La société Nezerwa Investment Group est sur la bonne voie dans la chasse des déchets plastiques partout où ils sont. L’objectif principal est d’éviter la prolifération de ces déchets dans le lac Tanganyika, car cela occasionne des conséquences sur la santé humaine, la biodiversité et la couche d’ozone. Elle en tire aussi des revenus. Pourtant, elle est confrontée à certains défis liés au manque d’électricité et de moyens financiers suffisants ainsi qu’à la logistique. Il demande un soutien au gouvernement et à ses partenaires pour gagner le pari
Silas Bucumi, représentant de la société Nezerwa Investment Groupꓽ «Plus de 45 tonnes de bouteilles plastiques ont été collectées sur seulement une période de 3 mois à partir de la date à laquelle elle a commencé ses travaux sur le lac Tanganyika»
Nous sommes mardi le 20 mai 2025. Vers 10 h, un reporter de Burundi Eco rencontre M. Silas Bucumi, représentant de la société Nezerwa Investment Group et une partie de son personnel à la rivière Ntahangwa juste en bas de la société Brarudi précisément sur le littoral du lac Tanganyika.
Sous un soleil de plomb, Bucumi est en train de superviser dans la collecte des bouteilles plastiques disséminées dans le lac Tanganyika.
L’objectif principal de notre société est de collecter toutes les bouteilles plastiques disséminées dans le lac Tanganyika pour le rendre propre et en tirer aussi des revenus, explique-t-il. Il fait savoir que la société Nezerwa Investiment Group qu’il chapeaute peut collecter plus d’une tonne de déchets plastiques par jour sur le site Ntahangwa‐Tanganyika seulement.
Elle a également créé d’autres sites tels que Kinyankonge‐Tanganyika et Mutimbuzi‐Tanganyika. Il argue que plus de 45 tonnes de bouteilles plastiques ont été collectées sur seulement une période de 3 mois à partir de la date à laquelle elle a commencé ses travaux sur le lac Tanganyika.
Bientôt, elle va créer le site Rusizi ‐Tanganyika dans l’objectif principal de rendre propre ce réservoir d’eau douce qui approvisionne en eau potable plus de 90% des habitants de la mairie de Bujumbura.
On compte installer des poubelles dans tous les quartiers
Nous comptons aussi installer des poubelles dans tous les quartiers de la municipalité de Bujumbura pour gagner le pari dans la protection du lac Tanganyika contre la pollution de ses eaux par les bouteilles plastiques, martèle Bucumi.
Selon lui, c’est pour que ce qui est en train d’être réalisé en aval des affluents du lac Tanganyika se fasse également en amont. La société va alors y faire passer des chariots et des camions pour collecter tous ces déchets après avoir payé ceux qui les ont collectés.
De plus, cette société compte installer des points de vente de bouteilles plastiques à partir de la commune Nyanza‐ lac pour bien maîtriser la problématique de la pollution des eaux du lac Tanganyika par les bouteilles plastiques.
Pour le moment, les gens vont les collecter et les mettre dans des endroits précis pour les vendre à notre société, renchérit-il. Elle compte même commencer lesdites activités dans tout le pays. Actuellement, des points de vente sont ouverts à Ngozi et à Gitega.
Le marché d’écoulement n’est pas un souci
Il fait savoir que le marché d’écoulement de ces déchets ne pose plus problème. Déjà, il ne parvient même plus à satisfaire le marché local. «Je parviens à vendre seulement plus de 6 tonnes de ces bouteilles plastiques par jour à la société NV Holding au moment où elle me demande plus de 20 tonnes par jour», déplore-t-il.
Des défis existent malgré quelques avancées
Malgré ces avancées, il fait savoir que Nezerwa Investment Group est confronté à certains défis tels que le manque d’électricité. La fois dernière, nous avons passé presqu’un mois sans énergie pour compresser nos déchets plastiques, s’inquiète-t-il.
A cela s’ajoute le transport. Il explique que son camion qui transportait les déchets ces derniers jours a été immobilisé en Tanzanie pendant 25 jours malgré qu’il avait tous les documents exigés. Pour la deuxième fois, il a été immobilisé pendant 15 jours dans ce même pays.
La raison est que les responsables de ce pays ne veulent pas qu’on transite dans ce pays. Il précise que cela lui cause une grande perte car, en plus du temps perdu, s’ajoute le paiement des frais de stationnement d’un million de FBu par jour.
Quid de sa requête ?
Bucumi demande donc au gouvernement du Burundi d’échanger avec celui de la Tanzanie pour relever ce défi. Il demande également au gouvernement et à ses partenaires de l’appuyer financièrement et matériellement pour qu’il puisse mener à bon port le travail de protection du lac Tanganyika contre les déchets plastiques, car cela demande beaucoup de moyens.
A titre illustratif, il fait remarquer que la société Nezerwa Investment Group paie 200 FBu par kg à celui qui lui fournit ces déchets. Et d’ajouter que la société a aussi besoin d’un bateau, des bottines et des gants pour parvenir à collecter les déchets plastiques qui sont dans les eaux de grands affluents du lac Tanganyika comme la rivière Rusizi.
Son personnel jubile
En plus de sa contribution à la protection du lac Tanganyika contre la pollution par les déchets plastiques, le personnel de cette société se réjouit du fait qu’il parvient à contribuer à l’amélioration des conditions de vie de leurs familles grâce aux revenus qu’il bénéficie de la société Nezerwa Investment Group.
C’est à titre d’exemple Mr Eddy Ntimpirangeza rencontré sur le site Kinyankonge‐Tanganyika juste à quelques mètres de la société Savonor. «Le travail de la collecte des déchets plastiques destinés à la société Nezerwa Investment Group est mon quotidien. Ma famille dépend de ce dernier. C’est donc une activité noble pour moi. On peut même me payer 150 000 FBu sur deux jours. Ça dépend de la situation météorologique du jour. S’il pleut, la quantité de ces déchets plastiques dans les rivières augmente et le pain gagné est conséquent», fustige-t-il.
Le personnel de cette société se réjouit du fait qu’il parvient à contribuer à l’amélioration des conditions de vie de leurs familles grâce aux revenus qu’il bénéficie de la société Nezerwa Investment Group.
Il parvient actuellement à envoyer ses enfants à l’école. Et d’ajouter l’achat de quelques animaux domestiques.
Odile Kwizerimana rencontrée au siège de cette société abonde dans le même sens. Elle est ravie du fait qu’elle parvient à aider sa famille grâce à l’argent qu’elle tire de la collecte des déchets plastiques. Pour le moment, s’approvisionner en produits de beauté ou en habits n’est pas un problème. Elle compte même initier sa propre activité génératrice de revenus grâce aux revenus qu’elle tire de ladite société.
Ces collecteurs de déchets plastiques conseillent à ceux qui n’ont pas d’emplois de se lancer dans la collecte des déchets plastiques pour les vendre et gagner de l’argent dans ce sens au lieu d’être des proies faciles des ligalas, où la majorité des jeunes a été victime de pas mal de mauvaises attitudes comme la consommation des stupéfiants, la prostitution, etc.
«Il n’y a pas de sot métier »
Pour eux, il n’y a pas de sot métier, pourvu qu’il rapporte. Ils précisent qu’ils sont estimés à 40 employés dont des femmes et des hommes qui prestent à ladite société. Et à Buterere, ils affirment que la société Nezerwa Investment Group collabore avec plus de 800 ménages regroupés dans plus de 15 groupes dans l’objectif d’inciter les gens à collecter les déchets plastiques.
Dr Pierre Ntakiyiruta, professeur à l’Université du Burundi dans le département de Chimie encourage la société Nezerwa Investment Group à redoubler d’efforts dans la collecte des déchets plastiques partout où ils se trouvent, car ces déchets occasionnent des conséquences graves non seulement sur l’homme, l’environnement et la couche d’ozone.
Dr Pierre Ntakiyiruta, professeur à l’Université du Burundi dans le département de Chimieꓽ « les déchets plastiques occasionnent des conséquences graves non seulement sur l’homme, l’environnement et la couche d’ozone ».
Si les poissons consomment les microplastiques et que par après l’homme les ingurgite, il indique qu’il peut être attaqué par certaines maladies comme le cancer. C’est de même lorsque l’homme consomme des cultures se trouvant là où il y a des déchets plastiques pendant une longue période.
Si on brûle ces déchets plastiques, il ajoute qu’il y a dégagement des produits organo-chlorés et phosphorés riches en gaz à effet de serre qui détruisent la couche d’ozone et bonjour le réchauffement climatique.
Les déchets plastiques, un danger pour la reproduction chez les poissons
De plus, les déchets plastiques trouvés à l’embouchure du lac Tanganyika constituent une grande menace à la reproduction chez les poissons, car ces animaux pondent des œufs sur les rives du lac dudit lac.
Cet expert demande à la population de procéder à la stratégie 3R, c’est ‐à‐ dire la Réduction, le Réemploi et le Recyclage de ces plastiques pour mieux les gérer. Il informe qu’on peut produire pas mal de produits à travers les déchets plastiques. Il cite les briques et les pavés.
D’autres déchets visés par Nezerwa Investiment Group
La société Nezerwa Investment Group ne collecte pas seulement les déchets plastiques. Il collecte aussi les déchets sachets, cartons, sacs et papiers. Selon Bucumi, ces derniers sont écoulés dans les pays comme la Tanzanie, le Kenya et l’Ouganda. On en fabrique de nouveaux produits en plastique, de nouveaux sacs, de nouveaux cartons et de papiers hygiéniques. Même les déchets provenant des étiquettes des produits Brarudi sont collectés par cette société pour être valorisés. Et depuis que cette société est à l’œuvre il y a déjà 3 ans, plus de 5000 tonnes de toutes ces sortes de déchets ont été collectés et vendus localement et à l’étranger.
La société Nezerwa Investment Group ne collecte pas seulement les déchets plastiques. Il collecte aussi les déchets sachets, cartons, sacs et papiers.
Mkongwe, un des clients rencontrés à la société Nezerwa Investment Group et de nationalité Tanzanienne ajoute qu’on fabrique même des tuyaux conducteurs de l’eau, des fils conducteurs pour l’électricité, etc à partir des déchets sachets.
Signalons que le ministre en charge de l’Environnement Prosper Dodiko se réjouit des efforts que les sociétés de collecte et de recyclage des déchets plastiques sont en train de fournir dans la lutte contre ces déchets en les valorisant. Pour le moment, il s’observe que ces derniers ne sont plus un défi mais plutôt une opportunité.