L’économie Burundais traverse une période de turbulences sans précédent au niveau de la mobilité intérieure. La pénurie de carburant est devenue récurrente depuis plus de 5 mois. La revue à la hausse des prix du transport n’a fait que compliquer les choses. Aujourd’hui, la situation est pire. La population de la municipalité de Bujumbura en paie un lourd tribut alors que les déplacements sur de longues distances sont fortement réduits. Reportage
A Bujumbura, la pénurie du carburant donne une nouvelle image à la capitale économique. Nous avons visité certains endroits de la ville de Bujumbura. Nous sommes arrivés au centre-ville à 15heures pile. A cette heure de la journée de mardi le 2 août, des foules de gens attendaient les bus. Les parkings des bus desservant le centre-ville à partir des quartiers Musaga, Kinindo et Kanyosha sont bondés de monde. Des files d’attente se profilent à perte de vue. Deux mini-bus embarquent les passagers. A l’entrée, femmes et hommes se bousculent. Chacun veut avoir sa place à bord de ce véhicule après des heures et des heures d’attente. Parfois, le chauffeur doit sortir pour assurer l’ordre à l’entrée. « C’est trop fatiguant, maison ne peut pas faire autrement pour satisfaire les gens qui habitent des quartiers éloignés du centre-ville comme moi », réplique Agnès Manimpa, une femme enceinte du quartier Kanyosha interrogée sur ce que cette scène lui inspire.
Selon cette dernière, l’attente dépasse parfois 2 heures.
Une mobilité meurtrie
Pour ceux qui doivent effectuer un voyage plus ou moins long, la situation se complique davantage. Les coûts du transport ont plus que doublé dans la plupart des cas. Les exemples illustrent une situation difficile. Pour le trajet Bujumbura -Gitega, on doit payer jusqu’à 25 000 FBu. C’est le même montant entre Bujumbura et Ngozi ou Ngozi et Muyinga. Dans la plupart des cas, les véhicules de transport manquent et les voyageurs sont obligés d’ajourner leur programme. A l’intérieur du pays, la situation est plus que compliquée.
Le petit commerce déstabilisé
Un jeune taximan explique pourquoi on hausse les prix. Pour Moïse N., chacun devait fixer le prix en fonction du coût auquel il s’est approvisionné en carburant. « Imagine si tu achètes un litre d’essence à 10 000 FBu. Comment pourrais-tu gagner ton versement si tu ne revois pas à la hausse le ticket de transport », explique-t-il un peu vexé. Le carburant n’a plus de prix connu. Selon ce chauffeur, il y a même des propriétaires de stations-services qui versent dans la spéculation. Pour lui, la situation dépasse l’entendement. « Nous ne sommes pas à l’origine de cette hausse », fait-il remarquer tout en rappelant qu’on ne peut pas faire autrement si on s’est approvisionné au marché noir. Il affirme plutôt que le risque de perdre l’emploi s’accentue pour certains de ses collègues. Tout de même, cette situation crée la tension sur le marché local. En effet, la pénurie et la cherté du carburant influent indirectement sur les prix pratiqués sur le marché.
Quid des solutions ?
La pénurie du carburant devient récurrente. Cependant, les solutions concrètes se font toujours attendre. Dans son intervention lors du journal diffusé en synergie des médias du 4 août 2022, Aloys Baricako, président du parti RANAC conseille au gouvernement de développer le transport maritime et de donner la priorité aux importations plus utiles pour l’économie nationale.
Pour Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, il faut que le gouvernement utilise les moyens à sa disposition pour lutter contre la fraude. « Pourquoi les stations-services sont à sec alors que le marché noir regorge de carburant », interroge-t-il. Il rappelle également qu’il faut bien gérer les devises, assurer leur rapatriement dans la transparence et donner une place de choix aux experts pouvant aider l’Etat.
Lors de sa rencontre avec la population de la province de Ngozi fin juillet 2022, le Président de la République du Burundi Evariste Ndayishimiye a reconnu que la question liée à la pénurie du carburant est pertinente. Cependant, il promet que son gouvernement travaille à la recherche d’une réponse adéquate et que c’est possible qu’on retourne à la situation normale dans un mois.