La communauté des Batwa de la colline Rwamvura, zone et commune Kigamba en province de Cankuzo vit dans une pauvreté sans nom. Ces Batwa font face à de nombreux défis dont une habitation inadéquate, la malnutrition, la mauvaise alimentation… La scolarisation des enfants pose également problème. Moins de 5 enfants Batwa fréquentent l’école sur une communauté de plus de 300 personnes
Nous sommes mercredi le 14 avril 2021. A 12h, on arrive sur la colline Rwamvura. Une colline, dirait-on, isolée au milieu des montagnes. Elle n’est pas d’ailleurs loin du parc national de la Ruvubu. En s’apprêtant à arriver, on aperçoit des enfants qui courent derrière notre véhicule. Une chose habituelle plutôt dans les campagnes. Un phénomène requiert notre attention. Les enfants en âge de scolarisation sont nombreux dans la rue pour constater déjà qu’ils ne vont pas à l’école. Leur propreté corporelle laisse aussi à désirer. Ils portent des habits déchirés dont on dirait que le dernier lavage remonte juste après leur achat. Après quelques instants, les adultes commencent également à s’attrouper pour nous accueillir. Certains commencent déjà à danser. Ils croyaient que nous sommes des bienfaiteurs leur viennent en aide. Ils commencent à raconter les problèmes auxquels ils font face.
Dans la communauté des Batwa de la colline Rwamvura de la zone Kigamba, la scolarisation des enfants pose problème. Moins de 5 enfants Batwa fréquentent l’école sur une communauté de plus de 300 personnes.
L’éducation des enfants, une problématique
Selon les informations recueillies sur place, la majorité des enfants Batwa ne vont pas à l’école. Dans une communauté de plus de 300 personnes, seuls 4 enfants sont sur le banc de l’école alors que cette dernière se trouve à moins d’un kilomètre.
Emmanuel Bucabambona, est père de 7 enfants. Aucun de ses enfants n’est sur le banc de l’école. Selon lui, deux d’entre eux qui avaient commencé l’école ont fini par jeter l’éponge. « C’est suite à la pauvreté sans nom que nous vivons. Je n’avais pas de moyens pour leur acheter les uniformes et d’autres matériels scolaires. Cet homme de 49 ans précise également qu’ils ne peuvent pas avoir de quoi manger à leur retour de l’école. Ils ont quitté l’école parce qu’ils n’avaient pas de quoi manger à leur retour de l’école. Nous mangeons une seule fois par jour, le soir seulement. Et d’ajouter que le programme des cantines scolaires n’a pas encore commencé à cette école. Ce parent s’inquiète que leurs enfants n’auront pas un bon avenir. « Le développement actuel va de pair avec l’instruction », laisse entendre M. Bucabambona.
Cet homme ajoute que les conséquences sont énormes pour leurs enfants. Ils sont menacés par les maladies liées à la malnutrition et à la mauvaise alimentation. Un enfant qui passe une journée sans manger s’affaiblit davantage. Ils sont souvent victimes des maladies liées à la malnutrition.
D’autres défis ne manquent pas
Béatrice Nzambimana est mère de 4 enfants. Elle raconte aussi que cette communauté Batwa fait face au problème d’accès aux structures de santé. « Nous n’avons même pas de Cartes d’Assurance Maladie (CAM). Nous n’avons pas de moyens pour s’en procurer », fait-elle savoir. Cette femme ajoute également que l’éloignement des structures de santé pose problème. La structure de santé la plus proche est à plus de 2 km, informe M. Nzambimana.
L’habitation inadéquate est un autre défi de taille auquel font face les Batwa de Rwamvura. Peu de familles possèdent des maisons avec la toiture en tôles ou en tuiles. « Pour nous qui ont des huttes, nous avons d’énormes problèmes. Nous dormons à même le sol avec tous les enfants et lorsqu’il pleut, nous sommes obligés de plier nos affaires», déplore M. Nzambimana. Cette communauté n’a pas de semences pour la production des céréales, des tubercules, des féculents et des légumes sur les terres domaniales. « Même si nous avions des terres cultivables, on fait face au manque de fertilisants et de semences ».
Elle indique que les Batwa de Rwamvura vivent du jour au jour. « Nous faisons des travaux champêtres pour le compte des autres ménages. On nous paie entre 1500 FBu et 2000 FBu par jour. Avec cet argent, J’achète des haricots, de la farine et de l’huile. Nous essayons de gagner notre vie comme ça », explique-t-elle. A part cela, Mme Nzambimana fait savoir que la communauté des Batwa pratique la poterie comme principale activité génératrice de revenus.
« La commune fait son mieux »
Anitha Nibogora, administrateur de la commune Kigamba fait savoir que cette commune fait son mieux pour le développement des Batwa de la colline Rwamvura. « C’est la commune qui leur a octroyé les terres sur lesquelles ils vivent. C’étaient des propriétés de l’Etat », précise l’administrateur de la commune Kigamba avant d’ajouter que même les maisons modernes qui s’y trouvent ont été également construites avec l’appui de la commune. Ceux qui habitent dans les huttes sont venus après, révèle-t-elle. Elle signale aussi que la commune paie les frais pour les soins de santé pour ceux qui sont incapables de les payer.