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Le Burundi à la tête de l’OIAC : Une lueur d’espoir pour la filière café ?

La récente nomination du Burundi à la tête de l’OIAC (Organisation Interafricaine de Café) suscite de bons augures pour la filière café, qui fait face à de nombreux défis. Le Sommet Africain du G25 sur le développement du café, ayant conduit le Burundi à la présidence de l’OIAC, projette que d’ici 2035, 50 % de la production de café en Afrique soit torréfiée et commercialisée au-delà des frontières du continent

Le Sommet Africain, qui a réuni les 25 pays producteurs de café membres de l’OIAC, a permis de poser les bases d’une collaboration renforcée pour le développement de la filière café.

 

Le 22 février 2025, à Dar-es-Salaam (Tanzanie), le Burundi a pris la présidence de l’Organisation Interafricaine de Café (OIAC) lors du 3ème Sommet Africain du G25 sur le développement du café, un événement majeur pour l’avenir de la filière café en Afrique. Représenté par Ir Prosper Dodiko, ministre burundais en charge de l’agriculture et nouveau président en exercice de l’OIAC, le pays a joué un rôle clé dans les discussions sur les défis et les opportunités pour le secteur du café en Afrique.

Ce sommet, qui a réuni les 25 pays producteurs de café membres de l’OIAC, a permis de poser les bases d’une collaboration renforcée pour le développement de la filière café. Plusieurs engagements ont été pris pour améliorer la production et la commercialisation du café africain.

Passer de la culture brute au produit fini

Les pays participants ont décidé de renforcer leur soutien à la recherche scientifique et technologique dans le secteur du café. L’objectif est de développer des techniques agricoles innovantes et de favoriser la transformation locale pour ajouter de la valeur au produit, en passant de la culture brute à la création de produits finis de qualité.

Un autre engagement concerne l’investissement dans la transformation du café en Afrique. Les pays producteurs s’engagent à investir dans l’industrialisation et la valorisation du café, avec l’ambition de réduire la dépendance des exportations de café brut et de stimuler l’économie locale.

L’objectif à long terme est de garantir que d’ici 2035, 50 % de la production de café en Afrique soit torréfiée et commercialisée au-delà des frontières du continent. Cette initiative vise à accroître la compétitivité du café africain sur le marché mondial, tout en améliorant les revenus des producteurs.

Les pays se sont aussi engagés à intégrer des outils technologiques modernes tout au long de la chaîne de valeur du café, de la culture à la vente. Cela inclut l’introduction de nouvelles méthodes de récolte, de transformation et de marketing, afin de rendre l’industrie plus moderne et plus efficace.

Des décisions importantes entre le Burundi et la Tanzanie

En marge de ce sommet, Ir Dodiko a eu l’occasion de rencontrer Mme Samia Suluhu, la présidente de la Tanzanie. Le ministre burundais a saisi cette occasion pour partager des échantillons de café produit localement au Burundi, mettant en avant la qualité du café burundais. Lors de cet échange, les deux dirigeants ont discuté des opportunités de renforcer la coopération entre les deux pays dans le secteur du café, notamment à travers des échanges commerciaux accrus.

Le café comme produit stratégique dans l’Agenda 2063 de l’Union Africaine

Lors de ce sommet, une annonce importante a été faite. L’Union Africaine (UA) a récemment adopté le café comme produit stratégique dans le cadre de son Agenda 2063. Cette décision positionne le café comme un moteur clé pour le développement économique de l’Afrique. De plus, l’OIAC a été désignée comme l’agence spécialisée pour coordonner les efforts entre les pays producteurs afin de promouvoir et de soutenir cette industrie à l’échelle du continent.

Le 3ème Sommet Africain du G25 sur le café marque ainsi un tournant décisif dans la collaboration entre les nations africaines pour assurer un avenir prospère à l’industrie caféière du continent, tout en répondant aux défis mondiaux actuels du secteur.

Le café burundais en perpétuelle redynamisation

Le café demeure essentiel à l’économie nationale, générant des devises et des revenus pour les ménages. Toutefois, la production de café vert chute dramatiquement presque chaque année.

Pour remédier à cette situation, des investissements importants sont nécessaires pour revitaliser la chaîne de valeur. Malgré la nationalisation de la filière, des défis persistent entre autres, le désintéressement de la population, faible encadrement des producteurs, opérateurs privés profitant des producteurs, prix bas et effet de cyclicité. En décembre 2023, la production a baissé de 46,1 % en raison de cette cyclicité, entraînant une chute des recettes d’exportation de 45 %.

Le gouvernement poursuit la nationalisation via l’Office pour le Développement du Café (ODECA), créé en 2019, qui a doublé le prix payé aux producteurs, passant de 500 FBu à 1 200 FBu par kilo de café cerise. Pourtant, les producteurs estiment encore ce prix insuffisant par rapport aux coûts. Certains se tournent vers des cultures plus rentables.

Le café burundais est reconnu mondialement pour sa qualité. En 2023, il a remporté la première place à une foire internationale à Boston, et des primes sont attribuées aux producteurs. En 2017, un lot de café de Kibingo, à Kayanza, a été vendu aux enchères pour 115 USD le kilo, avec des primes atteignant 100 FBu par kg pour les producteurs.

Des efforts sont faits pour installer de nouveaux vergers. L’ODECA prévoit de planter 120 hectares de caféiers en 2025 dans la province de Gitega et dans d’autres provinces comme Mwaro, Karusi et Muyinga. Cependant, les récoltes ne seront visibles qu’après 3 à 5 ans.

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