Le pays ayant plus d’égalité des genres a une meilleure croissance économique. L’égalité pour les femmes signifie le progrès pour tous. C’est ce qui ressort d’une conférence-débat organisée conjointement par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et l’Université du Burundi dans le cadre du mois dédié à la femme
« Le choix de l’université du Burundi d’organiser conjointement cette activité montre que notre institution constitue l’un des partenaires privilégiés du Pam », a indiqué Pr. François Havyarimana, recteur de l’UB. Pour lui, c’est une bonne occasion pour les étudiants d’acquérir des informations suffisantes en rapport avec la protection sociale et le rôle de la femme dans le développement du pays. « Je ne doute pas que nos étudiants vont non seulement enrichir les discussions mais également vont saisir cette occasion pour considérer ce sujet comme un aspect qu’il faudrait privilégier dans leurs travaux de recherche », a-t-il ajouté.
Le coordonnateur résidant du système des Nations unies au Burundi, M. Garry Conille a rappelé dans son mot d’ouverture de la conférence-débat que la protection sociale couvre l’ensemble des Objectifs de développement durable (ODD). «Nous n’atteindrons pas les ODD sans prendre en compte la situation particulière des femmes et des filles dans tous les domaines», a-t-il souligné avant d’appeler les étudiants de l’université du Burundi à mettre leurs cerveaux et leur capacité à innover au service des vulnérables.
La protection sociale au féminin, un constat amer
Le genre est un concept sociologique qui fait la promotion des droits égaux pour les femmes et les hommes. Cette approche améliore l’accès d’expression et de pouvoir, au capital humain incorporé et aux facteurs de production.
Selon M. Callixte Nizigama, doctorant de l’université du Burundi et de l’université catholique de Louvain, membre du panel qui a fait une présentation sur un système de protection sociale sensible au genre,74% des personnes qui évoluent dans le secteur informel en Afrique subsaharienne sont des femmes (données de 2016), alors que le secteur informel figure parmi les secteurs non couverts par la protection sociale, à côté des non-salariés, des diplômés confondus avec les chômeurs, des vulnérables et des indigents. Il s’ensuit que leurs grossesses et maternités ne sont pas couvertes par la protection sociale et qu’elles ont un allaitement « à jeun », ce qui les expose à la pauvreté à perpétuité.
«Il faut innover le système en le rendant plus sensible au genre et l’étendre au secteur informel, mener des études approfondies et faire un plaidoyer sans oublier de réformer la législation et des campagnes de sensibilisation», a-t-il mentionné.
La législation doit aussi intervenir
« La protection sociale peut être définie comme un ensemble de mesures publiques ou privées qui visent à réduire la pauvreté et les vulnérabilités économiques et sociales », fait savoir Paul Claudel Rubeya, directeur technique au Programme National de la Protection Sociale (PNPS). Elle comprend deux branches à savoir ; la branche contributive (assurance sociale) et la branche non-contributive (assistance sociale et les services d’action sociale). Le socle de protection sociale doit couvrir tous les citoyens en général en garantissant un accès à un ensemble de services de santé essentiels (alimentation, éducation, soins de santé) définis à l’échelon national.
Des défis qui minent le domaine de la protection sociale
Parmi les défis relevés par M. Rubeya, il y a une faible couverture de la population (programmes santé et autres programmes contributifs et non contributifs), le ciblage et l’intégration de la dimension genre, la faible coordination des programmes, financement des programmes et faible capacité de suivi et évaluation des programmes de protection sociale.
La protection sociale est un instrument prouvé de lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité. Les dépenses de protection sociale sont des investissements et contribuent au développement inclusif et au renforcement de la cohésion sociale. C’est un terrain encore vierge d’où il y a des opportunités pour les recherches et des travaux académiques.