L’opacité observée dans la gestion du secteur minier inquiète plus d’un. Malgré que le Burundi dispose d’un grand potentiel minier, celui-ci demeure sous-exploité et pas mal de défis pèsent sur ce secteur porteur de croissance économique. Les détails dans ce numéro
Le Burundi a un grand potentiel minier. Néanmoins, celui-ci reste sous-exploité et pas mal de défis pèsent sur l’industrie minière, déplore Boaz Nimpe, secrétaire exécutif de l’association des banques et établissements financiers (ABEF) jeudi le 9 décembre 2021 dans un atelier organisé par l’ABUCO-TI Burundi en collaboration avec le ministère ayant les mines dans ses attributions. Le secteur minier a un rendement fiscal faible malgré son potentiel énorme. Malgré cette situation, sa contribution au Produit Intérieur Brut (PIB) demeure insignifiante. Le rapatriement des devises issues de l’exploitation des mines et la traçabilité des produits minéraux, artisanaux et des carrières restent toujours des questions pendantes. De plus, ce secteur est sujet à une multitude de documents administratifs qui entrainent des lourdeurs au niveau des formalités dans l’obtention des permis et des titres miniers.
Selon Nimpe, l’amélioration de la coordination des différentes institutions impliquées dans le secteur minier et la signature des mémorandums d’entente avec les pays où sont exportés les minerais en provenance du Burundi sont d’une impérieuse nécessité. Dans ce sens, on pourra réussir dans la déclaration des quantités de minerais disponibles à l’exportation. Cela permettra de se rendre compte s’il y a eu des fuites de minerais ou pas dans toute la chaine minière.
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La mise en place d’une assistance technique, plus que nécessaire
Le pays a besoin d’une assistance technique dans la négociation des contrats miniers gagnant-gagnant, car la question minière est très complexe. On ne dispose pas d’experts capables de le faire ici au Burundi. Le peu de ces derniers formés à l’Université du Burundi sont allés travailler en Guinée Conakry parce qu’il n’y avait pas d’opportunités au Burundi. De plus, ceux qui ont été envoyés en Roumanie pour être formés dans le secteur minier vont partir à la retraite cette année. Selon lui, cela montre que le pays ne dispose de plan de développement pour avoir les expertises nécessaires. On n’a pas besoin de compagnies minières qui viennent embarquer notre terre dans les conteneurs pour aller la traiter chez elles. Il s’agit d’un vol légalisé. Selon lui, ces compagnies devraient s’installer ici au Burundi pour partir avec le produit final.
Le renforcement des capacités, une nécessité
Selon Jean Bosco Muhunga de l’association des parlementaires du Burundi, le renforcement des capacités du personnel œuvrant dans le secteur minier est aussi une nécessité. Selon toujours lui, il faut une certaine adéquation formation-emploi dans ce secteur. Cet honorable se demande ce qui est en train d’être fait au niveau du gouvernement pour que les ressources minières dont dispose le Burundi ne soient pas exploitées par les étrangers seulement. Selon lui, il n’est pas facile d’espérer atteindre les résultats escomptés sur toute la chaine minière sans qu’on n’y intègre les experts nationaux. Selon toujours lui, tenir compte du renforcement des capacités dans toute la chaine minière est plus qu’une nécessité, notamment en matière de droit minier, d’économie minière, de géologie, de machinisme, de métrologie, etc.
Selon le sénateur Jean Marie Nibirantije, il y a une commission de lutte contre le blanchiment d’argent dans le secteur minier. Toutefois, les membres de cette commission disparaissent un à un du fait que c’est un secteur sensible. De plus, on nous ment sur la teneur des minerais disponibles. Ce qui est fort déplorable pour le pays. Selon lui, les laboratoires nationaux devraient être renforcés pour pouvoir faire des analyses dans ce secteur.
L’OBM éclaire
Celui qui a représenté l’Office Burundais des Mines et des Carrières (OBM) affirme que le gouvernement est à l’œuvre pour développer le secteur minier. Il fait savoir que le gouvernement en est conscient pour passer de l’exploitation minière artisanale à l’exploitation minière semi industrielle. Selon lui, cette tâche est une priorité pour le gouvernement. On a souligné cela dans le PND 2018-2027. Avec la mise en œuvre de ce plan, il indique que les résultats vont se faire sentir. Selon toujours lui, concernant le renforcement des capacités en matière de négociation des contrats ont eu lieu avec l’appui de la Banque Mondiale. Il affirme que ce travail est d’ailleurs en cours, car on n’a pas de spécialistes en la matière. Quant à l’élaboration d’un plan national de renforcement des capacités sur la problématique de gestion de toute la chaine minière au Burundi, il indique qu’un pas a été franchi pour les minerais dits 3T (Cassitérite, Wolframite et Coltan). La gestion de toute la chaine se fait depuis l’exploitation jusqu’à la commercialisation. Nonobstant, là où le bât blesse, c’est au niveau de la gestion de la chaine pour les autres minerais comme l’Or.
Pierre Nduwayo, président de l’ABUCO-TI Burundi a fait savoir que la transparence dans tous les secteurs du pays en général et dans le secteur minier en particulier devrait être le mot d’ordre afin que toute la population en tire les dividendes.