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L’ATRABU veut prévenir les accidents

L’Association des Transporteurs du Burundi (ATRABU) est très préoccupée par l’accroissement des accidents de roulage. Elle veut en découdre avec cette situation en créant une auto-école et en formant les conducteurs

« Plus de 800 accidents ont été enregistrés au premier semestre de l’année 2018. La situation préoccupe les transporteurs et ceux-ci ne peuvent pas rester les bras croisés », a précisé Bosco Minani, président de l’ATRABU. C’ était lors de l’assemblée générale organisée par cette association le 25 octobre 2018.

Et charles Ntirampeba, secrétaire général de l’ATRABU de compléter: « A part une auto-école que nous envisageons de créer à partir du début de l’année 2019, nous prévoyons faire des descentes chez nos membres et former les chauffeurs en ce qui est du respect du code de la route. Cela pour éviter les accidents ».

Une éducation à la sécurité routière s’impose

« Nous avons besoin de toute une éducation sur le comportement à prendre par les usagers de la route », déclare OPC1 Roger Bankibigwira, commandant de la Police Spéciale de Roulage (PSR). Revenant sur les accidents, il rappelle que 1 720 cas d’accidents ont été enregistrés en 2017 avec 86 personnes mortes et 574 blessées.

Au premier semestre de l’année 2018, OPC1 Bankibigwira informe que 952 accidents ont été enregistrés avec 47 personnes mortes et 468 blessées.

Pour lui alors, les causes principales des accidents de la route sont notamment l’attitude des conducteurs, et l’état des véhicules et des infrastructures routières. Les usagers de la route rappellent que parmi les causes des accidents de la route figurent le comportement de certains administratifs qui ne respectent pas le sens unique, les feux tricolores et sonnent des sirènes d’alarme même s’ils ne sont pas autorisés à le faire.

Le commandant de la PSR reconnait cela et rassure que des mesures pour protéger les usagers de la route sont en train d’être prises

La mortalité sur les routes est particulièrement élevée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire

Les accidents de la route ralentissent la croissance économique du pays

Selon un communiqué de presse de la Banque Mondiale (BM) du 9 janvier 2018, une étude commanditée par cette institution met en lumière les gains importants que génèrerait la diminution des accidents de la route dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. L’étude est intitulée The High Toll of Traffic Injuries: Unacceptable and Preventable. Elle se penche plus particulièrement sur la situation de cinq pays : Chine, Inde, Philippines, Tanzanie et Thaïlande.

D’après cette étude alors, pour les pays qui n’investissent pas dans la prévention des accidents de la route, le manque à gagner s’élèverait entre 7 et 22 % du Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant sur une période de 24 ans. Le prix de l’inaction est extrêmement lourd, avec plus de 1,25 millions de décès chaque année dans le monde, une productivité diminuée et des perspectives de croissance réduites.

La mortalité due à l’insécurité routière frappe davantage les pays à revenu faible et intermédiaire. Ceux-ci concentrent 90 % du nombre total de décès imputables aux accidents de la route. La hausse des revenus dans de nombreux pays en développement a en effet conduit à une motorisation rapide. Celle-ci ne s’est pas accompagnée d’un renforcement adéquat des mesures de gestion et de réglementation en matière de sécurité routière.

La mortalité sur les routes est particulièrement élevée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire : les pays étudiés dans le rapport enregistraient en 2015 un taux de 34 décès pour 100 000 habitants, contre une moyenne de 8 décès pour 100 000 habitants dans les 35 pays de l’OCDE.

En outre, ce sont les actifs (15-64 ans) et, parmi eux, en particulier, les plus jeunes, qui paient le plus lourd tribut aux accidents de la circulation en termes de mortalité et d’invalidité permanente.

La réduction des décès et des traumatismes dus aux accidents augmente le PIB

Comme le met en évidence l’étude ci-haut citée, les accidents de la route ont pour conséquence d’amputer les perspectives de croissance à moyen et long terme parce qu’ils privent la population active d’adultes dans la fleur de l’âge et qu’ils font baisser la productivité du fait des blessures graves occasionnées par ces accidents.

En exploitant les données détaillées sur les décès et les indicateurs économiques de 135 pays (non cités dans le communiqué), l’étude parvient à estimer qu’une réduction de 10 % de la mortalité routière entraîne en moyenne une augmentation de 3,6 % du PIB réel par habitant sur une période de 24 ans.

Plus précisément, à l’horizon 2038, la réduction de moitié des décès et des traumatismes dus aux accidents de la route pourrait accroître le PIB par habitant de 22 % en Thaïlande, de 15 % en Chine, de 14 % en Inde, et de 7 % aux Philippines et en Tanzanie.

Amélioration du bien-être de la population

Outre ces gains au niveau du PIB, les mesures de sécurité routière ont aussi pour effet d’améliorer le bien-être de la population.

L’étude de la Banque Mondiale quantifie ces gains pour les cinq pays analysés en fonction de plusieurs scénarios de réduction des risques. Les bénéfices sociaux, mesurés en dollars de 2005, varient entre 5 000 et 80 000 dollars en Tanzanie et 850 000 et 1, 8 millions de dollars en Thaïlande.

Pour y parvenir, le rapport préconise un certain nombre de mesures, notamment la baisse et le contrôle des limitations de vitesse, la lutte contre l’alcool au volant, la généralisation du port de la ceinture de sécurité en recourant à des sanctions et des campagnes de sensibilisation et l’intégration de l’enjeu de la sécurité routière à toutes les étapes de développement des infrastructures routières (planification, conception, exploitation).

Les sociétés d’assurance pointées du doigt

Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’ATRABU accuse les sociétés d’assurance de trainer les pieds. Pour lui, en cas d’accident, les sociétés d’assurance n’interviennent pas au moment voulu par les transporteurs. Cela afin de jouer le rôle d’indemnisation des victimes qui leur est assigné. Jean-Paul Roux, directeur général de Business Insurance and Reinsurance Company (BIC) rassure que les assurances sont préoccupées par les risques d’accidents routiers.

« Il est vrai que l’image des assurances au Burundi n’est pas bonne. Cependant, les assurances ne sont pas là pour voler les clients. Bien qu’il y ait des conditions pour le dédommagement, les assureurs sont appelés à dédommager », conclut-il.

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