La mesure de plafonner à 60% la quote-part du salaire mensuel engagé pour rembourser les crédits inquiète certains salariés. Désormais, suite à cela, il n’est pas facile de bénéficier des découverts. Pourtant, l’économiste Nestor Bayubahe salue la mesure. Elle vient à point nommé.
Evariste Ntungicimpaye, administrateur directeur général de la FLE : «La raison de cette situation est que cette fondation est dans les procédures de s’adapter aux mesures prises par la BRB».
La plupart des enseignants se lamentent du fait qu’il y a de cela quelques mois que la fondation pour le logement du personnel de l’enseignement (FLE) ne reçoit pas leurs dossiers de demande de crédit logement.
Selon Jean Claude Nyadwi, enseignant habitant dans la zone Ngagara, c’est dommage que les dossiers des enseignants qui ont besoin de crédits logement sont rejetés par les responsables de la FLE alors qu’ils ne cessent pas de verser leurs cotisations de 12000 FBu chacun et chaque mois sur le compte de cette fondation.
Mme Micheline Nivyayo, enseignante habitant dans la zone Nyakabiga abonde dans le même sens. Selon elle, la FLE n’est pas en train d’honorer ses engagements en octroyant des crédits à ses affiliés. Ces fonctionnaires de l’Etat font remarquer que le pire est qu’il n’est pas facile de bénéficier d’un découvert pour ceux qui atteignent la quote-part de 60% du salaire mensuel.
Les responsables de la FLE tranquillisent
Dans un entretien avec Burundi Eco mercredi le 8 mars 2023, Evariste Ntungicimpaye, administrateur directeur général de la FLE tranquillise ces enseignants. il indique que la raison de cette situation est que cette fondation est dans les procédures de s’adapter aux mesures prises par la BRB.
En collaboration avec ses partenaires, cette fondation est dans les procédures de fixer un nouveau taux d’intérêt et un nouveau délai de remboursement. Il explique cela, car la BRB a cessé de financer le secteur des infrastructures à un taux de 2% comme auparavant. De plus, la Banque centrale a demandé aux banques et aux IMFs de ne pas dépasser 60% comme quote-part du salaire mensuel pouvant être engagé pour rembourser leurs crédits.
Le régulateur leur a aussi demandé de ne pas dépasser 5 ans pour les crédits à consommation lors du remboursement des crédits à consommation. L’ADG de la FLE tranquillise alors ses affiliés, car les procédures vont bon train. Il espère que cela va prendre fin dans un mois.
Les banquiers contactés ne digèrent pas la mesure
Les banquiers qui se sont entretenus avec Burundi Eco ne digèrent pas la mesure de limiter à 60% la quote-part du salaire mensuel pour rembourser les crédits. Sous couvert d’anonymat, ces derniers précisent que cette mesure vient tardivement, car plus de 80% des fonctionnaires ont des crédits dans les banques et les IMFs. En plus de ces crédits, ces banquiers font savoir qu’ils ne cessaient pas de leur accorder d’autres types de crédits dont ils ont besoin. Et l’important est qu’ils parviennent à les rembourser, précisent- ils.
Une mesure qui vient à point nommé
Pour l’économiste Nestor Bayubahe, professeur à l’Université Lumière de Bujumbura, cette mesure de limiter la quote-part du salaire mensuel pour rembourser les crédits vient à point nommé. Elle protège les consommateurs des services financiers contre le surendettement, car il a été constaté que les banques et les IMFS n’y pensent plus. Elles mettent en avant leurs intérêts.
Bayubahe déplore qu’elles laissent leurs clients engager tous leurs salaires pour rembourser leurs crédits.
Selon Bayubahe, c’est pourquoi, la plupart des clients des banques et des IMFS au Burundi sont dans des conditions déplorables. Ils ne reçoivent presque rien à la fin du mois. Ce qui est un grand problème. Ils vivent dans un stress permanent. Ce qui réduit même leur longévité, car ils sont exposés aux différentes maladies liées au stress.
Selon Bayubahe, cela ne se fait pas dans les autres pays. La BRB doit veiller au respect des quotes-parts des salaires mensuels que les clients engagent pendant le remboursement de leurs crédits.
Attention à ses conséquences!
Pour le syndicaliste et enseignant Antoine Manuma, la BRB s’est précipité à plafonner la quote-part du salaire mensuel à 60% lors du remboursement des crédits. Selon lui, cela a fait qu’actuellement les fonctionnaires qui ont des crédits ne bénéficient pas de découverts alors que la majorité de ces derniers recourent à ce type de crédit (les découverts) pour joindre les deux bouts du mois.
Il fait remarquer que cela risque d’engendrer des conséquences fâcheuses. Certains fonds risquent de mettre la clé sous la porte, car leurs affiliés risquent de refuser de continuer à épargner dans ces fonds, alerte Manuma. De surcroît, les banques et les IMFs ne sont pas épargnées, car elles bénéficient des cagnottes issues des découverts, ajoute- t- il.
Manuma demande alors à la BRB d’analyser bien cette mesure pour éviter les conséquences fâcheuses qui peuvent en découler.