Le 05 mai de chaque année, le monde entier célèbre la Journée Mondiale dédiée a l’asthme. Au Burundi cette journée arrive sans que personne ne sache que cette pathologie constitue un problème de santé publique ou pas. Dr Innocent Nkurunziza, médecin-directeur du Programme National Intégré de Lutte contre les Maladies Chroniques non Transmissibles nous fait découvrir cette maladie.
Innocent Nkurunziza, médecin-directeur du Programme National de Lutte contre les Maladies Chroniques non Transmissibles définit l’asthme comme une inflammation chronique des voies respiratoires, notamment des bronches et des bronchioles. Il s’agit d’une maladie qui surgit par des crises pouvant être occasionnelles et qui sont généralement séparées par des périodes de respiration normale et anormale. Il indique que lors d’une crise, les bronches s’enflamment, les muscles qui entourent leurs parois se contractent, empêchant ainsi l’air de circuler jusqu’aux poumons. Selon lui, une crise d’asthme engendre des difficultés à respirer, un essoufflement ainsi qu’une respiration sifflante.
Les causes de cette pathologie
Dr Nkurunziza précise que les causes de l’asthme restent jusqu’à ce jour relativement flou. Il informe néanmoins que les recherches ont permis d’identifier des facteurs génétiques et environnementaux pouvant jouer un rôle dans la survenance de cette pathologie. Il souligne que certains facteurs comme le tabagisme prédisposent à l’asthme. Pour Dr Nkurunziza, une crise d’asthme est caractérisée par la production d’un épais mucus qui va s’accumuler dans les bronches et gêner par la suite la respiration. Dans le même temps les muscles entourant les bronches se contractent et compressent ainsi les bronches (bronchospasme), renforçant ainsi la gêne respiratoire.
Selon Dr Nkurunziza, les personnes asthmatiques présentent une sensibilité élevée des bronches à une ou plusieurs substances. Il signale que ces substances sont des facteurs pouvant déclencher une crise d’asthme ou l’aggraver, mais que ces derniers ne sont pas la cause même de l’asthme. Il peut s’agir d’allergènes aériens (poussière, poils, acariens, pollen), de fumée de tabac, de polluants aériens (irritants, fumée de feu de bois, pollution) .De plus, ajoute Dr Nkurunziza, il peut s’agir aussi d’allergies alimentaires, d’allergies liées à certains médicaments, d’infections des voies respiratoires qui peuvent engendrer une inflammation (rhume, sinusite, bronchite, etc.)
Reconnaître l’asthme
D’après Dr Nkurunziza, les symptômes de l’asthme sont une difficulté à respirer, une respiration sifflante, une sensation d’étouffement ainsi qu’une toux sèche. Chez certaines personnes, l’asthme se manifeste sous la forme d’un « souffle un peu court » qui s’aggrave avec le temps, sans provoquer d’autres manifestations. Souvent, elles ne réalisent donc pas qu’elles sont asthmatiques. « Ce n’est qu’à partir de 50 ou 60 ans que les symptômes s’aggravent brutalement, parfois de manière tragique », fait-il remarquer.
Lorsque la crise s’aggrave, Dr Nkurunziza signale que les symptômes peuvent s’intensifier et peuvent apparaître au grand jour dont des sueurs, une augmentation du rythme cardiaque, une difficulté à parler ou à tousser, de l’anxiété, la confusion et l’agitation, notamment chez les enfants. De plus, une personne asthmatique présente une coloration bleutée des doigts et des lèvres et des troubles de la conscience.
Prévenir l’asthme
Dr Nkurunziza précise que pour prévenir l’asthme, les gens peuvent faire une vaccination ou permettre au corps de s’habituer à l’allergène si bien que même si l’allergène est présent, il n’y aura pas une réaction inflammatoire qui entraine la fermeture des poumons ou des voies respiratoires. Il les conseille également d’éviter d’être en contact avec les substances qui entrainent une crise d’asthme car, explique-t-il, il y a des circonstances qui peuvent entrainer la crise d’asthme dont le stress et les allergies. Une kiné respiratoire constitue aussi une prévention. Pour les personnes qui sont allergiques à l’humidité, on leur conseille de pratiquer la natation. Pour ceux qui sont allergiques à l’air sec on leur conseille d’aller dans le désert soit pour un séjour de trois mois quitte à ce qu’ils s’habituent à plusieurs endroits.
Traiter l’asthme
Dr Nkurunziza certifie qu’il n’existe pas de traitement pour guérir définitivement l’asthme. Étant donné qu’il s’agit d’une maladie chronique, celle-ci peut nécessiter un traitement régulier, même entre les crises. Les médicaments sont en général administrés par voie respiratoire avec des inhalateurs permettant une action rapide, en évitant les effets indésirables.
Ces médicaments peuvent être classés en deux catégories à savoir : le traitement de contrôle ou de fond et les médicaments de crise ou de secours. Il est important de faire la différence entre les deux catégories afin de bien respecter la posologie des traitements préalablement indiqués par le médecin. – Le traitement de fond doit être pris tous les jours même lorsque le patient ne rencontre pas de gêne respiratoire, en cas d’asthme modéré et persistant. Ces médicaments permettent de diminuer l’inflammation des bronches et de réduire la fréquence des crises. Si leur posologie n’est pas respectée, la fréquence et la gravité des crises augmentent ainsi que le besoin de recourir au traitement de crise.
Le traitement de crise ou de secours doit être pris lorsque les symptômes apparaissent. Ils sont aussi désignés par d’autres termes comme bronchodilatateurs à action rapide. Ils ont une action immédiate de soulagement qui consiste à dilater les bronches pour faciliter la respiration, mais ils ne permettent pas de calmer l’inflammation. En cas d’asthme léger et intermittent, le traitement de crise peut être le seul médicament nécessaire. De façon générale, toutes les personnes asthmatiques doivent par précaution toujours avoir sur elles un inhalateur. Pour prévenir les crises, il est également conseillé de limiter l’exposition aux facteurs pouvant les déclencher comme la présence de moisissures, d’animaux, etc.
« Les sinusites n’évoluent pas en asthme »
Au moment où certaines gens pensent que les sinusites évoluent en asthme, Dr Nkurunziza infirme cette hypothèse tout en faisant savoir que les sinusites sont une inflammation des sinus frontaux ou du nez qui n’a pas de rapport avec l’asthme bronchique. Il reconnait pourtant que les sinusites peuvent déclencher une toux ou une pneumopathie si elles ne sont pas traitées.
Signalons que comme pour d’autres maladies chroniques non transmissibles il n’y a de statistiques sur l’asthme.