L’artisanat existe au Burundi depuis plusieurs années. L’histoire de l’industrie artisanale a évolué parallèlement avec celle de la population burundaise, mais à des vitesses nettement différentes. L’artisanat burundais sort peu à peu du rudimentaire
L’artisanat burundais patauge et se plie devant la concurrence régionale et internationale. Pourtant, les raisons de développer ce secteur ne manquent pas. Développée, l’industrie artisanale permettrait au pays de se battre à armes égales avec d’autres pays de la sous-région. D’un côté, le développement de ce secteur constitue l’un des instruments utiles pour le soutien du commerce international. De l’autre, l’artisanat fait découvrir au monde l’identité d’un pays. Malheureusement, il est moins développé au Burundi comparativement aux autres pays de la sous – région et reste quasi absent sur le plan international malgré les avancées actuellement observées au pays.
D’après certains observateurs, les politiques nationales ont toujours négligé le secteur artisanal et l’ont relégué au dernier rang vis-à-vis des autres secteurs socio-économiques. Cela malgré la présence d’innombrables opportunités dont regorge ce secteur. Cette négligence aura comme conséquence une production qui reste modique vis-à-vis de la compétitivité au niveau du commerce régional et international.
L’industrie artisanale reste faible malgré quelques avancées
La commercialisation des œuvres d’art n’est pas développée et est plutôt négligée selon une certaine opinion. Pourtant, les entrepreneurs foncent et tentent de donner à l’art burundais le visage d’un business moderne. Plusieurs points de vente d’œuvres d’art se font remarquer dans différents endroits de la ville de Bujumbura. Même si certains d’entre eux ont une allure de vraies entreprises, d’autres sont médiocres et rudimentaires. Durant des années, on voit les pauvres artisans exposer leurs œuvres au bord de la route au moment où d’autres pratiquent le commerce ambulant. Seulement, très peu de centres travaillent de manière professionnelle. Parmi ceux-ci, le musée national et quelques entreprises privées qui sont en train de s’affirmer malgré les obstacles auxquels ils font face. Ces centres focaux de l’artisanat burundais fabriquent et vendent sur place les objets qu’ils produisent.
L’artisanat burundais patauge et se plie devant la concurrence régionale et internationale.
Le commerce des œuvres d’art n’a pas pu attirer l’attention des politiques de développement. Les commerçants des objets d’art dénoncent une sorte de délaissement, d’absence d’encouragement. “Ils nous ont abandonnés”, déplore Jeanne Keza, une femme détentrice d’un magasin d’objets d’art. Comme ses collègues, elle affirme que la Chambre Sectorielle d’Art et d’Artisanat (CHASAA) qui est une représentation officielle de l’industrie artisanale à la Chambre Fédérale de Commerce et de l’Industrie du Burundi (CFCIB) constitue une certaine démonstration de la bonne volonté des pouvoirs publics dans ce secteur. Elle pense pourtant que l’action de la Chambre Sectorielle d’Art et d’Artisanat reste limitée dans le développement de l’industrie artisanale du Burundi.
L’artisanat burundais fait face à une concurrence régionale
Sur le marché, l’artisanat burundais se heurte à une concurrence régionale. Le commerce des œuvres d’art reste faible et le marché local très limité. Selon les opérateurs dans ce domaine, certains objets d’ornement vendus proviennent des pays limitrophes. Keza nous fait quelques observations sur son secteur d’activité. Elle n’est pas artiste, mais elle s’active dans le commerce des objets d’arts depuis de longues années.
Cette femme déplore le fait que les œuvres d’art fabriquées au Burundi restent concurrencées sur le marché régional et pense plutôt que le style de l’artisanat burundais risque d’être copié par les artisans étrangers. “Rendez-vous au T2000. Les Chinois ont copié le modèle des sandales naguère fabriquées artisanalement par les Kenyans”, s’inquiète-t-elle. T2000 est une vaste galerie chinoise dont l’activité est axée sur la vente des objets d’ornement et de matériel culinaire.
Ces commerçants se lamentent. Pour eux, le projet de mise en place du Palais des Arts n’est plus bénéfique pour les artisans. “Lors de l’exposition des œuvres d’art, ce sont les artisans étrangers qui prennent nos places”, se plaint-elle. Elle indique qu’un artisan est désormais obligé de payer jusqu’à trois cents mille francs burundais pour avoir une petite place où exposer ses marchandises. Cela a pour conséquence que beaucoup de Burundais dont l’activité commerciale dans ce secteur reste moins rentable restent désintéressés et cèdent leurs places aux étrangers.
De toutes les façons, le secteur de l’artisanat devrait attirer l’attention des pouvoirs publics. Il s’agit d’un domaine qui est au cœur même de la nouvelle politique privilégiant le développement des métiers.