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La SFBSP plaide pour la dépénalisation de l’avortement

Dans un point de presse animé lundi le 30 juillet 2018, la Représentante Légale de l’organisation dénommée « Solidarité des Femmes Burundaises pour le Bien-Etre Social et le Progrès au Burundi » (SFBSP-Burundi) a lancé officiellement une campagne de plaidoirie pour lutter contre les conséquences de l’avortement à risque. Ces derniers jours, l’avortement clandestin connait une allure inquiétante. Le Gouvernement devrait se doter d’outils juridiques pour encourager l’avortement médicalisé afin de sauver des milliers de vie en danger

« Les droits des femmes et des filles, l’égalité entre les deux sexes et l’autonomisation des femmes et des filles sont à la fois des objectifs autonomes et une question transversale pour réaliser le développement durable », a déclaré Mme Espérance Ntirampeba, présidente et représentante légale de la SFBSP-Burundi. En ce sens, les membres de l’organisation accélèrent les efforts pour atteindre ces objectifs en consolidant les partenariats multipartites et en faisant des plaidoyers pour l’autonomisation des femmes et des filles au Burundi.

D’ailleurs, une campagne de plaidoirie en faveur du droit des femmes à l’accès aux méthodes contraceptives dans le but de prévenir les conséquences de l’ampleur de l’avortement à risque au Burundi, a indiqué Mme Ntirampeba. Cela pour soutenir le Gouvernement dans sa politique de réduction de la natalité jusqu’à trois enfants par femme à l’horizon 2025, a-t-elle conclu.

Les cas d’avortement augmentent en cascade

Au Burundi, les grossesses non désirées consécutives aux viols, aux incestes… sont fréquentes, mettent en danger la santé mentale et physique de la jeune mère. D’où les avortements clandestins et non médicalisés mettent en péril la vie des milliers des femmes et des jeunes filles. Les cas d’avortement augmentent en cascade.

Les principales causes de l’avortement

Mme Espérance Ntirampeba, présidente et représentante légale de la SFBSP : «Pour protéger les droits reproductifs des femmes, on doit autoriser l’avortement médicalisé».

Les résultats issus d’une enquête menée en septembre 2017 par la SFBSP dans les provinces de Bubanza, Cibitoke, Bujumbura rural, Bujumbura-Mairie, Rumonge, Bururi, Makamba et Kirundo révèlent  que les avortements clandestins sont monnaie courante. Les jeunes filles qui sont encore sur le banc de l’école, les prostituées et les femmes  mariées qui ont eu des relations extra-conjugales constituent des catégories de personnes à haut risque. Les causes varient d’une catégorie à l’autre.

D’après    Mme   Ntirampeba,   la        plupart des filles avortent parce qu’elles ont eu des relations sexuelles incestueuses avec un parent ou un proche de la famille. Les victimes de viol préfèrent également avorter car elles ne veulent pas d’enfant conçu dans de pires situations tel que le viol. Pour les étudiantes, l’avortement est perçu comme un passage obligé pour poursuivre et terminer leur scolarité et surtout espérer fonder un foyer. Les femmes mariées ne sont pas épargnées par ce phénomène. Les femmes mariées qui entretiennent des relations extra-conjugales finissent par avorter. Elles ne veulent pas que la situation s’empire, auquel cas, elles risqueraient  des sanctions pénales et sociales. Quant aux prostituées, elles avortent car elles veulent garder la forme afin de ne pas compromettre leur métier.

Que faire pour inverser la tendance ?

L’article 14 du protocole de Maputo et la Charté africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits de la femme garantissent le droit à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction. Le Burundi a déjà signé ce protocole mais ne l’a pas encore ratifié les textes. En plus de la ratification du fameux protocole de Maputo, la SFBSP recommande la révision du code pénal afin que les pouvoirs publics assurent pleinement la protection et la promotion des droits des femmes.

Les droits des femmes incluent le droit à l’avortement. Ainsi, « pour protéger les droits reproductifs des femmes, on doit autoriser l’avortement médicalisé en cas d’agression  sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus », a précisé Mme Ntirampeba.  A la question de savoir si la dépénalisation de l’avortement ne va pas plonger les jeunes filles dans le vagabondage sexuel, elle fait savoir que chaque loi nécessite des textes d’accompagnement qui devraient fixer les conditions dans lesquelles l’avortement médicalisé pourrait avoir lieu. Comme on le fait souvent pour les victimes de viol ; avant de les protéger contre les IST et les grossesses non désirées, les médecins procèdent à des examens.

Notons que la SFBSP a déjà initié des campagnes de formation et de sensibilisation sur la lutte contre les grossesses non désirées et les avortements à haut risque. Les différentes catégories de personnes se relaient pour suivre des séances au Centre Ombre de la Femme. Et une pétition sur la dépénalisation de l’avortement est en circulation. 

Cas d’avortements enregistrés entre 2014 et Juin 2018

Province

2014

2015

2016

2017

juin 2018

Total

Bujumbura Mairie

158

213

286

405

431

1493

Bujumbura Rural

115

209

258

349

376

1307

Bubanza

112

184

211

243

291

1401

Cibitoke

195

208

229

294

316

1242

Rumonge

56

81

137

Makamba

3

42

45

Total

580

814

1350

1537

5265

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