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Licenciement de tous les comptables communaux, quelle suite ?

La machine anti-corruption est en marche. Les percepteurs de taxes tombent dans les mailles du filet. Après les résultats du mois témoin de collecte des recettes, tous les comptables communaux ont été remerciés. Le ministre affiche sa ferme volonté d’en découdre avec les fonctionnaires corrompus. Un travail salutaire mais la société civile réclame des poursuites judiciaires pour toute personne impliquée dans les affaires de corruption

« Au cours de la semaine témoin de collecte de recettes allant du 25 au 31 janvier 2021, il ressort que le montant collecté pendant la période du 25 au 31 janvier 2021 a été de 115 073 550 FBu. Celui qui avait été collecté pendant la semaine du 18 au 24 janvier 2021 totalisait seulement un montant de 49 724 275 FBu, soit une augmentation de 131% », dixit Prosper Ntahorwamiye, secrétaire général et porte-parole du gouvernement.

Dans toutes les communes du pays, les recettes qui ont été collectées au cours du mois de mars 2021 sont évaluées à 3 269 260 814 FBu contre 1 475 982 701 FBu pour le mois de mars 2020, soit une augmentation de 121,5%, peut-on lire dans le communiqué de presse du 8 avril 2021.

Le ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité Publique CP Gervais Ndirakobuca s’est engagé à traquer les fonctionnaires corrompus et/ou coupables de malversations économiques.

Un licenciement avec effet immédiat

Sur base des résultats du mois témoin, tous les comptables communaux du Burundi sont démis de leurs fonctions notamment pour avoir handicapé la collecte de ces recettes en complicité avec les anciens percepteurs précédemment démis de leur fonction. « Il faut aussi respecter la loi au niveau du licenciement et du limogeage. Mais, le fait de démettre ces comptables communaux leurs fonctions reste une mesure salutaire », nuance Faustin Ndikumana, président de l’Ong locale Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM).

Ces comptables n’assureront plus la centralisation des recettes communales en attendant d’autres mesures de la part des organes compétents. Mois témoin de collecte des recettes communales (mars 2021) : 1.793.278.113 FBu est le montant (surplus obtenus) qui ne rentrait pas dans les caisses des communes du Burundi par rapport aux recettes collectées en mars 2020!

Un travail salutaire

Le Conseil des ministres a apprécié le travail qui a été réalisé car cela va permettre d’envisager la réforme du système de collecte des recettes communales.

« C’est une surprise et une déception de constater qu’un manque à gagner a été détourné ainsi. C’est regrettable que les communes affichent parfois une faiblesse sur le plan institutionnel.  Parfois, elles ne parviennent pas à payer à temps les salaires de leurs  fonctionnaires ou agents alors que des milliards et des milliards de FBu ont été détournés », dénonce Faustin Ndikumana.

Deux poids deux mesures ?

Pour le patron de PARCEM, les administrateurs en tant que premiers gestionnaires des affaires de la commune ne peuvent pas être étrangers à ce circuit. D’où, ceux qui ont été reconduits dans leurs fonctions doivent démissionner ou subir le même sort parce qu’ils sont incompétents, conclut-il.

Ndikumana recommande la réforme profonde du système de collecte de ces taxes, de recrutement, de formation, des moyens, de la logistique, etc. pour que le niveau déjà  atteint ne recule pas. De plus, il faut une stratégie globale de lutte contre la corruption au niveau macro politique qui intègre tous les ministères, les hauts cadres, la société civile et le secteur privé pour créer une synergie nationale anticorruption.

Cet activiste de la société civile réclame plus de proactivité de la part des institutions de contrôle (l’inspection générale de l’Etat, l’inspection des finances communales, la cour des comptes). Il estime que  le ministère de l’Intérieur, à lui seul, ne pourrait pas avoir tous les cadres compétents pour continuer à veiller à ce qu’il n’y ait pas réapparition d’autres cas similaires.

La lutte contre la corruption, un combat permanent

D’après Ndikumana, la corruption dans toutes ses formes a actuellement pignon sur rue au Burundi. Elle nécessite une énergie forte pour la combattre. Il regrette la régression de l’amour du travail honnête chez bon nombre de Burundais. « Les gens considèrent que la vie c’est toujours l’escroquerie, le détournement sans consentir aucun un effort. Ce qui encourage l’impunité. Il existe des réseaux bien organisés  qui se sont constitués et qu’il faut commencer à les casser », suggère-t-il.

Le Conseil des ministres demande à ce que les sommes collectées ne soient pas affectées dans des activités autres que celles prévues dans le Plan Communal de Développement. De plus, les membres du Gouvernement doivent faire un suivi des activités relevant de leurs ressorts qui sont exécutés dans les communes.

Asseoir les bases de la bonne gouvernance

En marge des travaux communautaires sur la construction des nouveaux bureaux de la province Ruyigi, le chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye a réaffirmé sa détermination à en découdre avec les fonctionnaires corrompus. Il a répondu aux préoccupations des citoyens. Entre autres sujet développé : le contrat d’achat des équipements au profit d’une coopérative de la localité.

Une vidéo du chef de l’Etat en ligne avec le Directeur général du Fonds d’Investissement Communal (FONIC) devient virale sur les réseaux sociaux. Ce dernier s’expliquait sur les procédures de sélection des soumissionnaires. Il a décliné toute responsabilité dans l’attribution de ce marché arguant que c’est le Pnud qui s’est chargé de l’analyse des soumissions. Pour le moment, les enquêtes sont en cours pour vérifier les irrégularités qui se trouvent dans ce dossier.

Le même jour, Norbert Rizukundi, conseiller économique de l’administrateur de la commune Ruyigi a été arrêté sur ordre du chef de l’exécutif suite à la diffamation  du ministre en charge de l’intérieur. En moins d’une année, le gouvernement affiche sa ferme volonté de lutter contre la corruption et les malversations économiques. D’où on assiste à des procès de flagrance, des licenciements des agents de police et des fonctionnaires ainsi qu’à la destitution des hauts cadres de l’Etat. On citera le commissaire général de l’OBUHA, le directeur général du budget et de la planification au ministère des Finances et de la Planification Développement Economique, le directeur général de l’Agence Routière du Burundi  et bien d’autres.

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