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 Le Burundi classé parmi le top ten des pays les plus corrompus

La corruption reste monnaie courante au Burundi. Il se classe parmi le top ten des pays les plus corrompus sur toute la planète comme l’indique le rapport de l’OAG.   La situation se dresse ainsi malgré la mise en place de différents organes de lutte contre la corruption

Le Burundi se classe parmi le top ten des pays les plus corrompus sur toute la planète comme l’indique le rapport de l’OAG.

Selon l’indice de perception de la corruption 2022 établi par Transparency International, le Burundi se classe 171ème sur 180 pays classés, enregistrant un score de 17 sur 100 et était parmi le top ten des pays les plus corrompus de la planète, lit-on dans le rapport de l’Observatoire de l’Action Gouvernementale (OAG). Il occupe la même place que la Guinée équatoriale, la Corée du Nord, la Lybie et Haïti. Il se classe 47ème sur 49 pays évalués en Afrique subsaharienne et reçoit le troisième score le plus faible. Sur l’ensemble de la période de 2005 à 2022, la corruption au Burundi est massive. Selon ce rapport, cette situation se présente ainsi malgré la mise en place des différents organes de lutte contre la corruption.

Ceci montre que tandis que les politiciens déclarent haut et fort la tolérance zéro de la corruption et que l’enthousiasme pour la réforme existe au moins dans une fraction des militants du parti politique au pouvoir, la volonté politique n’y est pas, explique le rapport de l’OAG.  Ce qui fait que le pays reste parmi les pays les plus corrompus du monde (IPC Transparency International 2022).

Il n’y a pas de statistiques cohérentes sur la corruption

De plus, ledit rapport de l’OAG argue qu’il y a très peu d’informations sur les cas de détournement de biens publics et les efforts déployés par les autorités burundaises pour les récupérer. Il n’existe pas de statistiques cohérentes et régulièrement disponibles en ligne par l’intermédiaire des institutions gouvernementales sauf quelques cas isolés de données globales publiées dans les médias.

Par exemple, en 2017, suite aux décisions de la Cour Anti-corruption dans les affaires de détournement de fonds publics et ordonnant leur restitution à l’État, seulement 357 053 852 FBu (environ 176000 de dollars américains) ont pu être recouvrés en 2019. Le taux de recouvrement pour cette année était donc de 11% en raison de l’inefficacité causée par un cadre juridique lacunaire.

Au cours du premier semestre 2018, les efforts conjoints de la Cour Anti-corruption et du parquet général auraient permis de recouvrer plus de 980 millions de FBu (environ 500 000 de dollars américains), retrace l’OAG.

Selon la Société Civile Burundaise, ce faible taux de recouvrement vient de l’incompétence et des éléments limitrophes du mandat de ces institutions.

Cet observatoire fait remarquer que l’un des rares cas récents de corruption médiatisé concerne quatre individus détenus pour détournement de fonds de la commune de Mugamba dans la province de Bururi depuis mars 2021. Certains d’entre eux ont été pris avec de faux carnets de reçus destinés à la collecte de taxes communales d’une valeur de quatre millions de FBu.

Selon l’autorité communale, l’enquête est en cours afin de dévoiler ce réseau et d’arrêter toutes les personnes impliquées dans ce détournement.  Et d’ajouter qu’un cas similaire s’est présenté en 2020 dans cette commune lorsque l’administrateur et le comptable ont été arrêtés et détenus pour avoir détourné les taxes municipales sur les feuilles de thé vert. Néanmoins, la municipalité n’a pas encore recouvré les fonds.

Dans son rapport 2021 publié lundi le 4 avril 2022, l’Olucome affirme que la corruption est une réalité au Burundi. Elle a travaillé sur 68 dossiers de corruption, de mauvaise gouvernance, de détournement des fonds publics, de mauvaise gestion des entreprises publiques et d’attributions des marchés publics sur 147 cas enregistrés. Selon cette organisation, plus 400 milliards de FBu se trouvent dans les poches des individus au lieu d’être dans les caisses de l’Etat.

Les présumés auteurs cités Gabriel Rufyiri se trouveraient entre autres dans les rangs des serviteurs du peuple burundais au haut niveau. Et les secteurs les plus touchés par la corruption sont les marchés publics, l’administration locale et les entreprises à participation publique 

La corruption a une incidence négative sur la croissance économique

Le rapport de l’OAG montre que la corruption à une incidence négative sur la croissance économique. Il y a des dépenses supplémentaires qui sont directement dirigées dans les mains des corrompus pour enrichissement illicite.

Et de préciser que les causes de la corruption sont en grande partie politiques et culturelles. L’inefficacité des poursuites judiciaires peut l’encourager. Il est frappant de constater qu’elle est plus faible dans les pays à régime démocratique. De même, la corruption est plus élevée dans les pays à faibles revenus.

A titre illustratif, au Burundi, le PIB par habitant est de 186 euros par an. Ce qui est extrêmement minime par rapport au reste du monde. Le pourvoir d’achat est nettement inférieur à la moyenne mondiale et révèle des problèmes socio-économiques massifs. L’indice de perception de la corruption dans le secteur public était de 83 points en 2022 au Burundi.

Quid des recommandations ?

Le Burundi doit de toute urgence mettre en pratique la volonté politique déclarée de lutte contre la corruption et collaborer avec tous les acteurs de la société dans ce processus. Ce qui nécessitera des mesures offensives de lutte contre la corruption.

Pour y arriver, il faut mettre en application l’agenda technique de lutte contre la corruption qui est clair et simple. Il s’agit du renforcement du dispositif légal et règlementaire de lutte contre la corruption, de l’accès à l’information pour les citoyens, de l’indépendance des organes publics de contrôle et de régulation, la dépolitisation de la haute administration, de l’accroissement de la transparence dans les marchés publics et de l’accès à l’emploi public, ainsi que de la réforme du secteur des ressources naturelles.

Et cet agenda technique actuellement incarné par la stratégie de bonne gouvernance doit s’accompagner d’un agenda politique. Les associations de la société civile doivent effectuer des évaluations citoyennes indépendantes, y compris concernant les efforts gouvernementaux de lutte contre la corruption et créer un mouvement de masse autour de ce problème en formant un forum capable de fédérer le secteur privé, le monde rural et l’université.

De leur côté, les partenaires au développement doivent faire de la lutte contre la corruption leur priorité et réévaluer leur engagement en l’absence de progrès dans ce domaine.

Maintenant que cet agenda est devenu une politique publique à travers la stratégie nationale de bonne gouvernance, il revient à la société civile et aux bailleurs de créer les conditions de sa mise en œuvre effective.

 

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