Un étranger voulant séjourner au Burundi dans un hôtel sera désormais facturé en devises pour ses frais d’hôtel. Les propriétaires des hôtels doivent revoir la fixation de leurs tarifs et collecter les recettes en devises. Le secteur peut contribuer à drainer les devises qui font défaut au pays
La mesure a été communiqué lors d’une réunion conjointe de deux ministères, à savoir celui des Finances, du Budget et de la Coopération au Développement Économique et celui du Commerce, du Transport, de l’industrie, et du Tourisme avec les propriétaires des hôtels. Ces derniers doivent revoir la fixation de leurs tarifs et collecter les recettes en devises. Une décision qui a ravi les responsables des hôtels. Toutefois, ces derniers sont priés d’ouvrir des comptes en devises dans les banques commerciales et de rejoindre la plateforme numérique mise en place par le commissariat général des migrations.
Audace Niyonzima, ministre des Finances explique qu’il se manifeste une rareté artificielle des devises suite à la volonté des détenteurs de devises de les conserver dans les coffres. Ils thésaurisent les liquidités. L’objectif a d’incité les propriétaires à verser leurs recettes en devises dans les banques pour permettre une gestion appropriée.
Une mesure prise dans l’optique d’appliquer la réglementation de change
Les propriétaires des hôtels demandent qu’une note officielle soit dressée pour qu’il leur serve de preuve. Le ministre des Finances leur a expliqué que la note n’est pas nécessaire du moment que la mesure est prévue dans les dispositions de la réglementation de change, mais qu’il n’était pas appliqué jusqu’ici justifiant également que tout voyageur est censé savoir qu’il paie les frais d’hôtel en USD. Mais, il a ajouté que s’il s’avère nécessaire, le ministère de tutelle s’en chargera
Il est primordial de connaître les devises qui proviennent du secteur du tourisme, dit le ministère des Finances. Le mois de février a été considéré comme mois témoin de cette mesure. « Après le mois de février, nous examinerons les résultats, c’est-à-dire le nombre de touristes qui ont séjourné dans les hôtels et les rentrées en devises. Cela va faciliter la constitution d’une base de données dans le secteur touristique et la connaissance des mesures à prendre pour augmenter sa contribution dans l’économie du pays », fait savoir le ministre Niyonzima.
Une occasion de relever les défis qui hantent le secteur touristique
Les propriétaires des hôtels ont insisté sur le fait que les touristes qui viennent au Burundi ne viennent pas pour contempler leurs hôtels. Ils viennent visiter les lieux attractifs du pays. Malheureusement, ces sites ne sont pas entretenus et les routes qui y mènent sont défectueuses. Marie Chantal Nijimbere, ministre en charge du tourisme a promis que parmi les priorités du gouvernement, figure celle de se doter des infrastructures qui permettront d’attirer les investisseurs et également les visiteurs.
Les propriétaires des hôtels ont évoqué le problème de la non harmonisation des taxes pour les hôtels de la ville Bujumbura et ceux des autres communes du pays. Les hôtels de l’intérieur du pays paient une taxe pour le bar, le restaurant et l’hébergement alors que le bar et le restaurant ne servent que les quelques clients qui demandent l’hébergement.
Denis Nshimirimana, secrétaire général de la CFCIB fait savoir que le secteur hôtelier a connu un déclin depuis la crise de 2015 avec le retrait des bailleurs de fonds du Burundi. Le tourisme des conférences et des colloques faisait gagner les hôtels plus que le tourisme de loisir. « Je demanderais au ministre en charge du tourisme de préparer les états généraux du tourisme pour identifier toutes les barrières qui font que le secteur reste handicapé et les mesures à prendre pour le revigorer », sollicite-t-il.