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Le PAEEJ face à une mission difficile

Lors de la deuxième édition du forum national des jeunes intellectuels, le Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes (PAEEJ) a présenté son bilan après de deux ans. Des jeunes formés, des projets financés et d’autres en cours de financement… Dans cet article, Burundi Eco est revenu sur le fonctionnement de ce programme et les défis auxquels il fait face. Il y a encore du pain sur la planche 

Au total, durant le mandat de 4ans du PAEEJ, plus de 265 milles jeunes ruraux seront atteints par ce programme.

 

6.000 projets de coopératives devront être financés et encadrés, 30.000 jeunes formés (10 jeunes/colline), 200 000 emplois créés et consolidés, 1 000 petites et moyennes entreprises créees, encadrées et financées, 200 projets de jeunes entrepreneurs à succès financés, 50.000 jeunes sensibilisés au changement de mentalités ou encore 100 000 emplois indirects créés. L’objectif de PAEEJ n’est pas moindre. Il dispose d’un budget de 48 milliards de FBu pour une période de 4 ans (2021-2025).  Après une année, 13 milliards de FBu du budget y alloué sont déjà consommés, soit 33.3%. 

Des financements qui interviennent à plusieurs niveaux. 

Au niveau de la formation et du renforcement des capacités, le nombre de coopératives dont les membres ont été formés sont autour de 21 mille, fait savoir Dr Désiré Manirakiza, coordonnateur national du PAEEJ. Ces membres, on les forme aux techniques modernes d’agri-élevage et de gestion des coopératives. Ce sont les jeunes de toutes les coopératives sauf celles des provinces de Ruyigi, Cankuzo et Muyinga, dit-il

Une année après, pour la première catégorie des coopératives collinaires, sur 6000 prévus, 866 projets de coopératives sont déjà encadrés par le PAEEJ, 213 projets sont déjà financés et 653 projets sont en instance de financement, informe Dr Manirakiza.

Pour la deuxième catégorie concernant les petites et moyennes entreprises, sur 1000 PME prévues, 375 projets sont retenus et en cours de financement dont 47 projets déposés en ligne et 328 projets issus du concours national des projets innovants. Pour la troisième catégorie qui concerne les projets des jeunes entrepreneurs à succès, 3 des 29 projets déposés en ligne sont déjà financés. « Les 26 qui restent sont en instance de financement » sur une prévisions de 200 projets

Des défis sur terrain

Au mois d’octobre, le coordinateur du PAEEJ indique que pour la première catégorie, seules les coopératives de la province Kayanza, Bururi, Rutana, Mwaro, Ngozi et Gitega ont reçu de financements. Toutefois, dans les provinces de Rutana et de Bururi, jusqu’au début du mois d’octobre, certaines coopératives attendaient encore les financements.

Un autre fait marquant est que certaines coopératives qui ont été sélectionnées pour bénéficier des financements n’avaient pas encore reçu d’agrément. Ce qui retarde les financements et qui risque de compromettre les projets surtout les projets agricoles qui courent avec la saison culturale. Le coordonateur du PAEEJ indique que la coopérative qui opère des financements sera déjà dans l’agriculture et qui au moment du déblocage sera en retard, elle pourra attendre la prochaine saison.

Quant à ce qui est du coût d’enregistrement des coopératives, le coordonnateur du PAEEJ indique que désormais les coopératives seront avancées, mais l’argent sera mis sur le coût à rembourser. Cependant, l’enregistrement n’est pas le seul problème. Le bureau d’enregistrement se trouve à Gitega et à Bujumbura Mairie seulement. 

Des financements qui s’octroient par catégorie

La 1ère catégorie et la deuxième catégorie ne reçoivent pas de crédits. Elles reçoivent des financements de départ à taux zéro. Pour la 1ère catégorie, c’est le PAEEJ qui se charge de tout. Du plan d’affaire, de la formation jusqu’au bénéficier du premier kit.

Mais la 2ème catégorie est subdivisée en deux sous-catégories : la première qui concerne la soumission des projets en ligne et le concours de meilleurs projets innovants qui se réalise chaque année.  Et le mode de sélection des dossiers n’est pas le même. Pour le concours, on choisit 5 projets pour chaque province et deux projets pour chaque commune. Le montant annuel pour la première année était de 1,098 milliard de BIF pour les provinces et 2,023 milliards de BIF pour les communes.

La 3ème catégorie est celui des projets des jeunes entrepreneurs déjà initiés qui connaissent des succès.

Dr Désiré Manirakiza, coordonnateur national du PAEEJ : « Il y a plus de demandeurs d’emploi que de potentiels créateurs d’emplois ».

La soumission en ligne : une procédure normalement simple

Pour la soumission en ligne, il faut aller sur le site du PAEEJ télécharger le formulaire du PAEEJ et le remplir hors connexion. Puis, il faudra remplir aussi les champs obligatoires et annexer le formulaire. En principe, au bout de deux mois, on reçoit le feedback. La sélection tient compte de beaucoup de facteurs. Il y a le critère innovation, c’est-à-dire si le projet vient répondre à un besoin de la société, la pertinence. Parmi ces deux critères, le volet création d’emploi est très ausculté. Le coordonnateur du PAEEJ explique que c’est pourquoi le programme a du mal à financer le commerce parce que le commerce ne crée pas de l’emploi.

Après que le projet est sélectionné, son initiateur est formé pendant 10 jours. Ces dix jours consistent à une moralisation sur la façon de créer, de gérer et de rentabiliser une entreprise. Il est aidé à élaborer son plan d’affaire. Et c’est à ce moment-là que le jeune et le PAEEJ préparent ensemble le plan de décaissement. L’argent est octroyé en tranches suivant l’étape de son projet et avec l’accompagnement du PAEEJ.

Après ces 10 jours, le jeune renvoie le plan d’affaire et tous les documents demandés au PAEEJ qui l’envoie ensuite à la Banque. Les conventions signées avec la BIJE et la BNDE, deux banques partenaires du PAEEJ disent que tous les dossiers envoyés ne doivent pas durer plus de 48 heures avant d’être traités.

Les retards des financements, au PAEEJ, on explique pourquoi 

Parfois, les procédures trainent aux niveaux des banques. Il y a des dossiers qui passent des mois sans être traités.  Pour le cas de la BNDE, le coordonnateur du PAEEJ explique que la banque n’avait pas compris que les dossiers qui lui sont envoyés sont déjà analysés au niveau du PAEEJ. Elle reprenait encore l’analyse et allait encore sur le terrain pour des visites de terrain. Du temps perdu parce que, ces projets n’étaient pas encore démarrés.

Encore, la BNDE voulait opérer comme une la banque classique alors que pour le cas du PAEEJ, il s’agit d’une ligne de crédit qu’on a négocié à la banque afin de pouvoir assurer la distribution. Pour rectifier, Manirakiza fait savoir que le PAEEJ et les banques partenaires ont signés des avenants pour qu’elles puissent aller plus vite. Là aussi, il reconnait que ce n’est pas aussi simple que ça parait. « Nous envoyons des centaines de dossiers. C’est inédit. A un moment donné, les banques sont dépassées », dit-il. Il faut noter que les banques partenaires du PAEEJ sont actuellement la BIJE, la BNDE, la Banque d’Investissement pour les Femmes (BIDF), la BBCI et la FENACOBU.

Pour chaque année, ne sont sélectionnées que 30% des coopératives collinaires. Tout en considérant que dans 4 ans, 6000 coopératives collinaires auront été financées, c’est-à-dire que le programme va toucher 120 mille jeunes qui sont dans cette première catégorie (en supposant que chaque coopérative compte en moyenne 20 membres). Pour la catégorie des concours, chaque année, on compte 238 projets communaux et 90 projets provinciaux, soit 328 projets de coopératives, ce qui fait 146 240 membres atteints.  Au total, durant le mandat de 4 ans du PAEEJ, plus de 265 mille jeunes ruraux seront atteints par ce programme.

Quant à la soumission en ligne des projets, ce sont seulement ceux qui ont la tête et la capacité qui sont en mesure de remplir le formulaire, c’est-à-dire les jeunes intellectuels. Pour ce cas, il n’est pas facile d’estimer le nombre de jeunes qui seront touchés par ce programme.

Depuis février 2022 jusqu’en octobre de la même année, pour les appels à candidature, le Coordonateur du PAEEJ explique que le programme a déjà reçu 2 000 dossiers. Mais en une semaine, pour le stage de premier emploi, il a reçu 20 mille dossiers. « C’est-à-dire qu’il y a plus de demandeurs d’emploi que de potentiels créateurs d’emplois ».  Un fait étonnant dans un pays où le nombre de chômeurs est trois fois supérieur à l’effectif des fonctionnaires.

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