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La liberté de la presse au Burundi : Pourvu que ce léger mieux dure

Malgré des avancées significatives en matière de liberté de la presse au Burundi, il y a encore des administratifs qui considèrent encore les journalistes comme des ennemis. Selon le Président de la République du Burundi, les autorités qui fuient les journalistes ont des magouilles qu’elles cachent. Faciliter le travail des journalistes permettra de renforcer la bonne gouvernance    

« Les autorités civiles, policières et militaires sont priées de laisser passer le porteur de la présente et de lui apporter secours en cas de besoin », lit-on sur la carte de presse dont dispose chaque journaliste d’un medium reconnu par le Conseil National de la Communication (CNC). Malgré cette mention légale édictée par un organe du gouvernement du Burundi, certains administratifs considèrent les journalistes comme des ennemis à éviter. 

Les exemples ne manquent pas. On citerait à titre d’exemple le gouverneur de la province de Karusi, Mme Calinie Mbarushimana qui s’est permis de renvoyer le journaliste Raïssa Liliane Inamahoro quand elle se rendait dans cette province pour chercher des informations. Le tour suivant a été celui d’Antoine Izompa de la radio Izere FM de Rumonge. Tout cela malgré que ces journalistes avaient suivi toutes les étapes requises pour pouvoir travailler dans une province. Ils disposaient également des documents requis dont la carte de presse.

L’article 45 de la loi régissant la presse au Burundi stipule que le journaliste a le droit d’exercer son métier en toute indépendance sur le territoire burundais.

Encore un cas d’interpellation d’un journaliste

Blaise Pascal Kararumiye, correspondant de la Radiotélévision Isanganiro dans cette même province est dans le viseur de l’autorité provinciale. Deux fois de suite, il a été convoqué pour s’expliquer sur une information qu’il avait donnée. Etonnamment, cette information n’a jamais été démenti. Il lui a été exigé de chaque fois soumettre l’information traitée à l’autorité concernée pour vérification avant sa diffusion.

« Les autorités administratives n’ont pas la latitude d’exiger aux journalistes de leur montrer l’information traitée avant sa diffusion », précise Alain Désiré Bukeyeneza, directeur a.i de la radiotélévision Isanganiro. Ce que confirme Me Gérard Ntahe, expert en droit de la presse. « Chaque personne lésée par une information diffusée a le droit de réponse. La première chose à faire ce n’est pas de se confier à la justice. Celui qui est lésé par une information devrait d’abord demander au journaliste de rectifier l’information.

Une avancée significative

Malgré ces défis, il y a eu des avancées significatives en matière de liberté d’expression en général et de liberté de la presse en particulier comparativement aux années antérieures. Cela a été dit par Nancy Ninette Mutoni, porte-parole du parti CNDD-FDD et témoigné par certains journalistes. Selon cette porte-parole, la liberté de la presse est fondamentale pour la promotion d’un Etat de droit en démocratie. « Ici au Burundi, l’Etat de droit est assez satisfaisant même si c’est un combat de tous les jours », précise-t-elle.

Selon Hamza Venant Burikukiye, porte-parole de la plateforme intégrale de la société civile « PISC-Burundi », le fait qu’on entend plus des journalistes incarcérés ou interpellés par la justice témoigne que le pas franchi dans la liberté de la presse au Burundi est satisfaisant.

Encore un chemin à faire

La carte de presse délivrée par le CNC garantit normalement l’accès inconditionnel à l’information. L’article 45 de la loi régissant la presse au Burundi stipule que le journaliste a le droit d’exercer son métier en toute indépendance sur le territoire burundais. Pourtant, les journalistes sont obligés de se présenter aux bureaux provinciaux ou communaux pour signaler leur présence avant de commencer leur travail ; une pratique qui rend difficile le métier de journaliste.

Faustin Ndikumana, directeur national de l’ONG locale Parole et Action pour le Réveil des Consciences et le Changement de Mentalités (PARCM), regrette que certaines autorités publiques ignorent le rôle des médias. Selon lui, faciliter le travail des journalistes permet de renforcer la bonne gouvernance. Il recommande que tous les obstacles soient levés en vue de permettre aux journalistes d’exercer librement leurs métiers. Il suggère cependant la mise en place d’une loi facilitant l’accès à l’information et la reconnaissance du journalisme d’investigation. 

Lors de la première rencontre du Président de la République avec les médias le 10 mai 2020, le mot d’ordre était « Jamais sans les médias ». Il a demandé à chaque responsable de communiquer. Car, disait-il, « celui qui fuit les journalistes a des magouilles à cacher ».

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