Le secteur forestier se trouve menacé de différentes manières. Sur ce, le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage compte diagnostiquer ce secteur par la protection des forêts existantes et la plantation d’autres essences dont celles autochtones.
L’analyse critique du secteur forestier met en évidence un certain nombre de problèmes et de contraintes qui conduisent à une dégradation des forêts et handicapent le développement de ce secteur. Les principaux facteurs conduisant à cette déforestation sont notamment l’exploitation anarchique des forets, les feux de brousse répétitifs, le défrichement à des fins agricoles, le surpâturage, la surexploitation de la ressource forestière, l’introduction non maitrisée des espèces forestières et l’appauvrissement du patrimoine génétique forestier.
Malgré l’absence de données actualisées sur le potentiel forestier, le déficit en bois est une réalité au Burundi. Pour y faire face et atténuer la dégradation des forêts, on devra passer par une augmentation des superficies boisées. Or, avec la densité démographique galopante et la dépendance de la population burundaise à l’agriculture, les surfaces disponibles pour la foresterie sont très réduites. Il faudra surtout compter sur l’agroforesterie, les arbres hors forêts et la réhabilitation des anciens massifs dégradés.
Le patrimoine forestier
Au Burundi, il existe différents types de forêts comme l’indique Epimény Nibizi, directeur des forêts au ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage. Celui-ci précise qu’il y a des parcs nationaux, des réserves naturelles, des aires protégées, des paysages protégés de Kirundo et des massifs montagneux de l’Est. Il informe que les parcs nationaux sont constitués de Ruvubu, de la kibira et de la Rusizi avec des superficies respectives de 50.800 ha, de 40 000 ha et de 10 000 ha. A Côté des parcs nationaux se trouvent cinq aires protégées. Celles de Gisagara à Cankuzo, de Mabanda-Nyanza-lac à Makamba couvrant une superficie de 1730 ha auxquelles il ajoute les aires protégées de Mukungu-Rukambasi avec une superficie de 2000 ha et de Kinoso avec une superficie de 450 ha. En plus des aires protégées et des parcs nationaux, il y a des paysages protégés du nord à Kirundo couvrant une superficie de 1570 ha.
Le Burundi regorge également de réserves naturelles, renchérit M.Nibizi. Il s’agit des réserves naturelles de Bururi avec une superficie de 3200 ha, celui de Kigwena de 500 ha et celui de Vyanda-Rumonge de 4500 ha. Il y a aussi des monuments naturels de l’Est dont les failles de Nyakazu et les chutes de karera. Cependant, précise-t-il, ces données peuvent ne pas être précises, car elles datent des années 1980.
Plantation d’arbres dans les travaux communautaires
M.Nibizi fait savoir que chaque année il y a plantation des arbres, mais que l’arbre est un être vivant qui a besoin de tout ce dont un être vivant a besoin. Ce qui constituent un défi de taille. Pour lui, il ne suffit pas seulement de planter, il faut aussi savoir la manière dont on plante. Il souligne que les rapports sur la plantation des arbres montrent qu’il y a eu la plantation de beaucoup d’arbres mais que sur le terrain il se remarque le contraire. Pour M.Nibizi, cela est la conséquence du manque de suivi.
Pour pallier à ces défis, le ministère de l’Environnement a opté cette année pour l’identification d’un massif montagneux où doit se faire une plantation de pas moins de 500 ha. Cela en vue d’éviter les plantations éparpillées dont le suivi se révèle difficile. Ces massifs montagneux ont été identifiés à Ruyigi et Cankuzo. « Là on engagera un personnel pour le suivi », lance-t-il.
Protection
Dans le but de protéger le couvert végétal menacé, le ministère de l’Environnement après avoir constaté que les gardes-forestiers ne peuvent pas à eux seuls assurer la protection des parcs nationaux et des réserves naturelles a associé les ménages qui jadis détruisaient ces aires protégés. Ils ont également été sensibilisés sur la protection de ces patrimoines forestiers. Des coopératives, des comités d’apiculteurs sont aussi associés dans la protection de ce patrimoine.
Par exemple la réserve de Bururi était menacée par les Batwa. Pour pallier à cela, le ministère les a encadrés dans l’aménagement des pare-feux et comme ça ils ont gagné des sous qui leur ont permis d’acheter leurs propres propriétés. Aussi avec l’appui du PNUD, le ministère a distribué des animaux domestiques aux comités et aux coopératives de protection des forêts. Ensuite, il y a des apiculteurs qui exercent leur métier dans les aires protégés, ils ont donc intérêts à protéger ces aires protégés car ils y ont installé leurs ruches. Personne ne va pas donc détruire aussi longtemps qu’ils y disposent quelque chose. Raison pour laquelle si vous allez détruire un espace protégé, c’est tout le monde autour de vous qui vous arrête, fait-il savoir.
8000 ha par an pendant 15 ans
Dans la même optique de développement du secteur forestier, dans la 21 eme conférence des pays (COP21) parmi les objectifs que s’est assigné le gouvernement figurait la restauration de la foresterie. Il a mis la barre à deux niveaux. D’abord si le gouvernement bénéficie des apports financiers extérieurs, il envisage planter 8000 ha d’arbres par an et pendant 15 ans au moment où s’il compte sur ses propres fonds, il envisage planter au moins 4000 ha par an et pendant 15 ans.
A la question de savoir où le Burundi en est avec ce projet, M.Nibizi précise que plus de 4000 ha ont été plantés chaque année. Il regrette cependant que la réalité ne se remarque pas sur terrain. Pour lui, le manque de suivi en est la cause.
Les conséquences de la déforestation
Pour M. Nibizi, la destruction des forêts entraine la disparition de l’habitat naturel pour la faune et la flore. Elle est également source de fragmentation de l’habitat. Elle favorise aussi les glissements de terrain, les avalanches et les coulées de boue. Il ajoute qu’une déforestation importante entraine une érosion fatale. La déforestation provoque aussi la désertification.
Les arbres contribuent plus que le reste de la flore au phénomène d’évapotranspiration (l’évaporation des eaux de ruissellement, des océans, des lacs, des ruisseaux, des rivières ou de la rosée). Ce qui influence la pluviométrie. La déforestation provoque ainsi une modification du climat à l’échelle mondiale qu’à l’échelle locale, note-t-il.
La végétation est une source de carbone très importante puisqu’on estime que 40% du carbone terrestre y est stocké. Cela signifie par conséquent que la déforestation libère dans l’atmosphère tout le carbone originellement stocké. L’augmentation du taux de carbone dans l’atmosphère engendrera par conséquent une augmentation de l’effet de serre et partant du réchauffement climatique.