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Lac Rweru : le respect de la zone tampon porte des fruits

Une zone tampon délimitant les exploitations agricoles et le littoral du lac Rweru sur une distance de 50 mètres a été établie dans le cadre de la protection de l’environnement et de ce lac. Aucune activité ne s’y déroule. Pas de champs de cultures. Des herbes fixatrices et fourragères ont été plantées tout au long du littoral. C’était dans le but d’augmenter la productivité piscicole du lac Rweru dans la province de Kirundo. Un pari gagné

Le lac Rweru est un des lacs de Kirundo sur lequel l’activité de pêche est avancée. Plusieurs tonnes de poissons sont pêchées chaque année. La pêche rapport à la commune Busoni des millions de FBu en recettes fiscales. Dans les prévisions budgétaires, la commune compte encaisser 100 millions de FBu à partir de la pêche au cours de cette année. Des commerçants investisseurs en tirent énormément profits. Les pêcheurs et l’administration affirment que le rendement du la lac Rweru a augmenté grâce au projet de la protection de l’environnement.

Anatole Bizohwaya est chef de débarquement de Nyagisozi, l’un de huit débarquements se trouvant sur le lac Rweru. Il indique que dans le cadre de la protection de ce lac et les animaux qui y vivent, une zone tempo de 50 mètres a été établie sur le Lac Rweru, par l’administration. Et cela depuis 2015. Selon lui, aucune activité champêtre ne se déroule dans cette zone. Le jet des déchets ménagers est également combattu. Sur les rives du lac, la population est interdite d’y laver les habits et le matériel ménager.

Une lutte acharnée contre la pêche illicite

Emile Mvuyekure, pêcheur sur le lac Rweru indique que des outils non reconnus ont été combattus. « Actuellement, pour pêcher nous recourons à des techniques légales reconnues par l’administration. Des pièges que nous utilisons sont en provenance de l’Ouganda. Selon lui, un piège s’achète à 15 mille de francs burundais.

Parmi les tâches du chef de débarquement de Nyagisozi, veiller à l’utilisation des techniques de pêche légales. Pour M. Bizohwanya, dans le temps, les pêcheurs utilisaient des outils  rudimentaires. Chacun pêchait comme il voulait. « Actuellement, à chaque débarquement il y des chefs des pêcheurs. Une de leurs missions est de veiller à ce que les pêcheurs respectent les règles de pêche. Nous contrôlons qu’ils n’utilisent pas du matériel prohibé lors de la pêche comme des moustiquaires ou des filets maillants », précise-t-il.

Le projet de la protection du lac Rweru produit des résultats escomptés. La quantité et la qualité de poissons sont en nette augmentation.

Celui qui enfreint les règles est vite dénoncé aux autorités. La pêche sur les rives du lac Rweru est strictement interdite. C’est un espace réservé à la reproduction des poissons (zone de frayère). Les poissons ne se reproduisent pas au milieu du lac. Ils viennent pondre des œufs au niveau du littoral là où il y a la faune et la flore. « Nous luttons également le déboisement », relate M. Bizohwanya.

La protection du lac Rweru, un projet au rendement indéniable

Albert Hatungimana, gouverneur Kirundo indique que le projet de la protection des lacs, surtout le lac Rweru a produit des résultats escomptés. Auparavant la population cultivait jusqu’au bord du lac. Ce projet a permis la délimitation de la zone tampon. Une ceinture verte a été établie dans les 50 m à partir tel que défini par la loi.  Par conséquent, la quantité et la qualité de poissons sont en nette augmentation. « Actuellement on peut trouver un poisson qui pèse plus de 30 à 50 kilos. Nous sommes en train de protéger d’autres lacs ».

Sur le plan écologique, l’impact de ce projet est perceptible. Selon Albert Hatungimana, gouverneur de la province de la province Kirundo, depuis la mise en place du projet de la protection de l’environnement, les hippopotames sont de retour sur le lac Rweru. « On dénombre actuellement plus de 50 pachydermes. Ils trouvent facilement du pâturage  grâce à la zone tempo de 50 m qui sépare le littoral du lac Rweru et les exploitations agricoles ». Il précise qu’auparavant, les hippopotames détruisaient les champs de la population riveraine.

Le bois de fumage de poissons, un défi de taille pour l’environnement

La commune Busoni fait face à un défi environnemental de taille. La grande quantité de poissons se vend à Bujumbura. Une grande partie transite au marché Bujumbura City Market dit chez Sion avant d’être exporté en RDC. Suite au manque d’électricité qui pourrait bien aider dans la congélation des poissons après la pêche, les commerçants-pêcheurs recourent à la technique de fumage. Les poissons sont découpés puis étaler au-dessus des fours en bois. Cette technique permet de sécher le poisson très rapidement. Ce qui facilite le transport des poissons a l’état sec. Et pour le fumage, ils utilisent le bois. Une grande quantité d’ailleurs. Chaque jour de nombreux arbres sont coupés. Ce qui accroit la pression sur les ressources naturelles d’autant plus que la région de Bugesera est sous la menace de la désertification. Le fumage du poisson encourage  le déboisement à grande échelle.

Albert Hatungimana explique que le fumage des poissons est énergétivore. « Les bois utilises pour sécher le poisson sont coupés sur les collines. Une personne qui fait le fumage peut utiliser 10 stères par semaine. Vous comprendrez que 20 personnes utilisent une quantité énorme de bois », alerte-t-il. Selon lui, actuellement les commerçants n’hésitent pas à couper les arbres fruitiers pour fumer le poisson. C’est un grand défi que nous rencontrons. Le gouverneur encourage l’utilisation des foyers améliorés pour tous les commerçants des poissons. Nous demandons à ce qu’ils soient d’opter des foyers améliorés qui peuvent utiliser de l’énergie renouvelable tel que le solaire. Cela va estomper le rythme de déboisement.

Les déchets de la rivière Nyabarongo menacent le lac Rweru

Selon les pêcheurs, la rivière  Nyabarongo du Rwanda déverse des déchets dans le lac Rweru. Le lac change de couleur et l’eau devient rougeâtre. Cela constitue un défi parce que ces eaux rougeâtres polluent le lac Rweru. Le gouverneur de Kirundo fait savoir qu’il est au courant de ce phénomène. La question a été soumise aux autorités compétentes. « Les deux pays pourraient s’entendre pour bloquer ces déchets qui se déversent dans le lac ». La rivière Nyabarongo de la cote Rwandaise constitue la principale source de pollution du lac Rweru.

En milieu du Rweru se trouve une île appelée Kuruyoka. Cette dernière compte environ 172 personnes réparties en 45 ménages, selon le gouverneur de Kirundo.  Cet ilot constitue une préoccupation de l’administration suite à la montée des eaux du lac Rweru. Le risque d’inondation au niveau des ménages est imminent. La solution durable serait de les déménager vers d’autres zones non inondables, propose le gouverneur Hatungimana.

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