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L’accès des femmes aux services financiers reste encore faible

Le RIM déplore que l’accès des femmes aux produits et services financiers soit faible. Les statistiques  collectées en 2022 montrent que les montants des crédits accordés aux femmes en 2022 représentent seulement 28%. Les femmes leaders demandent de redoubler d’efforts pour améliorer cette situation

Marie Louise Nsabiyumva, directrice générale de la Caisse Coopérative d’Epargne et de Crédit Mutuel (CECM) : «Je m’inquiète du fait que le constat est que le taux des femmes qui en bénéficient reste faible».

    

« L’accès des femmes aux produits et services financiers reste une problématique. Les statistiques par rapport aux hommes restent minimes. Les indicateurs collectés par le réseau des institutions de microfinance (RIM) en 2022 montrent que les montants de crédits accordés aux femmes en 2022 représentent seulement 28% par rapport aux hommes», fait remarquer le président du comité exécutif du RIM  vendredi le 28 octobre 2022 lors de la célébration de la journée internationale de l’épargne sous le thème : « Le leadership féminin en microfinance pour améliorer le niveau de l’inclusion financière de la femme burundaise». Et d’ajouter que s’agissant des clients  des IMFs, les femmes représentent 47%. 

Marie Louise Nsabiyumva, directrice générale de la Caisse Coopérative d’Epargne et de Crédit Mutuel «CECM»  indique que dans beaucoup de pays et surtout dans les pays en voie de développement l’accès aux produits et services financiers et non financiers reste faible pour les pauvres en général et les femmes en particulier.  Ce qui a un impact négatif sur les revenus et la sécurité des ménages, poursuit-elle. Au Burundi, elle fait savoir que presque tous les produits et services financiers sont offerts aux femmes, sauf ceux qui exigent des montants colossaux remboursables sur de longues durées. 

Pourtant, Nsabiyumva s’inquiète du fait que le constat est que le taux des femmes qui en bénéficient reste faible malgré les efforts déployés par la plupart des femmes leaders en microfinance, les partenaires techniques et financiers et l’Etat.

Etat des lieux de l’accès aux produits et services financiers par les femmes pour les cinq IMFs par rapport à toutes les IMFs

Pour les cinq IMFs par rapport à 39 IMFs

Pour les cinq IMFs par rapport à39 IMFs

Pour les cinq IMFs par rapport à 40 IMFs

Exercice

2019

2020

2021

Nombre de clients 

42,90%

38%

34,97%

Nombre d’emprunteurs

58%

33,09%

30,36%

Montant des dépôts

70,80%

23,09%

33,46%

Montant des crédits              déboursés au 31/12 

59,80%

34,93%

40,78%

Nombre d’employés

36,60%

37,30%

37,61%

Certaines IMFs ont pris le devant

Selon elle, les produits qu’elles reçoivent souvent sont entre autres le crédit agricole, le crédit commercial, le crédit petit équipement et les  groupes de solidarité communautaire «VSLA». Et pour essayer d’augmenter leur niveau d’inclusion financière, Nsabiyumva fait remarquer que certaines IMFs ont pris le devant en  mettant en place d’autres produits spécifiques aux femmes. 

Ce sont entre autres le crédit automobile, le crédit Mukenyezi urisanze, le crédit Kaze kibondo (pour la maternité et l’accueil du nouveau né), le crédit Cana rumwe (On utilise une sorte de brasier un peu spécial qui nécessite peu de charbon de bois pour la protection de l’environnement), le crédit 3 femmes, le crédit automatique et le crédit Umuco (pour la promotion de l’utilisation des énergies renouvelables). 

Et par rapport aux IMFs, les statistiques montrent que cinq IMFs se distinguent des autres dans la promotion de l’inclusion financière de la femme comme l’indique le tableau  suivant. 

C’est le même son de cloche pour Euphrasie Bigirimina, ancienne ministre dans le gouvernement du Burundi. Elle déplore le faible niveau de l’accès des femmes aux produits et services financiers  malgré leur importante contribution à l’économie des ménages en général et du pays en particulier.  

Pourquoi financer les femmes ?

Selon Bigirimana, il est important de financer les femmes, car les études qui ont été réalisées par le Curdes et la Banque Mondiale montrent que si la femme n’a pas accès aux services financiers, le développement du pays n’est pas possible. Il a été prouvé que la réduction de la pauvreté est liée à l’inclusion financière de la femme, car les femmes constituent le pilier de l’économie.  Elles investissent jusqu’à plus de 80% de leurs revenus dans l’éducation, la santé, l’habillement  et l’alimentation de leurs ménages. Pour toutes ces raisons, Bigirimana précise que financer les femmes est une nécessité.  Elle s’inquiète du fait que dans les milieux ruraux, la plupart des jeunes filles qui terminent leurs études finissent pas se marier avec des hommes qui ne disposent pas d’un certain niveau d’études.  Elle cite à titre illustratif les motards, car ils disposent de moyens financiers.  

Selon Bigirimana, ce ne sont pas des maris de leur choix. Seulement, les conditions financières leur exigent de se comporter de cette manière. Pourtant, selon elle, c’est une situation amère, car ces jeunes filles ne se sentent pas à l’aise étant donne qu’elles ne peuvent pas échanger avec leurs maris en d’autres langues comme le français ou l’anglais du fait que ce sont des illettrés.

Notons que les cérémonies marquant la journée internationale de l’épargne ont été organisées par le RIM en partenariat avec la German Sparkassenstiffung Eastern Africa (DSIK).

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