Les femmes vivant avec un handicap sont confrontées à divers défis au sein de la communauté. Bien qu’elles soient capables de travailler, elles aspirent à être intégrées dans les instances de prise de décision et à être considérées lors des recrutements. Dans ce numéro, nous mettons en lumière les difficultés spécifiques qu’elles rencontrent dans le domaine de la santé.
Au Burundi, les infrastructures médicales et les kits médicaux, tels que les lits installés dans les maternités ou dans les chambres d’hospitalisation rendent l’accès aux soins de santé plus compliqué pour les femmes vivant avec un handicap.
L’Association Burundaise pour la Promotion des Droits des Femmes Handicapées-Urumuri (ABPDFH) a présenté vendredi le 12 juillet 2024, en Mairie de Bujumbura, un document traitant des barrières et des difficultés qui empêchent les personnes vivant avec un handicap de jouir pleinement de leurs droits ou de participer activement au développement de la société.
Cette association a interviewé 86 femmes vivant avec un handicap visuel ou psychosocial, résidant dans la municipalité de Bujumbura et ses environs. Les trois quarts des femmes interrogées ont soulevé divers problèmes, notamment le mépris et la discrimination, l’inaccessibilité aux soins de santé due à des infrastructures inadaptées et à un équipement médical inapproprié, en particulier pour les femmes ayant un handicap physique. Ces difficultés peuvent inclure l’accès limité aux services de santé adaptés à leurs besoins spécifiques, les obstacles à la communication avec les professionnels de la santé, et les préjugés ou stigmatisations auxquels elles font face lorsqu’elles recherchent des soins médicaux.
Discrimination, un comportement à proscrire
Les témoignages recueillis sur le terrain montrent que les femmes handicapées font l’expérience de comportements discriminatoires et stigmatisant de la part des prestataires de soins. « Lorsque je suis allée à l’hôpital pour ma consultation de grossesse, le personnel médical m’a humiliée et a considéré ma grossesse comme une honte », témoigne Madame Douce, qui vit avec un handicap. Madame Inès, une autre femme rencontrée sur le terrain, affirme qu’au moment de l’accouchement, certaines infirmières semblent gênées, exprimant de la peur ou de l’incompréhension face au handicap. En conséquence, ces femmes sont négligées et peuvent rencontrer des problèmes sérieux.
Cependant, le manque de formation et de sensibilisation des prestataires de soins aux besoins spécifiques des personnes vivant avec un handicap entraîne des soins inadéquats, voire inappropriés, ainsi qu’un manque de prise en considération. Les femmes vivant avec un albinisme rencontrent des difficultés similaires à celles des personnes handicapées. Elles indiquent que les prestataires de santé sont réticents à toucher leur peau, ce qui nuit à la qualité des soins.
Des installations inadaptées
Au Burundi, les infrastructures médicales, les kits médicaux comme les lits installés dans les maternités ou dans les chambres d’hospitalisation ainsi que les installations sanitaires, ne sont pas adaptés aux besoins des personnes vivant avec un handicap, notamment celles qui se déplacent en chaise roulante.
Adélaide Nyigina, coordinatrice nationale de l’ABPDF recommande aux acteurs des soins de santé de collaborer avec les associations de femmes handicapées pour améliorer l’accès aux services de santé, de mettre en place des formations pour le personnel de santé et de garantir que les programmes et services visant à prévenir les violences sexuelles basées sur le genre soient accessibles aux femmes et aux filles handicapées.
Malgré leur handicap, ces femmes sont capables de travailler et ne devraient pas être traitées de manière discriminatoire, comme le souligne Mme Nyigina. Qu’elles soient mariées ou veuves, elles assument la charge de leurs enfants. Elles souhaitent que le gouvernement et les autres décideurs révisent les textes et les politiques en la matière au développement de la société pour prendre en compte les spécificités des femmes handicapées, car elles sont aussi capables de contribuer pleinement.
Cette coordinatrice nationale de l’ABPDF encourage les autres femmes handicapées à élever leur esprit, à être actives, à rejoindre des associations et à faire appel à l’administration locale chaque fois qu’elles observent des comportements discriminatoires au sein de leur communauté.