Le développement du Partenariat-Public-Privé-Producteurs (4P) dans la promotion de l’agriculture biologique des avocats a une valeur ajoutée en matière d’amélioration nutritionnelle, de préservation de l’environnement, de développement économique des producteurs et de commerce extérieur. C’est dans ce cadre que le ministère ayant l’agriculture dans ses attributions et le Ministre des finances en collaboration avec le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) à travers le Programme de développement des Filières (PRODEFI) ont lancé l’agriculture biologique de la filière avocatière le 26 mars 2019 en présence des parties prenantes pour les sensibiliser sur cette nouvelle technique agricole
«L’agri bio est un mode de production qui trouve son originalité dans le recours à des pratiques culturales et d’élevage soucieuses du respect des équilibres naturels. C’est une méthode de production alternative à l’utilisation d’intrants, qui doit donc utiliser au mieux les fonctionnements biologiques des écosystèmes présents sur terrain. Elle est basée sur la non utilisation des produits chimiques, c’est-à-dire des fertilisants et des pesticides chimiques de synthèse », explique Faly Ramboarimalala, consultant malgache de l’entreprise ECOCERT avec 24 ans d’expérience dans ce domaine. Selon lui, avec cette technique, on essaie de prioriser les produits naturels comme le fumier, le compost et les pesticides d’origine naturelle. Il a indiqué que l’agriculture biologique a des avantages parce qu’elle permet aux produits de garder la qualité bio des aliments pour les consommateurs et les producteurs pour éviter les contaminations par les produits chimiques qui peuvent provoquer des maladies ou des troubles organiques chez les consommateurs.
Avantage de l’Agriculture biologique de l’avocat
Elle présente un avantage économique aux producteurs parce que les produits certifiés biologiques ont un bon prix sur le marché international. Ainsi, explique le consultant malgache, on pourra par la suite exporter l’huile d’avocat en tant que produit bio. Ce qui va générer des devises pour le pays. Néanmoins, estime-t-il, au début il y aura peut-être une chute de la production mais qu’au fur et à mesure qu’on va accélérer la conversion vers l’agriculture biologique, on aura des avocats bio à mettre sur le marché. Et, comme il n’y a pas assez d’espace, les cultivateurs vont associer les avocatiers à d’autres cultures sans toutefois utiliser les pesticides, les engrais chimiques comme intrants mais plutôt le compost et le fumier. Donc ces cultures seront aussi bio, renchérit-il.
La certification comme outil de promotion de l’avocat burundais
Catherine Nduwimana, gérante de la coopérative Dutezanye Imbere de Murayi en commune Giheta explique que l’huile d’avocat réduit la quantité de cholestérol dans l’organisme et améliore la santé cardiaque et l’absorption de nutriments importants. Elle atteste qu’au Burundi la production d’avocats se fait en altitude. Ce qui apporte une qualité supplémentaire en matière nutritionnelle par leur richesse en vitamines.
Mme Nduwimana précise que l’expérience acquise et les recherches menées par sa coopérative en vue de l’exportation de l’huile d’avocat lui ont permis de savoir que pour faciliter l’accès du Burundi au marché international, il faut faire la certification bio de toutes les opérations techniques menant à sa production. « L’huile d’avocat avec « Label Bio » permettrait d’avoir une meilleure rentrée des devises au Burundi. Le Burundi serait ainsi connu comme pays exportateur de produits bio », rassure-t-elle.
Certains producteurs agricoles pratiquent l’agriculture bio
Mme Nduwimana informe qu’un diagnostic d’une semaine a été effectué dans les provinces de Kayanza, Ngozi et Gitega. Le constat a été qu’il y a des producteurs qui n’utilisent pas l’engrais chimique, les pesticides et les insecticides. Elle souligne qu’on peut les certifier dès maintenant. Pour les autres, ajoute-t-elle, on les fait adhérer à l’agriculture bio et on prend trois ans de conversion de terrain pour que les engrais chimiques, les pesticides et les insecticides puissent disparaître.
L’action du FIDA dans la promotion de l’avocat bio
Le FIDA à travers le PRODEFI a pour objectif de promouvoir la filière avocatière au Burundi, l’exportation des produits à haute valeur ajoutée par un accompagnement biologique. La sensibilisation des acteurs et des institutions sur le mode de production biologique. Accompagner le renforcement des capacités des acteurs techniques et des institutions aux méthodes de production et de transformation biologique s’inscrit aussi dans son agenda. Dans cette optique, Catherine Nduwimana informe que l’appui du Prodefi a permis à sa coopérative Dutezanye Imbere de pouvoir planter des avocatiers de bonne qualité, fuerte, qui ont une haute teneur en huile. « C’est avec le FIDA qu’on a pu planter 50 mille avocatiers dans la province de Gitega et on va continuer à en planter dans tout le pays grâce à l’appui du FIDA via son programme PRODEFI », a-t-elle souligné.
Rendre le prix de l’huile d’avocat plus accessible
Le projet de production d’huile d’avocat a vu le jour pour que cette huile soit achetée par toute la population burundaise, fait savoir Mme Nduwimana, avant d’ajouter que pour les fruits qui n’ont pas une haute teneur en huile, il faut 45 kg de fruits pour fabriquer un kg d’huile. Ainsi, avec un coût de production de plus en plus exorbitant, on n’arrive pas à baisser le prix de vente. Néanmoins, avec l’appui du FIDA à travers le PRODEFI, la coopérative est entrain de planter des avocatiers à haute teneur en huile. Il sera alors possible de baisser le coût de production parce qu’avec l’avocat de variété « Fuerte » on peut fabriquer un kg d’huile avec 25 kg d’avocats. Et, pour avoir des avocats de qualité, elle a insisté que seuls les producteurs qui auront adhéré à l’agriculture bio seront fournisseurs de la coopérative Dutezanye Imbere.
Une nouvelle donne pour les produits d’exportation
« L’objectif principal est de pouvoir diversifier les cultures d’exportation, mais aussi d’élargir l’assiette des devises en provenance des produits d’exportation. L’avocat est l’une des cultures très importantes au Burundi non seulement pour sa valeur nutritive, mais aussi nous voulons nous en approprier pour sa promotion et lui appliquer le modèle de culture biologique», a précisé Déo Guide Rurema, ministre ayant l’agriculture dans ses attributions. Selon lui, cela va ouvrir la porte à l’exportation des fruits, mais aussi de l’huile qui provient de cette culture. Cette nouvelle pratique culturale va aussi augmenter la qualité des avocats consommés au niveau local. L’huile qui en est extraite a les mêmes propriétés organoleptiques et la même qualité que celle de l’huile très prisée et fortement commercialisée dans le monde. Sa teneur en protéines et sa richesse en énergie (225 Kcal/100g de fruits) et en vitamines A, B et E en fait un fruit nutritionnel par excellence. Ce sont des produits qui coûtent cher, qui percent le marché aussi bien régional qu’international. Il va générer des devises, créer des emplois et améliorer le niveau nutritionnel de la population burundaise ainsi que le revenu des ménages.
Le ministre Rurema a souligné que pour que les produits de la filière avocatière soient compétitifs tant sur le marché local, régional qu’international, la filière doit s’engager dans un processus général de réglementation et de certification.
Action urgente à entreprendre
Le ministère ayant l’agriculture dans ses attributions va, selon Dr Rurema, faire un diagnostic complet de la filière avocatière au Burundi en vue d’aboutir à un rapport détaillé sur la certification biologique de la filière au Burundi. Il en est de même pour une matrice des forces et des faiblesses ainsi qu’un plan d’action vers la certification de la filière. Il compte également élaborer et mettre en œuvre un plan de formation destiné à renforcer les capacités des acteurs de la filière avocatière. Le ministère de tutelle prévoit également un accompagnement technique vers la certification des acteurs, notamment les groupements des producteurs et les coopératives en vue de mettre en place un système biologique permettant une future certification.