L’association Ntabariza s’inquiète des effectifs des détenus qui restent élevés dans les lieux de détention malgré pas mal de mesures prises par l’Etat dans l’objectif de les désengorger. Elle recommande aux juges de ne pas toujours mettre en avant l’emprisonnement comme le rappelle souvent le chef de l’Etat
Jean Marie Nshimirimana, président de l’association Ntabariza ꓽ«la plupart des magistrats et des OPJs qui représentent le ministère de la Justice priorisent l’emprisonnement au lieu de penser aux autres formes de sanction, entre autres les travaux d’intérêt public comme le rappelle souvent le Chef de l’Etat»
Mettre les présumés coupables dans les prisons est devenue une habitude, alerte Jean Marie Nshimirimana, président de l’association Ntabariza qui milite pour la protection des droits des prisonniers.
Selon lui, la plupart des magistrats et des OPJs qui représentent le ministère de la Justice priorisent l’emprisonnement au lieu de penser aux autres formes de sanction, entre autres les travaux d’intérêt public comme le rappelle souvent le Chef de l’Etat.
Ils n’écoutent pas avec attention les accusés pour les rétablir dans leurs droits, s’inquiète-t-il. Ils se précipitent souvent pour les garder dans les lieux de détention comme si c’était le seul moyen de les corriger.
Par conséquent, Ntabariza fait savoir que c’est pour cela que les 11 prisons dont dispose le pays sont pleines de détenus. Jusqu’ à maintenant, ils sont estimés à plus de 12 000 pour une capacité d’accueil de plus de 4000 prisonniers. A la prison de Mpimba, il y a plus de 4000 détenus pour une capacité d’accueil de 800. A Ngozi, il y a plus de 1200 détenus pour une capacité d’accueil de 400.
Le nombre de détenus estimé à 12 048 au 31 décembre 2022
Maisons de détention | Capacité d’accueil | Nombre total des prisonniers | Nombre des prévenus | Nombre de condamnés | Dépassement en % |
Ngozi | 650 | 1827 | 665 | 1162 | 281% |
Muyinga | 300 | 523 | 156 | 367 | 174% |
Muramvya | 100 | 765 | 311 | 454 | 755% |
Bubanza | 200 | 524 | 227 | 297 | 262% |
Bururi | 250 | 360 | 239 | 121 | 144% |
Gitega | 400 | 1290 | 611 | 679 | 322% |
Mpimba | 800 | 4369 | 3451 | 918 | 546% |
Rumonge | 800 | 1060 | 332 | 728 | 132% |
Rutana | 330 | 590 | 267 | 323 | |
Ruyigi | 300 | 811 | 337 | 474 | 270% |
Les prisonniers, une grande charge pour l’Etat
Selon Nshimirimana, cela constitue une perte colossale pour le pays. Il explique que c’est l’Etat qui les prend en charge. Ils sont logés, nourris et soignés par l’Etat. Cette année, le budget alloué à la prise en charge des détenus est fixé à 14 milliards 800 millions de FBu contre plus de 7 milliards de FBu l’année passée.
C’est aussi un problème majeur pour les ménages. Les enfants manquent de parents pour un encadrement de proximité. Ils sont délaissés et finissent par être récupérés par la rue.
L’association Ntabariza s’inquiète des effectifs des détenus qui restent élevés dans les lieux de détention malgré pas mal de mesures prises par l’Etat dans l’objectif de les désengorger.
Selon lui, les magistrats et les OPJs qui participent au règlement des conflits devraient savoir que l’emprisonnement n’est pas la seule voie de corriger les accusés. « Celui a qui on a infligé une peine de moins de 5 ans ne devrait pas être mis en prison. Pourtant, on y trouve ceux qui ont été sanctionnés d’une servitude pénale d’une année », déplore-t-il.
Qui sont censés être dans les prisons ?
Nshimirimana précise qu’en principe ceux qui devraient être placés dans les maisons de détention sont les criminels, les auteurs des violences basées sur le genre, les cambrioleurs et d’autres qui sont accusés d’avoir commis de grandes infractions réprimées par la loi.
Selon l’association Ntabariza, les juges devraient savoir que toutes les prisons que compte le pays datent de l’époque coloniale. Elles n’ont pas été rénovées ou agrandies.
Par conséquent, ils sont extrêmement surpeuplés. C’est pour cela que si on ne privilégie pas les travaux d’intérêt général, la situation risque de dégénérer, explique-t-elle.
Nshimirimana se demande pourquoi la plupart des juges ne tiennent pas compte des orientations tracées par le chef de l’Etat. Et d’ajouter que la révision de la politique carcérale est une impérieuse nécessité en vue d’alléger les conditions pénibles dans lesquelles vivent les prisonniers aujourd’hui.
Appel aux magistrats et OPJs
Ntabariza demande alors aux magistrats et OPJs de changer de comportement pour sauvegarder les droits de la population en général et des prisonniers en particulier. C’est dans ce sens que les prisons seront désengorgées, argue-t-elle.
Il leur suggère de suivre d’autres voies juridiques tracées par le chef de l’Etat dans ses différents discours.
Que recommande Ntabariza?
De plus, l’organisation des Etats Généraux de la Justice est une urgence pour mettre sur pied une Justice de qualité pour tous et faire du Burundi un Etat de droit qui attire les investisseurs étrangers.
Ntabariza demande au Président de la République de désigner lui-même les responsables des organes du ministère de la Justice qu’il connait très bien d’amont en aval. Si c’est le parti au pouvoir ou le gouverneur qui propose un procureur à l’Etat, Ntabariza laisse entendre que ce dernier travaille pour rendre honneur à celui qui l’a mandaté.
Avant de désigner un cadre dans les cours et tribunaux ainsi que les parquets du pays, Ntabariza suggère à l’Etat de d’abord connaître qui il est et sa conduite que ce soit là où il a fait ses études, là où il travaille et là où il habite.
A titre illustratif, Nshimirimana pense que les militaires juristes peuvent être efficaces dans les cours et tribunaux. Ils sont disciplinés et peuvent donner de bons rendements.
Ntabariza se réjouit alors que la justice va un jour se relever, car le Chef de l’Etat s’y implique toujours dans l’objectif de faire du Burundi un Etat de droit et de désengorger les prisons.
Notons que les responsables de la direction générale des affaires pénitentiaires confirment cette surpopulation carcérale. Le nombre de prisonniers s’élève à plus de 12 mille, soit un taux de surpopulation carcérale de 283%. Selon ces derniers, la situation se présente ainsi malgré certaines mesures de désengorgement des prisons qui ne cessent d’être prises. Il demande alors que toutes les parties prenantes prennent d’autres dispositions pour inverser la tendance.