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Les femmes en quête de leur autonomie financière

Les femmes burundaises ne se cachent plus derrière le rideau des mentalités sociales. Au Burundi, le monde des affaires s’ouvre peu à peu à elles et l’absurdité sociale d’hier qui condamnait la femme à rester coincée entre les murs de l’enclos familial craque

Toutes ces femmes que vous rencontrez dans différents points de vente de Bujumbura ne travaillent pas pour leurs maris. Certaines d’entre elles ont créé leur propre business et font les mêmes courses que les hommes, se livrant une concurrence sans merci pour gagner plus. Comme c’est le cas dans d’autres domaines, le destin de la société range désormais la femme burundaise à côte de l’homme dans le métier de commerce. Lâchée peu à peu par les chaînes de vieilles mentalités de la culture burundaise qui la reléguait au second rang par rapport à l’homme dans la gestion des affaires, elle se taille actuellement une place dans le commerce international et le fait aussi bien que l’homme. Un niveau de vie acceptable, l’autonomie ou la liberté financière sont les principales raisons qui poussent les femmes à se lancer dans les affaires.

Les femmes sont aussi courageuses que les hommes

Dans le commerce international, comme les hommes, les femmes font face à certains problèmes. Lysa Annick Iradukunda, jeune femme vendeuse d’habits dans l’une des galeries du centre-ville de la capitale économique Bujumbura  affirme que les femmes sont présentes dans les affaires même si elles y occupent encore une infime partie.  Pour cette jeune femme expérimentée de quatre ans dans le commerce, il ne devrait pas y avoir de problèmes propres aux femmes dans ce métier.

Au Burundi, les femmes se taillent une place dans le monde des affaires et le commerce international ne leur est pas inconnu.

Cependant, elle relève certains problèmes liés à la nature même de la femme. Se passant du commerce international, elle donne l’exemple des difficultés rencontrées dans la vente de la friperie qui exige de se lever tôt pour se rendre sur les lieux d’approvisionnement. Pour elle, se lever très tôt et tenir dans les bousculades n’est pas chose facile quand une femme est enceinte.    

Regards croisés sur le mariage des femmes commerçantes

Pourtant, elle indique que certains maris tolèrent difficilement le fait que leurs femmes font les voyages d’affaires à l’étranger. Les suspicions en rapport avec la fidélité dans le mariage s’invitent souvent dans les ménages. Ce qui peut être à la source des différends pouvant parfois aboutir au divorce. Selon Iradukunda, certaines femmes opérant dans le commerce international sont parfois victimes de leur métier. Certains maris soupçonnent leurs femmes, car ces dernières sont obligées d’entretenir des relations avec de nombreuses personnes et de voyager souvent à l’extérieur du pays pour leurs affaires. Iradukunda n’oublie pas de mentionner l’esprit de liberté financière qui habite celles qui se sont habituées à vivre dans l’indépendance totale. Ce qui est en désaccord avec les hommes parfois plus conservateurs qui veulent une femme économiquement soumise. «Le projet de mariage peut ne pas être prioritaire parce qu’on se sent à l’aise quand on ne doit rien quémander. Je dois choisir quelqu’un qui semble comprendre mon travail», tente-t-elle d’expliquer.

Cette jeune femme mère d’un enfant semble avoir l’air d’une personne sans soucis du lendemain. Quant aux problèmes liés aux harcèlements sexuels  auxquels ces femmes peuvent faire face lors du voyage ou du séjour à l’étranger, cette femme fait savoir que rien ne peut arriver à une femme si elle n’est pas consentante. « Sauf certaines femmes qui ont la mauvaise habitude de faire payer leur facture de consommation par quelqu’un d’autre qui peuvent connaître une mauvaise aventure…, sinon cela dépend de la personnalité de tout un chacun », lance Iradukunda toute évasive.

S’exprimant sur les relations entre les femmes et les hommes d’affaires de son milieu, elle témoigne de l’existence d’un bon climat. « On dirait que nous travaillons en association. Chacun peut vendre pour l’autre en totale amitié surtout qu’on ne vend pas les mêmes types et les mêmes marques d’habits.»

Nous avons voulu savoir ce que les hommes en pensent. Pour Richard Ntibazonkiza, un trentenaire lauréat d’université et chauffeur de taxi, se marier avec une femme commerçante ne devait pas faire objet de polémiques. « Le mariage est tout d’abord basé sur la confiance réciproque. Personne ne peut surveiller sa femme et le commerce est un métier comme tant d’autres », explique-t-il.  Un autre homme ayant requis l’anonymat n’y va pas à quatre chemins. Pour lui,  pas question d’épouser une femme qui peut passer des jours dans les hôtels. « Non…les femmes sont fragiles. Laisser sa femme entrer dans le monde des affaires serait l’envoyer dans la prostitution », dit-il. De toutes les façons, un pas est déjà fait et le retour en arrière n’est plus possible malgré certains obstacles qui se dressent sur la route.

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