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L’eau potable, un défi colossal à Cibitoke

Trouver de l’eau potable est un casse-tête pour les habitants de la province Cibitoke au Nord-Ouest du pays. L’administration provinciale reconnait la carence de l’eau potable dans les localités de Rugombo et de Buganda situées dans la plaine de l’Imbo. La stratégie sectorielle du ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines projette le taux d’accès des ménages à une source d’eau améliorée au niveau national à 97% en 2027

Le secteur de l’eau potable et de l’assainissement de base connait de nombreux défis, entre autres les faibles investissements pour augmenter le taux d’accès.

   

« A 21 ans, je compte sur les doigts de la main le nombre de fois que j’ai bu l’eau du robinet voire l’eau des fontaines publiques», déplore Salomon Niyogushimwa, habitant la colline Rukana I, commune Rugombo dans la province de Cibitoke.

Depuis ma naissance, abonde dans le même sens une quinquagénaire du nom de Nathalie Ngendakumana habitant la colline Rukana I, je bois l’eau puisée dans la rivière Ruhwa, je me lave dans la rivière Ruhwa, et je lave mes habits dans cette même rivière.

Claude Hatungimana, habitant la colline Rukana I informe que des gens de cette colline se sont organisés et sont parvenus à installer un robinet à ladite colline. Ils ont capté l’eau dans les canalisations de l’ex-société Rugofarm. L’eau de ces canalisations était utilisée pour irriguer les champs.

« Pendant la saison des pluies, les points de captage de l’eau sont détruits par la force du mouvement de l’eau », regrette le trentenaire, père de 5 enfants.

Espérance Nsengiyumva, mère de 3 enfants, âgée de 28 ans et habitant la colline Rukana I s’approvisionne en eau sur ce robinet installé d’une manière rudimentaire. 

« Même la présence de l’eau dans ce robinet n’est pas continuelle. Par ailleurs, nous achetons un bidon rempli de cette eau à 50 FBu. Moi, comme j’ai des enfants, j’utilise en moyenne 3 bidons d’eau par jour, l’équivalent de 150 FBu par jour, soit 4500 FBu par mois. Or, je n’ai pas un travail permanent pour programmer les dépenses », indique-t-elle.

Un manque d’eau potable généralisé

Câreme Bizoza, gouverneur de la province de Cibitoke reconnait une carence d’eau potable dans les localités des communes Rugombo et Buganda situées dans la plaine de l’Imbo. Ce qui n’est pas le cas pour les localités situées dans les montagnes.

Le Plan National pour le Développement du Burundi (PND 2018-2027) stipule que le secteur de l’eau potable et de l’assainissement de base connait de nombreux défis. Les plus importants sont : les faibles investissements dans le secteur de l’eau potable et de l’assainissement de base pour augmenter le taux d’accès, l’amélioration de la gestion des infrastructures en eau et assainissement, le changement de comportement de la population en matière d’assainissement de base et d’hygiène, la construction des réseaux d’évacuation des eaux usées dans les grandes agglomérations, le personnel qualifié et suffisant…

Et le document d’octobre 2019 sur les stratégies sectorielles du ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines qui traduit les orientations du Plan National de Développement (PND Burundi 2018-2027) de compléter : « Le secteur de l’eau et de l’assainissement, l’appropriation de la gestion des infrastructures d’Adduction d’Eau Potable (AEP) existantes par les communes, la coordination et le suivi des interventions du sous-secteur, la maîtrise des pertes d’eau potable par la Regideso… » 

Environ 500 millions USD pour redresser la situation

Le document de stratégies sectorielles du ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines estime le taux d’accès des ménages à une source d’eau améliorée au niveau national à 97% en 2027. 

Pour atteindre ces résultats, ce document propose l’initiation d’un programme d’approvisionnement régulier en eau potable en milieux urbains et ruraux dans tout le pays. En milieu urbain, celui-ci souligne un renforcement du système d’Alimentation en Eau Potable (AEP) par le captage et le traitement des eaux des rivières et des lacs, l’installation des systèmes de pompage, l’amélioration de l’AEP par les eaux de surface et par le forage…

Le coût global de la réalisation de ces actions a été évalué par le document de la stratégie de la mise en œuvre du PND du ministère de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines à 106, 177 milliards de FBu, soit 57,242 millions USD. 

Le document prévoit également l’extension du système d’AEP dans la partie Sud de la ville de Bujumbura par captage des eaux du lac Tanganyika et dans les nouveaux quartiers viabilisés de la ville de Bujumbura et les centres de l’intérieur du pays et l’interconnexion du palais présidentiel (2ème et 3ème phases).  Cela pour un coût global de réalisation de ces actions évalué à 132,068 milliards de FBu, soit 71,201millions USD.

Un schéma de développement du réseau d’AEP de la ville de Bujumbura devrait aussi être élaboré avec un coût de réalisation d’au moins 10,666 millions de FBu, soit 5,75 mille d’USD.

Il est projeté la construction du réseau d’AEP Kobero, d’AEP Matana par forages, d’AEP du centre Kayogoro par forages, d’AEP du poste Gasenyi, d’AEP du centre Kirundo par forages, d’AEP du centre Gisuru et d’AEP Tenga-Rubirizi et Gahahe. Cela pour un coût global de réalisation de ces actions d’au moins 66,079 milliards de FBu, soit 35,626 millions USD.  

La construction des réservoirs de stockage et de distribution de l’eau potable au centre de la Société Sucrière du Moso (SOSUMO), à Rugombo et à Mwaro   ainsi que la protection du réservoir de 2400m3 de Gihosha rural figure parmi les solutions proposées. Le coût estimatif de la réalisation de ces actions est évalué à 3,180 milliards de FBu, soit 1,715 millions USD. 

Il en est de même de la réhabilitation du réseau d’eau potable de la ville de Bujumbura. Son coût global de réalisation est évalué à 10 milliards de FBu, soit 5,393 millions USD.

L’analyse et le traitement de l’eau potable ont été planifiés pour un coût global de réalisation de 25 milliards de FBu, soit 13,478 millions USD.

A défaut d’eau potable, les habitants de la colline Rukana I, commune Rugombo, province de Cibitoke se rabattent sur l’eau de la rivière Ruhwa.

Des planifications jusqu’en milieu rural

Dans les actions à mener en milieu rural, il est évoqué la construction, l’extension et la réhabilitation de 500 Adductions d’Eau Potable à travers tout le pays. Cela sur un linéaire de 11500 km.

Le coût de ces actions est évalué à 451,282 milliards de FBu, soit 243,294 millions USD. 

Un montant de 39,442 milliards de FBu, soit 21,264 millions USD est préconisé pour la construction et la réhabilitation de 670 puits (forages) dans les zones à faibles potentialités en ressources en eau.

La construction et la réhabilitation de 16 426 sources aménagées, dont 1260 pour la province de Bujumbura, 1540 pour la province de Gitega, 840 pour la province de Rutana, 980 pour la province de Ruyigi, 704 pour la province de Cankuzo,985 pour la province de Karusi, 830 pour la province de Muyinga, 980 pour la province de Kirundo, 1260 pour la province de Ngozi, 1269 pour la province de Kayanza, 846 pour la province de Cibitoke, 735 pour la province de Bubanza, 865 pour la province de Mwaro, 728 pour la province de Muramvya, 860 pour la province de Bururi, 904 pour la province de Makamba et 840 pour la province de Rumonge sont dans le viseur de la planification. 

Le montant nécessaire pour l’exécution serait de 65,046 milliards de FBu, soit 35,067 millions USD.

Cela sans oublier la construction de 20 AEP  par pompage dont un dans la province de Bubanza, deux dans la province de Cankuzo, deux dans la province de Gitega, deux dans la province de Karusi, un dans la province de Cibitoke, deux dans la province de Kirundo, deux dans la province de Makamba, trois dans la province de Muyinga, deux dans la province de Ngozi, deux dans la province de Rutana et un dans la province de Ruyigi et la réhabilitation de 36 AEP par  stations de pompage  dans les provinces de Kirundo, Muyinga, Bubanza, Cankuzo, Rutana, Ngozi, Ruyigi, Gitega, Kayanza et Bururi.

Cela pour un montant total estimé à 75,48 milliards de FBu, soit 40,693 millions USD.

Le document envisageait l’acquisition de 80 000 tuyaux et accessoires, 130 000 sacs de ciment et 78 000 fers à béton pour la construction des réseaux des AEP sur un linéaire de 580 km. Cela dans le cadre des travaux de développement communautaires pour un montant de 15 milliards de FBu, soit 8,087 millions USD.

920 études de faisabilité des projets d’AEP devraient être réalisés, dont 72 dans la province de Bujumbura, 77 dans la province de Gitega, 48  dans la province de Rutana, 49 dans la province de Ruyigi, 42 dans la province de Cankuzo, 56 dans la province de Karusi, 56 dans la province de Muyinga, 50 dans la province de Kirundo, 72 dans la province de Ngozi, 72 dans la province de Kayanza, 50 dans la province de Cibitoke, 42 dans la province de Bubanza, 48 dans la province de Mwaro, 40 dans la province de Muramvya, 48 dans la province de Bururi, 50 dans la province de Makamba et 48 dans la province de Rumonge.

Cela pour un montant de   5,52 milliards de FBu, soit 2,976 millions USD. Le suivi de la qualité de l’eau pour 2 000 échantillons prévelés à travers tout le pays a été programmé pour un montant de 4,5 milliards de FBu, soit 2,426 millions USD.

La consommation d’une eau qui n’est pas potable expose le consommateur aux maladies diarrhéiques comme le choléra, la dysenterie…

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