Les prix des produits de première nécessité affichent une courbe ascendante. Les prix des céréales augmentent du jour au jour. Le riz importé à partir de la Tanzanie enregistre une augmentation de 300 FBu par kilo en l’espace d’une semaine. Il en est de même pour les haricots dits jaunes et les grains de maïs qui augmentent respectivement de 400 FBu et 100 FBu sur le marché. La saison culturale 2023 A connait des défis en termes d’approvisionnement en intrants et un déficit hydrique important. Le pire est à craindre à la veille des fêtes de fin d’années.
Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Les fournisseurs de ces produits parlent d’une dépréciation du FBu par rapport au shilling tanzanien qui est rattaché au billet vert. Le marché noir finance les importations à hauteur de 74%. Les mesures prises pour atténuer les effets de l’inflation tardent à se concrétiser. Les grains de maïs demeurent rares et plus chers malgré le feu vert du gouvernement d’importer ce produit. Pour les commerçants, la situation risque de perdurer d’autant que les exportations tanzaniennes de maïs viennent à compte-gouttes. Ce pays veut à tout prix protéger le marché. La dislocation des chaines d’approvisionnement perturbe les importations. Les importateurs évoquent les coûts élevés de transport élevés, les barrières non tarifaires pour s’approvisionner en Ouganda.
Les informations relayées par Business Daily Africa puis reprises par l’agence Ecofin montrent que l’insécurité alimentaire guette la sous-région. La sécheresse prolongée bouleverse le commerce transfrontalier entre les pays membres de l’Afrique de l’Est. Le gouvernement tanzanien a décidé de geler l’octroi des permis à l’exportation du maïs. Cette restriction commerciale est motivée par la faible récolte anticipée cette année du fait de la sécheresse. Le premier fournisseur de cette céréale en Afrique de l’Est table sur une production de 5,9 millions de tonnes contre 7 millions de tonnes un an plus tôt. Cette situation devrait réduire le surplus exportable à seulement 100 000 tonnes contre 800 000 tonnes l’année dernière.
Le Burundi n’est pas le seul pays touché. Le Kenya fait également face à une flambée des prix du maïs sur le marché intérieur en raison de la sécheresse. De surcroît, les exportateurs ougandais préfèrent envoyer leurs cargaisons vers le marché sud-soudanais en raison de tarifs plus attractifs. Les industriels font pression sur les autorités pour imposer des restrictions afin de protéger l’industrie locale. Le pays du «vieux avec un chapeau» attend une production céréalière de 2,5 millions tonnes de maïs cette année, soit une régression de 50%, rapportent nos confrères de l’agence Ecofin.
La régulation des prix de certaines denrées alimentaires n’arrive pas du tout à stabiliser les prix pour autant. «Toute mesure qui entraîne la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs est absolument défavorable à l’économie dans son ensemble», a réagi professeur Léonidas Ndayizeye, chercheur et enseignant à l’université du Burundi lors d’une édition spéciale sur le libéralisme économique.
D’ailleurs, il est déconseillé aux pouvoirs publics d’intervenir dans la fixation des prix, surtout lorsque les produits ne sont pas stratégiques. Pour lui, l’intervention des pouvoirs publics dans la fixation des prix constitue un frein au libéralisme économique.