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La ZLEC : Un futur marché commun prospère à l’horizon ?

Les pays membres de l’Union Africaine (UA) ont lancé symboliquement dimanche 7 juillet 2019 à Niamey, capitale du Niger, la « phase opérationnelle » de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC), qui doit constituer un pas vers la « paix et la prospérité en Afrique » et devenir « le plus grand espace commercial au monde ». Relancé par Alpha Condé, président de la Guinée Conakry, ce vieux projet est l’un des étendards de l’agenda 2063 de l’Union Africaine et était en discussion depuis 2012

« Un rêve, un vieux rêve se réalise. Envisagé dès le sommet inaugural de l’OUA en mai 1963, la Zone de Libre Echange Continentale Africaine que nous lançons aujourd’hui est l’un des projets les plus emblématiques de l’Agenda africain. Les Pères Fondateurs doivent en être certainement fiers. Kwame Nkrumah, Gamal Abdel Nasser, Haile Selassie, Hamani Diori et les autres doivent se dire enfin », s’est félicité le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’UA lors du 12ème sommet extraordinaire de l’UA pour le lancement de la phase opérationnelle de la ZLEC.

Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’UA : « Un vieux rêve se réalise… Les Pères Fondateurs doivent en être certainement fiers »

Adopté et ouvert à la signature le 21 mars 2018 à Kigali, l’accord sur la ZLEC a connu à sa naissance 44 signatures. Après une année, le nombre de signataires est passé à 52 et, avec la signature du Benin et du Nigeria, les pays signataires passent à 54 (la presque totalité des membres de l’UA) et 27 ratifications ont été déposées. Entré en vigueur le 30 mai 2019, la ZLEC devient ainsi le plus grand espace d’échange commercial au monde. L’Afrique, avec une population estimée à 1,27 milliard de personnes, devrait atteindre 1,7 milliard d’ici à 2030 et 2,5 milliards de personnes d’ici à 2050, soit 26 % de la population mondiale en âge de travailler, et près de 70% de de cette population a moins de 30 ans et plus de la moitié est constituée de femmes. La croissance de l’économie africaine devrait être deux fois plus rapide que celle du monde développé. L’Afrique est le deuxième continent le plus grand et le deuxième plus peuplé du monde.

L’ouverture du marché africain au profil des Africains, le socle de la ZLEC

Plus qu’une zone de libre-échange, la ZLEC aspire à être un des outils par excellence pour la réalisation de l’intégration en droite ligne des objectifs du Traité d’Abuja et des aspirations de l’Agenda 2063. «L’optimisation de ces effets positifs ne sera obtenue que si les protocoles déjà signés sur la libéralisation du commerce des marchandises, des services et sur le règlement des différends sont accompagnés d’accords, actuellement en cours de négociation, sur les investissements, la concurrence et la propriété intellectuelle », a souligné à ouverture du sommet l’hôte nigérien, le président Mahamadou Issoufou, un des plus ardents promoteurs de la zone. Quant à Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’UA, la ZLEC ne pourra être effective que s’il y a ouverture des frontières aux africains. « Je voudrais mettre l’accent sur l’impérieuse nécessité de ratifier le Protocole sur la libre circulation qui est une condition indispensable à la liberté du commerce », a-t-il précisé. La ZLEC sera dès son lancement soutenue par des règles d’origine bien définies, des listes de concessions tarifaires dans le commerce des biens, d’un mécanisme en ligne de surveillance et d’élimination des barrières non tarifaires continentales, d’une plateforme panafricaine de paiements et de règlements numériques, d’une application pour les entreprises, ainsi que d’un portail de l’Observatoire Africain du Commerce (OAC).

Le commerce doit rimer avec la libre circulation des personnes

« Il est en effet paradoxal et inexplicable que les Africains se sentent, encore aujourd’hui, étrangers chez eux, subissent un régime de visas moins favorable par rapport aux autres citoyens du monde, comme cela apparait dans certains de nos États », a déploré M. Moussa FAki Mahamat. Les États membres de l’UA doivent commencer à vulgariser la distribution du passeport panafricain qui est un merveilleux outil pour la promotion de l’identité africaine. L’autre prérequis de l’intégration commerciale est la construction des infrastructures qui permettront l’interconnexion des pays et des régions (routes, chemin de fer, ponts, aéroports, énergie, télécommunication). 

Augmenter les exportations inter-africaines pour réussir le pari de la ZLEC

«Nous avons le droit de nous féliciter de cette grande réalisation», a lancé l’égyptien Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l’UA, tout en rappelant que « les efforts restent importants pour la mettre en œuvre et permettre l’augmentation des échanges inter-africains, le développement de nos industries et l’amélioration de nos infrastructures. Et tout cela pour lr bon fonctionnement de l’accord », a-t-il précisé. Le marché devrait être actif à partir du 1er juillet 2020. « Il faut donner un calendrier pour que tout le monde puisse jouer son rôle dans la préparation du marché (unique) », a expliqué Albert Muchanga, commissaire au Commerce et à l’Industrie de l’UA. 

Lors de la cérémonie d’ouverture du sommet, la Banque africaine d’exportation et d’importation (Afreximbank) a annoncé qu’elle financerait la ZLEC à hauteur de 25 milliards de dollars. Le sommet doit en effet arrêter les statuts et les cadrages budgétaires et de financement du secrétariat général. Ce dernier siègera à Accra, capitale du Ghana.

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