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L’opérationnalisation du marché des capitaux est-elle proche ?

Le marché est des capitaux pourra être opérationnel à partir du mois de juin 2024. Après la mise en place du régulateur et la création d’une société boursière (en cours), il y a tant d’étapes à franchir notamment l’agrément des intermédiaires et autres. Mais les défis ne manquent pas.

Dr. Arsène Mugenzi, directeur général de l’ARMC : « L’objectif principal du marché des capitaux est d’améliorer l’efficacité des transactions » (photo : Akeza)

« L’objectif principal du marché des capitaux est d’améliorer l’efficacité des transactions en réunissant les fournisseurs et ceux qui recherchent des capitaux en leur fournissant un lieu où ils peuvent échanger des titres », précise Dr. Arsène Mugenzi, directeur général de l’Autorité de Régulation du Marché des Capitaux du Burundi lors du lancement officiel des activités de cette structure le 09 février 2024.

Dr. Mugenzi explique les types d’acteurs sur le marché des capitaux. Premièrement, il y a les émetteurs qui se financent en mettant des titres sur le marché (ce sont généralement des entreprises et des gouvernements). En deuxième lieu viennent les investisseurs qui souscrivent les titres émis sur les marché primaires (marché à l’émission) ou qui achètent des titres revendus sur les marchés secondaires (ce sont généralement des investisseurs, des institutions et des individus). Troisièmement, les intermédiaires qui sont celles qui règlementent et qui sont soumises aux autorités de surveillance. Ce sont notamment des sociétés boursières qui veillent au bon déroulement de la cotation des valeurs. La société boursière peut intervenir pour interrompre la cotation notamment dans le cas d’irrégularité ou d’évènements susceptibles d’engendrer une spéculation injustifiée. Enfin, il y a les régulateurs qui sont des institutions qui assurent la surveillance du marché et de leurs acteurs .Ils ont pour mission de veiller à la protection des investisseurs et au bon fonctionnement du marché financier. Au Burundi, il s’agit de l’Autorité de Régulation du Marché des Capitaux (ARMC).

Pour Dr. Mugenzi, le premier rôle des marchés des capitaux est de permettre le financement des entreprises et de l’Etat, agents à déficit de financement, grâce aux investisseurs et à l’épargne des agents à excédent de capitaux, essentiellement les ménages. En plus, les marchés des capitaux jouent un rôle important pour soutenir la croissance économique en allouant les capitaux à des projets contribuant à créer des emplois, à fournir services publics, à construire des infrastructures et à stimuler l’innovation. Pour les investisseurs et les épargnants, les marchés des capitaux offrent des opportunités d’investissement et des outils de gestion des risques.

Où en est-on avec la mise en place du marché des capitaux ?

Depuis le 26 janvier 2024, la mise en place de la société boursière est en cours. « Aujourd’hui, nous sommes dans le processus de chercher la personnalité morale au niveau de l’Agence de Développement du Burundi (ADB). Après cette étape, nous présenterons le dossier d’agrément à l’ARMC afin de travailler officiellement », indique Pierre Damien Mpawenimana, représentant de la bourse du Burundi.

Mais cela ne suffit pas pour que le marché des capitaux soit opérationnel. Après la mise en place de l’ARMC et de  la bourse, il y a d’autres étapes à franchir. Ce sont notamment l’agrément des intermédiaires (courtiers, analystes conseillers en investissement, négociants, dépositaires des banques d’investissement…). A cela s’ajoutent la sensibilisation des investisseurs et des entreprises pour qu’ils apportent leurs capitaux. Malgré tout, Dr. Mugenzi estime que l’opérationnalisation effective du marché des capitaux est prévue au mois de juin 2024.

Des critiques ne manquent pas

« L’inflation est le problème numéro un pour les personnes qui veulent investir à long terme, mais  il y a aussi le problème de change », estime Faustin Ndikumana, directeur national de l’Ong dénommée Parole et Action pour le Réveil des Consciences et le Changement des Mentalités (PARCEM)

M. Ndikumana ajoute que l’état des infrastructures notamment des routes, l’électricité… entrave la volonté d’investir à long terme. L’instabilité politique et la problématique de l’indépendance de la justice sont aussi des défis de taille. Il y a un risque de politisation du marché des capitaux, à travers l’ingérence des pouvoirs publics. L’absence d’informations fiables pour permettre à la population de connaître le fonctionnement de ce marché est quelque chose à craindre.

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