à le faire pour inciter les jeunes à lire. Avec de l’expérience et des modèles d’écriture, ils pourraient un jour écrire leurs livres à eux. On ne doit pas tout copier du monde. Par contre, on peut influencer le monde par nos écrits », a fait savoir M. Niyonzima.

Derrick Cubahiro, élève et poète en herbe : « Le jeunes imitent bêtement ce qui se fait ailleurs »

Derrick Cubahiro, un jeune participant, poète en herbe, qui a déclamé un petit morceau de son poème composé et écrit en Kirundi trouve que les jeunes ne s’intéressent plus à la tradition. « Ils imitent bêtement ce qui se fait ailleurs », a-t-il déploré. Il a invité les écrivains  Burundais à écrire ou traduire leurs œuvres ou celles des autres en Kirundi. Cela lui semble être la meilleure voix pour perpétuer la tradition burundaise. Le café littéraire s’est clôturé par  l’habituelle présentation des nouveautés de la médiathèque ainsi que celle des coups de cœur qui est une occasion offerte aux participants de parler d’un livre qui a retenu leur attention.

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