La récente circulaire du ministère des Sports et de la Culture dans l’application de la loi sur les droits d’auteurs qui entre en vigueur avec le début du mois de juin a suscité des réactions au sein de la communauté artistique burundaise. Un espoir mitigé et des attentes partagées par tous les artistes qui voient dans cette loi la réponse à plusieurs questions.
Arthur Banshayeko, cinéaste : «Il y a des studios un peu partout dans les quartiers qui diffusent nos oeuvres sans qu’on y gagne quelque chose»
L’office Burundais du Droit d’Auteur et des droits voisins (OBDA) se dit satisfait de la circulaire du ministère des Sports et de la Culture. « Nous sommes là pour aider le ministère à atteindre les objectifs des artistes en ce qui est de l’enregistrement et de la protection des œuvres artistiques», fait savoir Mme Nadine Ndayizeye, directrice de l’OBDA avant d’ajouter que les descentes sur terrain pour rappeler aux artistes surtout aux musiciens d’aller à l’OBDA pour faire enregistrer leurs œuvres, vont bon train. « Plus de 400 œuvres de toutes catégories sont jusqu’ici reconnues et protégées par l’OBDA», indique Mme Ndayizeye.
Pierre Nkurikiye, artiste musicien burundais : «Avec cette nouvelle circulaire, l’OBDA aura le droit de requisitionner les auxiliaires des pouvoirs publics pour plus de rigueur»
Une victoire pour les artistes, mais des mesures d’accompagnement s’avèrent nécessaires
C’est la satisfaction pour les artistes burundais. «Que le ministère des Sports et de la Culture prenne cette décision, c’est une bonne chose. Mais il faut qu’il y ait aussi des mesures d’accompagnement pour qu’enfin l’artiste vive de son œuvre», fait savoir Arthur Banshayeko, cinéaste burundais. Selon lui, l’OBDA doit assumer sa responsabilité dans le suivi des œuvres, car le cinéma burundais en pâtît. « Il y a des studios un peu partout dans les quartiers qui diffusent nos œuvres sans qu’on y gagne quelque chose. A cela s’ajoutent des salles sauvages qui projettent nos films mais sans qu’on encaisse aucun sou», déplore M. Banshayeko
«Mieux vaut tard que jamais»
Pour Pierre Nkurikiye, un artiste musicien burundais, c’est la grande satisfaction même si la loi avait tardé à être mise en application. Il donne l’exemple de la vente illégale de sa chanson «Ndi Imboregwa» qui, depuis plus de deux ans, s’est vendu comme de petits pains dans les studios de Ruvumera à hauteur de 200 Fbu par personne et qu’en moyenne c’était 40 personnes par jour. «Imaginez si je devrais avoir au moins des dividendes sur chaque vente», déplore-t-il avant d’ajouter que les artistes dépensent beaucoup pour arriver à produire leurs œuvres, mais que ce sont malheureusement les tierces personnes qui en bénéficient. « Avec cette nouvelle circulaire, l’OBDA aura le droit de réquisitionner les auxiliaires des pouvoirs publics pour plus de rigueur», précise M.Nkurikiye.
L’Amicale des Musiciens du Burundi se réjouit aussi de cette mesure. Bruno Simbavimbere dit Memba, président de cette association, rassure que les artistes vont bientôt en profiter car depuis 2005 ils se sont battus pour leurs droits.
A la fois satisfaits et sceptiques, les artistes burundais attendent beaucoup de la mise en application de cette loi sur les droits d’auteur pour qu’enfin ils vivent de leur travail.