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Les éleveurs de porcs en alerte rouge

Une maladie non encore déclarée sème la panique chez les éleveurs de porc. Les bêtes infectées présentent des symptômes assimilables à ceux de la peste porcine. Les éleveurs crient au secours pour endiguer la propagation de la maladie et minimiser les pertes économiques. Reportage

La porciculture offre de nombreux avantages, notamment la production du fumier, des revenus et de la viande. Cependant, elle nécessite un engagement considérable pour garantir la santé animale, assurer leur alimentation et maintenir la propreté de la porcherie.

L’élevage des porcs est en vogue dans les zones périurbaines. Les éleveurs profitent de la révolution des habitudes dans les milieux ruraux pour gagner de l’argent. Par conséquent, le prix d’un porc adulte oscille entre 500 000 et deux millions de BIF. L’autre raison est que les éleveurs ont la facilité de collecter les restes dans les différents quartiers de la capitale pour compléter le fourrage. Cependant, ce business se heurte parfois à des obstacles notamment les épizooties récurrentes et le manque criant de médicaments.

Les éleveurs de Ruyaga sous le choc

Un éleveur de porc rencontré à la colline Kibande de la zone Ruyaga dans la commune Kanyosha en province de Bujumbura ne cache pas ses inquiétudes par rapport à la maladie qui a déjà décimé des porcs chez ses voisins. Il demande aux agents de santé communautaires d’agir dans les plus brefs délais. Il y a trois jours un de mes quatre porcelets a passé toute une journée sans rien manger. « J’ai vite compris qu’il est tombé malade. Je crains la peste porcine, une maladie dangereuse qui peut décimer tout un troupeau en laps de temps », s’indigne-t-il tout en se remémorant l’expérience douloureuse du passé.

Ce sexagénaire a révélé qu’il se heurte à de nombreux problèmes dans l’élevage, y compris des maladies parfois inconnues qui attaquent les porcs. Il a souligné qu’il n’est pas facile d’identifier la maladie ni d’obtenir les médicaments nécessaires pour lutter contre celle-ci. D’où la nécessité de garantir la disponibilité des médicaments pour prévenir les maladies qui affectent les porcs.

« J’ai pris la décision d’arrêter l’élevage des porcs au moment où une maladie venait de décimer mes trois porcs », a-t-il indiqué avec désarroi. Il a précisé que parmi ses porcs (deux truies et un verrat) morts, les truies étaient prêtes à mettre bas. Malheureusement, chacune d’elles est décédée avec ses six porcelets. Ces deux truies ont donc perdu au total 12 porcelets qui étaient sur le point d’être mis bas. Il a ajouté qu’il ne restait que deux semaines avant qu’ils soient mis bas.

Diverses maladies attaquent les porcs

Notre interlocuteur appelle les autorités à se saisir de la question pour endiguer la propagation d’une maladie déjà déclarée dans leur localité. Il soupçonne la pathologie connue sous le nom de « Kavuna » qui touche actuellement les porcs. Selon lui, cette maladie est particulièrement mortelle et transmissible. Un porc infecté peut décéder dans les 48 heures qui suivent l’apparition des premiers symptômes. Cette situation engendre des pertes considérables d’autant plus qu’il est interdit de consommer la viande des porcs décédés dans ce contexte.

Les maladies affectant les porcs sont variées et dans certains cas échappent à tout contrôle. A titre d’exemple, la commune de Kinyinya située dans la province de Ruyigi a récemment été confrontée à des décès de porcs en série en raison d’une maladie encore inconnue. Les autorités locales stupéfaites par l’ampleur des dégâts (cinq porcs en une seule journée et quatre autres dans les deux jours suivants) ont décidé de suspendre l’abattage et la consommation de la viande de porcs dans la région. Cette décision a été prise pour permettre aux vétérinaires de mener des enquêtes approfondies sur cette maladie mystérieuse afin de protéger la santé animale et celle des consommateurs.

Dans ce contexte, nous avons pu contacter Désire Ntakirutimana, directeur de la santé animale au ministère en charge de l’élevage. Il nous a informés qu’une équipe avait été envoyée à Ruyigi pour prélever des échantillons en relation avec cette épizootie. Toutefois, la maladie demeure encore inconnue. Bien que les épizooties surviennent à travers tout le territoire, Ntakirutimana souligne les efforts fournis par ce ministère en faveur de la santé animale.

La porciculture, un business rentable

L’élevage des porcs présente de nombreux avantages, notamment la production du fumier, des revenus et de la viande. C’est ce qui motive le porciculteur de la colline Kibande d’exercer cette activité malgré les risques qui lui sont rattachés. Il possède désormais quatre porcs et affirme que la porciculture constitue une source de revenus pour ceux qui en dépendent.

Il a partagé son expérience, soulignant au passage que cette activité lui a permis de subvenir aux besoins de ses treize enfants. Malgré la cherté des intrants et les épizooties récurrentes, l’élevage des porcs est rentable. En effet, un seul porc peut donner naissance à plus de dix porcelets.  Actuellement, le prix d’un porcelet atteint 100 000 FBu. Toutefois, l’accès à la nourriture pour les animaux(porcs) demeure un défi. L’éleveur consacre quotidiennement 3 000 FBu à l’alimentation de ses porcs et il s’approvisionne en aliments pour porcs à Musaga dans la mairie de Bujumbura.

Selon lui, la porciculture exige du courage pour veiller à la santé des animaux, assurer leur alimentation et maintenir la propreté de la porcherie. « Il n’y a pas de rose sans épine », a-t-il rappelé tout en soulignant que l’élevage des porcs revêt une importance capitale, car il permet de générer des revenus essentiels pour répondre à d’autres besoins.

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