Théoriquement, le secteur minier donne de l’espoir. Ce qui n’est pas le cas dans la pratique. Il ne contribue qu’à hauteur de moins de 1% dans le PIB au moment où on s’attendait à une contribution de 30%
Dr Prudence Bararunyeretse, professeur des universités : « Théoriquement, le secteur minier présente un grand espoir. Malheureusement, ce secteur offre une fréquente déception et depuis les années 1930, il n’a pas connu d’amélioration significative ».
Selon Dr Prudence Bararunyeretse, le secteur minier est un secteur qui présente un paradoxe. C’était lors d’un atelier de restitution des résultats de l’étude sur la transparence et la traçabilité du secteur minier organisé par l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME) vendredi le 24 novembre 2023.
Pour lui, théoriquement, le secteur minier présente un grand espoir. Malheureusement, martèle Dr Bararunyeretse, ce secteur offre une fréquente déception. Cela si on considère la croissance économique, le bien-être de la population, l’indice du développement humain… « La croissance économique ne va pas de pair avec une amélioration dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la nutrition.
Et de renchérir : « Par ailleurs, dans un pays riche en minerais, on constate souvent l’accroissement des inégalités socio-économiques, les violations graves des droits de l’homme, de graves dégradations environnementales, des conflits violents… ».
Dr Bararunyeretse informe par exemple que l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région des Grands Lacs est un des facteurs responsables ou aggravants des conflits endémiques et de la persistance de l’insécurité dans la région. C’est également un handicap majeur à la réalisation des objectifs durables pour le développement et la privatisation pour les Etats des ressources nécessaires pour combattre contre la pauvreté.
Il informe aussi sur le manque de bonne gouvernance dans les pays riches en ressources naturelles. Cela au moment où la fraude et la corruption sont des obstacles à la participation de ce secteur dans le développement de ces pays.
Le Burundi dans la cadence
D’après Dr Bararunyeretse, le pays possède un potentiel minier varié, mais non suffisamment évalué et non encore exploité.
Il précise par exemple que le pays possède la deuxième plus grande réserve de coltan dans la région et 6% de réserves mondiales de nickel.
Par contre, fait remarquer Dr Bararunyeretse, depuis les années 1930, il n’y a pas d’amélioration significative dans ce secteur. « Le secteur minier a une maigre contribution au PIB, soit moins de 1% alors qu’on s’attendait à plus de 30% dans le document de stratégie de 2012-2015 et à une croissance de 47% dans le Plan National de Développement 2018-2027 », explique-t-il avant de déplorer la persistance de l’insuffisance des ressources techniques, matérielles et humaines.
Cependant, notifie Dr Bararunyeretse, les défis qui hantent le secteur minier sont notamment, le désintéressement des investisseurs dans le secteur, la vulgarisation du code minier, l’accès au financement, l’indemnisation de la population en cas d’expropriation, la décentralisation des comptoirs miniers vers les lieux proches des régions minières, le suivi par l’Etat de la production minière à partir de la zone d’exploitation, l’harmonisation des taxes sur les produits miniers au niveau des communes, le renforcement de la bonne gouvernance dans le secteur, le développement des infrastructures géologiques, énergétiques et de transport adaptées, la modernisation du laboratoire des mines…
Lueur d’espoir
Dr Bararunyeretse signale que la Banque Africaine de Développement (BAD) prédit de bonnes perspectives pour le pays avec de projections de taux de croissance économique de 4,5% en 2023 et 4,6% en 2024 en raison des investissements publics dans le transport et l’énergie.
Pour ce qui est des deux ans de suspension des contrats d’exploitation minière détenus à majorité par des sociétés britanniques, russes et chinoises, Alphonse Kamahoro de l’Office Burundais des Mines et Carrières (OBM) avise qu’il n’y a pas de manque à gagner pour l’Etat, surtout que les activités des sociétés minières n’ont pas été arrêtées, mais plutôt suspendues. D’ailleurs, avoue-t-il, ces sociétés seraient en train de s’organiser pour renouveler les contrats.
Il déclare enfin que le laboratoire national des mines est dans un processus de chercher l’accréditation, un processus qui arrive à 80%. Pour mesurer la teneur des minerais à exporter, M.Kamahoro dit qu’on fait recours au laboratoire des mines du Rwanda reconnu au niveau international.