Rien ne va désormais ni ralentir ni arrêter l’utilisation des réseaux sociaux dans la communication actuelle. Dans tous les pays du monde entier, les populations sont confrontées à une forme de surinformation. Si l’internet a soutenu le développement et l’épanouissement des cultures, il s’agit tout de même d’un espace où les criminels de tout acabit sont libres d’agir.
Si l’afflux vers les réseaux sociaux favorise le développement, il est important de rappeler qu’il s’agit d’un monde ouvert à tous. Comme les affairistes normaux, les criminels de tout acabit y sont légion. Des messagers de la haine et des escrocs y élisent aussi un champ d’action assez libre et suffisamment élargi.
Si la population burundaise adopté le numérique comme c’est le cas pour le monde entier, le web pourrait influer sur le mode de vie des Burundais et servir dans la transmission de l’histoire sombre du pays. Les accros aux réseaux sociaux sont en même temps héritiers des conflits identitaires nationaux et sous régionaux », prévient Dr Abbé Dieudonné NIYIBIZI dans un exposé qu’il a présenté dans un atelier d’échange entre le CNIDH et les responsables des médias sur l’état des lieux des activités des médias et le cadre normatif y relatif en février 2023. Il revient surtout sur la fragilité de la société burundaise. Pour cet expert, le Burundi est un pays au passé imparfait, au passé qui ne passe pas et dont les effets se sentent encore dans le présent. En effet, des gens en mal de propager ouvertement les messages de haine trouvent le moyen de le faire sans assumer leur action via internet. A part les individus, NIYIBIZI pointe du doigt la responsabilité des médias. « Les médias, surtout ceux en ligne qui échappent à la régulation sont souvent teintés de manque criant de professionnalisme tandis que d’autres se font remorquer politiquement », explique-t-il.
Les réseaux sociaux gagnent du terrain
Apparus dans les années 90, les réseaux sociaux sont aujourd’hui à leur paroxysme et leur influence dans le monde est très considérable. Les statistiques offertes par le site Statista sont très parlantes à ce sujet. A la fin de l’année 2022, plus de 58 % de la population mondiale étaient présents sur les réseaux sociaux. Les réseaux Facebook, Whastapp et You Tube sont de véritables empires avec des populations d’utilisateurs de loin supérieures à celle de la première puissance populaire de la planète en nombre, l’Inde. En novembre 2022, les publications du département de recherche de Statista montraient que 2.934 millions de personnes utilisaient Facebook alors que le nombre d’utilisateurs de You Tube et Whatsapp s’élevait respectivement à 2.515 et 2 000 en 2022. Au Burundi, on observe l’affut vers le web. La pénétration à l’internet dépasse 21%. Ces données montrent tout simplement à quel point les réseaux sociaux sont influents dans le monde d’aujourd‘hui.
Quid des mécanismes de lutte contre la propagation des messages de haine ?
Selon l’Abbé Niyibizi, la lutte contre les messages de haine est une question essentiellement d’éducation, de surveillance et d’alerte. Il affirme que la lutte contre les messages de haine s’inscrit dans la droite ligne des valeurs humaines, sociales et spirituelles.
Mais, la bonne volonté ne suffit pas. Il faut aussi une loi pour réprimer les crimes commis sur les différents cyberespaces. Au Burundi, une loi a été mise en place pour lutter contre la diffusion via internet des messages de haine. Le 49eme article de cette loi promulgué en mars 2022 portant prévention et répression de la cybercriminalité au Burundi est claire. Selon cet article, ce genre d’infraction est puni d’une servitude pénale allant jusqu’à 10 ans. Cette peine pouvant être multipliée par deux en cas d’incitation à la haine ou à la violence.