Depuis quelques semaines, la haine des étrangers refait surface dans la patrie de Tchaka et de Nelson Mandela. Les dégâts sont énormes : Douze personnes déjà tuées, de nombreux blessés et des commerces brûlés, pillés ou vandalisés. Certains pays ont déjà décidé de rapatrier leurs ressortissants alors que d’autres observent à la loupe ce qui se passe dans la nation de l’arc-en-ciel
C’est du Nigéria que sont venues les réactions les plus vives face à la montée de la xénophobie en Afrique du Sud. En réponse aux violences faites aux immigrés, les Nigérians ont d’abord voulu appliquer la loi du talion, œil pour œil, dent pour dent. En représailles, quelques magasins de l’entreprise de télécommunication sud-africaine MTN ont fait les frais du courroux des Nigérians. Certains ont été incendiés, d’autres saccagés. L’ambassadeur nigérian en Afrique du Sud a été rappelé. Les autorités sud-africaines ont même été obligées de fermer leur ambassade à Abuja et leur consulat à Lagos pour éviter les dérapages.
Ce mercredi, plus de 300 Nigérians devaient être rapatriés sur un total de 600 qui ont déjà exprimé leur volonté de quitter l’Afrique du Sud. Dans la foulée, les Président nigérian et congolais ont boycotté le Forum économique mondial qui s’est déroulé en Afrique du Sud ce 04 septembre 2019 en guise de protestation. Les autres pays ayant de nombreux ressortissants dans ce pays, notamment le Zimbabwe, le Mozambique, la Zambie, etc. ont aussi exprimé leur mécontentement.
Mandela doit se retourner dans sa tombe
A l’origine de cette folie meurtrière, les Sud-Africains accusent principalement les migrants africains de leur voler du travail. Cela a dégénéré quand les habitants de Johannesburg et d’autres villes s’en sont pris aux camionneurs et ont brulé leurs engins. Des scènes de violence d’une brutalité inouïe ont fait le tour du monde, montrant des noirs en furie tabassés à mort d’autres noirs. Ce bon vieux Mandela qui avait rêvé d’une nation arc-en-ciel où les gens, dans leur diversité raciale et ethnique vivraient dans la paix et l’harmonie doit se retourner dans sa tombe. A quoi servent les grands projets de développement du continent comme le NEPAD et la ZLEC si les africains continuent à se massacrer entre eux ?
Comment comprendre ce déferlement de haine contre les étrangers?
Les estimations indiquent que l’Afrique du Sud abrite entre 2 et 3,5 millions d’immigrés sur une population avoisinant 56 millions d’habitants, dont plus ou moins 100 mille Nigérians. Le pays attire la convoitise des candidats à l’immigration parce qu’il est le plus développé du continent. Les Africains s’y ruent avec l’espoir d’y trouver une vie meilleure. Ce n’est pas la première fois qu’un courant de xénophobie souffle sur la patrie de Desmond Tutu. Selon le site la chaine de télévision TV5 Monde, l’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes nourries par le fort taux de chômage (29 %) et la pauvreté. En 2015, sept personnes avaient été tuées au cours des pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban. En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait 62 morts.
Le Burundi doit-il s’inquiéter de ce qui se passe en Afrique du Sud ?
Mille fois oui. Il y a beaucoup de jeunes Burundais qui partent au pays des Zoulous pour tenter leur chance. Nzungu est un jeune homme originaire de la 7ème transversale de la commune Rugombo en province de Cibitoke. Ça fait plus de trois ans qu’il est parti ‘’chez les Saouza’’. Depuis, il s’est installé dans la ville de Cap Town où il vit de petits boulots. Depuis l’éclatement de la violence, sa famille n’a plus de ses nouvelles. Cette dernière espère que tout va bien, car il lui arrivait de passer plusieurs jours sans donner signe de vie parce qu’on lui avait subtilisé son téléphone ou que les liaisons avec l’Afrique du Sud étaient mauvaises. Aucun cas de Burundais violenté n’a encore été signalé. La représentation du Burundi en Afrique du Sud devrait rester en éveil pour que si la situation tourne au grabuge, elle puisse aider nos compatriotes à rentrer au bercail.