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Les ménages en panne sèche 

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

La pénurie d’eau potable entre dans une nouvelle phase avec la panne signalée sur le grand conduit d’amené sur la Ntahangwa. Toute la partie Nord à l’exception des zones desservies par les sources d’eau souterraines ou gravitationnaires est privée d’eau potable depuis une semaine. Les techniciens de la REGIDESO tentent de rétablir l’alimentation en eau, mais en vain. Cette panne signalée sur le tuyau gros calibre complique la tâche aux techniciens qui ont mobilisé leur arsenal. Malgré les promesses du ministre de l’Energie de normaliser la situation, des milliers d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable. Le spectre de la propagation des maladies liées au manque d’hygiène se dessine. Les gestionnaires des lieux publics tels que les restaurants, les débits de boissons et les hôtels, les écoles ou encore les églises doivent rester vigilants.

La pénurie d’eau potable est lourde de conséquences. Les habitants sillonnent les quartiers à la recherche d’un point d’eau. Les images des femmes et des enfants qui puisent les eaux de surface qui s’infiltrent via les parois des caniveaux a fait le tour des réseaux sociaux. L’opinion est choquée par cette pénurie généralisée de cette ressource indispensable à la vie. Ceux qui ont des moyens circulent avec des bidons ou des bacs plastiques pour rentrer avec de l’eau dans leurs voitures. D’autres font la queue à longue de journées devant les robinets publics rattachés aux pompes des eaux de la nappe phréatique récemment installées par les ONGs humanitaires. Parallèlement, une dizaine de camions citernes de la police ont été dépêchés dans la zone touchée pour atténuer les effets.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Le manque criant d’eau potable profite en partie aux fabricants des eaux minérales qui écoulent facilement leurs stocks.  Les taxi-vélos reconvertis en transporteurs d’eau vendent cette denrée rare comme beau leur semble. Les prix combien prohibitifs poussent une partie de la population à faire recours aux cours d’eau et aux rivières qui traversent la ville de Bujumbura au péril de leurs vies. Comme mesures préventives, une des institutions universitaires a momentanément suspendu ses activités académiques le temps que la situation se rétablisse. Les humoristes caricaturent la situation en évoquant les souvenirs des beaux vieux temps où les enfants se mouillaient sous l’averse. Ainsi, les habitants des quartiers sans eau collectent les eaux de pluies dont ils font bon usage en cette période pluvieuse. Malheureusement, le caractère imprévisible de la pluviométrie ne permet pas de miser sur cette source. Les ménages dotés des dispositifs de captage des eaux de la nappe phréatique permettent aux habitant de tenir pendant quelques jours.

L’eau c’est la vie. Encore faudra-t-il que la population ait accès a cette ressource rare dans un pays à réseau hydrographique très dense. Cette pénurie montre l’urgence de réhabiliter le réseau et de diversifier les sources d’eau potable. La libéralisation du secteur pour attirer les investisseurs vers les programmes WASH est à encourager dans un contexte d’investissements publics limités.

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