Les compagnies d’assurance sont présentes sur le marché depuis un certain temps. Dans un passé récent, une autre composante de ce marché est en train de se faire une place dans ce domaine où les besoins ne manquent pas. Il s’agit des intermédiaires en assurance. Parmi ceux-ci figurent les sociétés de courtage. Burundi Eco vous propose ce qu’il faut savoir de ce secteur qui est assez nouveau au Burundi
Les intermédiaires en assurance se répartissent entre en 3 catégories, à savoir : les courtiers d’assurances, les agents généraux et les mandataires non salariés. Selon la loi en vigueur, les agents généraux et les mandataires non salariés représentent les compagnies d’assurances tandis que les courtiers représentent les assurés. A ce titre, les agents généraux et les mandataires non salariés sont les mandataires de l’assureur tandis que le courtier peut nouer des relations de partenariat avec plusieurs assureurs.
Un secteur en développement
Jean-Paul Roux, DG de BIC : « Le courtier a une grande responsabilité dans le développement de l’assurance au Burundi et a la capacité d’augmenter son chiffre d’affaires par l’acquisition de commissions qu’il perçoit »
Actuellement, 14 entreprises se répartissent le marché dont ASCOMA, Munezero Insurance Brokers (MIBRO), AFRIKA RISK BURUNDI S. A, TANGANYIKA INSURANCE BROKERS (TIB), la liste n’est pas exhaustive. ASCOMA se taille la part du lion de ce marché avec un chiffre d’affaires de plus de 650 millions de FBu réalisé en 2016, indique Ir Alain Fernand Nkengurutse, chef de la cellule des statistiques et analyses économiques de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA)
Globalement, comme on peut le constater dans le rapport annuel de l’ARCA de 2016, sur 100FBu de primes perçues par les sociétés d’assurance non vie, 32FBu viennent du volume d’affaires apportées par les courtiers.
En outre, le rapport montre que la société BICOR connaît une forte dépendance aux courtiers qui lui apportent plus de la moitié de son volume d’affaires. En seconde position se trouve JUBILEE suivi par SOCABU avec respectivement 40% et 28% des primes apportées par les courtiers.
Un secteur bien encadré
Le secteur des intermédiaires en assurance est bien réglementé depuis la promulgation de la loi n° 1/02 du 07 janvier 2014 relative aux assurances.
Cette loi a mis en place des balises qui permettent d’éviter tout dérapage. Par exemple, dans d’autres pays, les intermédiaires perçoivent les primes d’assurance. Cela constitue une source de conflits avec les assureurs. Ici chez nous, la loi l’interdit.
Elle prévoit en outre une double protection en ce qui concerne la garantie. Il s’agit de la garantie financière et de la responsabilité civile au cas où le courtier ou l’agent général entreprendrait des actions qui nuisent aux intérêts des uns et des autres.
Le code des assurances réglemente même la commission qui est reversée aux intermédiaires. Toutes ces dispositions prises en aval font qu’il n’y ait pas vraiment beaucoup de litiges en ce qui concerne les intermédiaires en assurance, fait savoir Désiré Nimubona, cadre juriste de l’ARCA.
MIBRO, une initiative des investisseurs nationaux
Jean-Marie Niyongabo, directeur-gérant de MIBRO : « Le secteur des assurances est intimement lié à l’économie nationale. Les sinistres causent beaucoup de dommages à l’économie à l’échelle nationale et en peu de temps. Il y a nécessité donc de porter à la connaissance de la population qu’il y a moyen de se prévenir contre les risques »
Munezero Insurance Brokers (MIBRO) est une des entreprises locales de courtage en assurance. Agréée le 27 juin 2017, elle a été initiée par des investisseurs privés avec des capitaux à 100% nationaux. Elle occupe une place de choix parmi les maisons de courtage dont le pays dispose.
Jean-Marie Niyongabo, directeur-gérant de MIBRO se dit satisfait du pas déjà franchi par son entreprise. Il estime qu’il est nécessaire qu’il y ait des entreprises nationales qui investissent dans ce secteur longtemps ignoré. Ce n’est pas par hasard que la plupart des Burundais ignorent les avantages que constitue l’assurance.
Le rôle d’une maison de courtage en assurance
La compagnie d’assurance ne peut pas tout faire tout seul. Il a besoin de partenaires qui l’aident dans certaines de ses tâches. Une maison de courtage en assurance sert d’intermédiaire entre le preneur d’assurance et l’assureur. Pour s’acquitter de son travail, elle est appelée à nouer des relations de partenariat avec les entreprises d’assurance. Elle aide le client à faire son choix selon ses besoins. Nous expliquons au client quels sont les produits que l’assureur met à sa disposition. Bien plus, après la signature du contrat d’assurance, en cas de survenance d’un sinistre et bien sûr après paiement de la prime d’assurance, la maison de courtage fait le suivi du dossier jusqu’à l’indemnisation de l’assuré, indique le directeur gérant de MIBRO.
Il y a un autre rôle important qui incombe aux courtiers en assurance, mais qui n’est pas très connu ici. Ils contribuent à la création de nouveaux produits d’assurance. Officiant auprès des clients, ils connaissent bien leurs besoins. Ils peuvent concevoir des produits en conséquence et les proposer aux assureurs.
La sensibilisation, une des tâches des courtiers
Au-delà de ces responsabilités générales, la maison de courtage en assurance est appelée à faire des campagnes de sensibilisation pour faire connaître l’intérêt de prendre une assurance à la population. C’est dans cette mesure que l’intermédiaire en assurance peut se targuer d’effectuer une tâche d’intérêt public.
En fait, le secteur des assurances est intimement lié à l’économie nationale. Les sinistres causent beaucoup de dommages à l’économie à l’échelle nationale et en peu de temps. Il y a nécessité donc de porter à la connaissance de la population qu’il y a moyen de se prévenir contre les risques. Les compagnies d’assurances sont souvent occupées à dédommager les sinistrés. Nous, on leur vient en aide sur ce plan, mais aussi sur bien d’autres, fait savoir M. Niyongabo.
Les services du courtier ne coûtent rien au client
Quand un client se confie à nous, il n’a plus besoin de se préoccuper des problèmes d’assurance. Nous suivons ses dossiers. Nous faisons aussi le suivi en cas de survenance d’un sinistre. Mais ce qui est plus intéressant c’est qu’il n’y a pas de surcoût lié aux services que nous lui offrons. Le preneur d’assurance ne paie rien en plus. Celui qui s’adresse à une entreprise de courtage et celui qui préfère traiter directement avec l’assureur paient absolument la même prime. C’est l’entreprise d’assurance qui rétrocède la commission à la maison de courtage, souligne le directeur-gérant de MIBRO.
La compagnie d’assurance gagne aussi
Le courtier défend les produits de l’assureur auprès du client. Il fait la publicité des services que ce dernier met sur le marché. L’assureur gagne aussi à travailler avec des spécialistes qu’à traiter directement avec des clients qui ignorent parfois les démarches et les techniques des assurances. Nous offrons au client la technicité. Le courtage en assurance est également utile pour la célérité des affaires. Nous cherchons des clients pour les assureurs avec qui nous avons des relations de partenariat. Nous vantons leurs produits auprès des clients et dans la plupart des cas, les assureurs sont satisfaits de ce qu’on fait. Bien sûr, la loi sur les assurances prévoit une commission qui rémunère les prestations des intermédiaires en assurance, indique le directeur-gérant de MIBRO. Mais en comparaison de ce que le courtier gagne en retour, l’assureur gagne aussi. Les compagnies d’assurance ont un taux de pénétration qui reste faible. Ils ont tout à gagner à travailler avec les courtiers, renchérit Ir Nkengurutse.
Les entreprises de courtage pourraient faire mieux
Si les compagnies d’assurances sont conscientes du rôle prépondérant des courtiers en assurance, elles souhaitent que ces derniers s’y prennent autrement. Au Burundi l’assurance n’est pas très développée. Le taux de pénétration des assurances est un des plus faibles du monde. Ce taux est évalué par rapport au PIB du pays. Ici il est de 0,70% alors que, par exemple, en Afrique du Sud il est de 15%. Les primes d’assurances de toutes les compagnies en 2017 est de 40 milliards. Ce chiffre est bien inférieur à ce qu’il devrait être aujourd’hui. D’ailleurs le Ministère des Finances a donné au secteur l’objectif de doubler le chiffre d’affaire en 5 ans. Donc ce chiffre d’affaire devrait être de 80 milliards en 2022, fait savoir Jean-Paul Roux, Directeur Général (DG) de Business Insurance & Reinsurance Company (BIC). Les courtiers s’attribuent quelques fois des clients qui étaient déjà dans le portefeuille des assureurs. Ils déplacent un client d’une compagnie à une autre. Le courtier fait la pluie et le beau temps pour la compagnie d’assurance. Le problème est que nous ne sommes pas sur un secteur dynamique.
Les courtiers doivent être présents sur le terrain
Nous allons lancer une campagne de communication sur les nouveaux produits que nous mettons sur le marché. Les courtiers doivent sortir des agences. Ils doivent aller conquérir de nouveaux clients sur le terrain qui ne sont pas assurés et ne pas compter seulement sur la distribution de dépliants ou de campagnes de communications dans les médias. Cela ne suffit pas, souligne le DG de BIC. Les assureurs ne vendent pas du palpable. Ils vendent une promesse. Et cette promesse il faut véritablement la faire valoir avec des intermédiaires compétents et convaincants. Il est aussi impératif d’avoir une vision mais aussi une stratégie. Il faut également avoir des hommes ou des femmes de marketing pour attaquer le marché. Moi je pense qu’il y a de la place pour les courtiers et les agents généraux, ajoute M. Roux.
Un partenariat win-win
Le courtier a une grande responsabilité dans le développement de l’assurance au Burundi et a la capacité d’augmenter son chiffre d’affaires par l’acquisition de commissions qu’il perçoit. Il peut contribuer à la fabrication des produits d’assurance selon les attentes des clients qu’il côtoie. Ce que je demande aux courtiers c’est de travailler avec rigueur et professionnalisme dans le domaine de développement et du marketing. Ce n’est quand même pas compliqué de travailler régulièrement son portefeuille, indique M. Roux. Ça ne demande qu’une organisation et une bonne planification. Il leur lance un appel : Faites le nécessaire pour qu’on puisse compter sur vous
Quelques conseils
Ir Nkengurutse demande aux clients de recourir aux courtiers pour les opérations d’assurance. Etant donné que le service du courtier est gratuit, le client a tout intérêt à confier ses affaires au spécialiste. Beaucoup de preneurs d’assurance ont des problèmes parce qu’ils ont pris une mauvaise garantie ou une garantie insuffisante, faute de connaissances dans ce domaine. D’autres oublient de renouveler la prime d’assurance et tout cela a de graves conséquences en cas de survenance d’un sinistre. Ces inconvénients peuvent être évités si on se confie à un spécialiste. Aux courtiers, Ir Nkengurutse conseille de se faire connaître. Ils ont des maisons, mais on dirait de petites boutiques. Ils doivent assurer la visibilité de leurs entreprises. Il leur suggère aussi de se regrouper en association. Les assureurs l’ont fait et ont mis en place ASSUR, pourquoi pas eux ? Il serait aussi intéressant que les courtiers s’installent à l’intérieur du pays. Ils ont tendance à se concentrer à Bujumbura alors qu’il y a des villes comme Gitega et Ngozi qui se développent progressivement. Il faut qu’ils pensent à élargir leurs horizons, déclare Désiré Nimubona, cadre juriste de l’ARCA. Quant aux assureurs, ils doivent améliorer leurs relations avec les maisons de courtage. Ils sont complémentaires et non concurrents, déclare-t-il.
Assurance : c’est un service qui fournit une prestation lors de la survenance d’un événement incertain et aléatoire appelé risque.
Assuré : c’est la personne sur laquelle repose le risque
Souscripteur : c’est la personne physique ou moral qui souscrit le contrat d’assurance au près d’une société d’assurance pour garantir certains risques.
Assureur : c’est une personne physique ou morale qui s’engage, par un contrat d’assurance, à indemniser un assuré en cas de la réalisation d’un risque.
Courtier en assurances (ou courtier d’assurances) : c’est un commerçant indépendant, servant d’intermédiaire dans une opération commerciale entre une compagnie d’assurances et le consommateur final.
Preneur d’assurance : c’est la partie au contrat qui obtient une couverture d’assurance pour lui-même et/ou d’autres personnes en souscrivant le contrat d’assurance. En retour, il s’engage à payer les primes.
Prime d’assurance : c’est le prix que le preneur d’assurance doit payer pour pouvoir bénéficier de la couverture d’assurance en cas de sinistre
Sinistre : c’est la réalisation du risque ; c’est-à-dire les pertes et dommages qui arrivent aux objets assurés, par exemple : un incendie.