Les activités agricoles ont un impact négatif sur l’environnement. C’est pourquoi, les pays avancés investissent dans la promotion de l’agriculture biologique. Le Burundi est en laisse en matière de promotion des produits bio, la principale raison étant l’insécurité alimentaire qui persiste
L’utilisation des engrais connait une croissance rapide. Grâce au Programme National de Subvention des Engrais chimiques au Burundi (PNSEB), le volume des engrais minéraux est passé 7 000 tonnes à 50 000 tonnes entre 2012 et 2017. Pourtant, l’application des engrais chimiques est de loin inférieure à la moyenne des pays qui pratiquent l’agriculture intensive. « L’apport en éléments nutritifs est de 6 kg par hectare alors que la moyenne africaine est de 8 kg par ha sur le continent et 500 kg à l’hectare dans les pays industrialisés », fait savoir Prosper Dodiko, directeur de la fertilisation des sols au ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage.
Certes, les engrais chimiques propulsent la production des cultures vivrières, mais les scientifiques préviennent contre les risques liés à leur utilisation intensive. Ces derniers altèrent le sol et provoquent l’acidité des sols et dégradent l’environnement. D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), l’application excessive des engrais chimiques est à l’origine de l’acidification du sol. L’amendement des sols à l’aide de la fumure organique est recommandé pour réduire l’impact des engrais chimiques.
Quid de l’agriculture biologique au Burundi ?
L’agriculture biologique est dans sa phase embryonnaire au Burundi. La promotion des produits bio fait face à de nombreuses contraintes. La démographie galopante affecte la balance nutritive des sols. Suite à la pression démographique sur les terres arables, le pays connait une balance nutritive déficitaire. Le sol n’a plus d’éléments nutritifs suffisants, en conséquence la productivité chute. Dans ce cas, on est dans l’obligation d’apporter des éléments supplémentaires. Or, l’agriculture biologique exclut le recours aux engrais chimiques. Cette pratique peut ne pas s’accommoder au Burundi au regard de l’état nutritif des sols et de la pression démographique.
Des initiatives pour promouvoir l’agriculture bio
Pourtant, il y a des initiatives dans chaque province du pays qui vont dans le sens de promouvoir l’agriculture biologique. Ce sont notamment le repeuplement du cheptel pour la production de la fumure organique et l’encadrement des agri-éleveurs sur la production du compost. Dodiko suggère l’introduction progressive de l’agriculture biologique. La priorité étant de nourrir la population, la promotion de l’agriculture biologique devrait aller de pair avec la production des engrais organiques, indique-t-il.
La fabrication des engrais organo-minéraux, un nouveau élan
L’usine de fabrication des engrais chimiques, « Fertilisant Organo-Minereaux Industrie » (FOMI) expérimente un nouveau type d’engrais chimiques. La fabrication locale des engrais organo-minéraux change pratiquement la donne. Normalement, le système de fertilisation des sols recourt à trois types d’engrais chimiques, à savoir : l’urée, le DAP et le KCl. Or, chaque plante dispose d’une formule spécifique de fertilisation en termes de N, P, K. Autrement dit, il est difficile voire impossible de trouver un type d’engrais NPK qui s’adapte à toutes les cultures, explique Dodiko. Le pays importe les trois types d’engrais qui sont mélangés manuellement avant leur utilisation. De plus, les agri-éleveurs ne commandent toujours pas les trois types d’engrais faute de moyens.
L’engrais organo-minéral fabriqué au Burundi combine les trois types d’engrais ci-haut cités. Il s’agit d’un complexe fabriqué à base d’engrais chimiques et organiques. Ce produit comporte également de la matière organique et la dolomie qui apportent des oligo-éléments comme le calcium et le magnésium. L’engrais de l’usine a l’avantage d’apporter les trois éléments majeurs dont la plante a besoin. Les oligo-éléments vont contribuer à la réduction de l’acidité du sol, révèle le directeur de la fertilisation des sols. Il indique que les recherches sont en cours pour tester l’efficacité de ces engrais avant leur duplication à grande échelle.
Les produits bio en nette augmentation
A travers le monde, beaucoup de pays souscrivent à l’agenda de l’agriculture biologique. La consommation mondiale des produits bio implose. Dans la sous-région, les pays comme la Tanzanie, l’Ouganda, …encouragent les agriculteurs à développer davantage l’agriculture biologique. La Tanzanie dispose d’une gamme de produits horticoles certifiés bio. Les fruits et les légumes biologiques (tomate, pastèque, choux, épinard, oignons …) sont vendus dans les épiceries locales, mais l’essentiel de la production est destiné à l’exportation vers les pays de l’UE.
La tendance qui se dessine est que les consommateurs privilégient les produits bio. Par conséquent, les prix fluctuent constamment. Le Burundi a intérêt à rejoindre les autres pays, sinon il aura du mal à conquérir le marché international. D’ailleurs, l’huile d’avocat en provenance du Burundi n’est pas prisée sur le marché international parce qu’elle n’est pas bio. L’agriculture biologique interdit l’utilisation d’engrais et de pesticides chimiques. Au contraire, elle privilégie des pratiques agricoles qui protègent l’environnement, le sol et la santé des consommateurs. Elle encourage notamment la culture intercalaire et l’utilisation du fumier organique.