Le CURDES s’inquiète du fait que l’utilisation de l’argent mobile au Burundi (11%) reste relativement faible que dans les autres pays de l’EAC. Le faible accès à l’internet, à l’électricité, aux téléphones mobiles, la sécurité du service de l’utilisation de l’argent mobile, etc sont à l’origine de cette situation
Les services financiers numériques contribuent à la création de l’emploi, à la facilitation des échanges commerciaux, le paiement des taxes et impôts.
L’utilisation de l’argent mobile au Burundi (11%) reste relativement faible par rapport aux autres pays de l’EAC, a indiqué Michel Armel Ndayikeza, professeur à l’Université du Burundi mercredi le 30 novembre 2022 lors d’un atelier organisé par le Centre Universitaire de Recherche pour le Développement Economique et Social (CURDES). Bien que le pourcentage d’utilisateurs de cette technologie soit plus élevé au Burundi par rapport à celui du Sud Soudan (1%), ce chercheur de l’UB laisse entendre qu’il est faible par rapport à celui de la Tanzanie (45%), à celui de l’Ouganda (54%) et à celui du Kenya (69%).
Selon lui, les raisons de cette situation sont entre autres le faible accès à l’électricité (12%), le faible accès aux téléphones mobiles (30%) et la faible urbanisation empêchant une amélioration rapide de la situation.
A ces défis, Constaque Hakizimana, directeur technique de l’ARCT ajoute l’accès à l’internet. La couverture de l’internet est très limitée, déplore- t- il.
La sécurité de l’utilisation de l’argent mobile n’est pas rassurante
Un autre grief concerne la sécurité. «Nous recevons beaucoup de plaintes de la part des utilisateurs des services financiers numériques», déplore- t- il. Selon lui, ce vol se fait par la ruse ou par d’autres stratégies.
De surcroît, les utilisateurs ne cessent de perdre leur argent mobile parce que leurs téléphones ont été volés. Selon l’ARCT, le bilan est alarmant. Le nombre de plaintes ne cesse d’augmenter. Au mois de juin de cette année, cet organe a recensé 3944 plaintes pour vols de téléphones mobiles contre 1533 en janvier 2020, soit une hausse de 153,2%.
D’après les données fournies par le directeur technique de l’ARCT, au cours du premier semestre de cette année, plus de 16500 plaintes ont été recensées. De janvier 2020 à juin de cette année, 54742 victimes de vol de téléphones mobiles ont été enregistrées.
Selon la direction technique de cette agence, les plaintes ne cessent d’augmenter malgré les mesures que cet organe de régulation a prises en collaboration avec les opérateurs de la téléphonie mobile et la police pour lutter contre ce fléau.
Malgré ces couacs, Hakizimana fait remarquer que les services financiers numériques sont très utilisés par rapport aux services bancaires. «Jusqu’aujourd’hui, au tour de 7 millions de Burundais utilisent ces services », confie- t- il. Et les plateformes les plus utilisées sont notamment Lumicash et Ecocash.
Les services financiers numériques en plein essor
Avec ces services financiers numériques, l’ARCT indique qu’on procède aux dépôts, aux retraits ou encore aux transferts d’argent. Du 1er trimestre 2020 au 2ème trimestre 2020, la moyenne mensuelle de la valeur des dépôts effectués est passée de 70 596 354 571 FBu à 88 751 056 005 FBu, soit une augmentation de 26%.
Les retraits par les clients enregistrés sont passés de 63 119 818 397 FBu à 77 464 046 949 FBu, soit une augmentation de 23% et les transferts effectués de personne à personne sont passés de 59 808 944 304 FBu à 77 433 804 116 FBu, soit une augmentation de 29%, selon le rapport du 2ème trimestre de l’ARCT.
Avec une très grande accessibilité et facilité d’utilisation, les nouvelles plateformes de services financiers proposent au public un large choix de produits, notamment le dépôt, le retrait et transfert d’espèces, l’achat d’unités, le crédit lorsqu’on est à court d’argent et bien d’autres. Ce qui a poussé la population burundaise à recourir massivement à ces services.
Dieudonné Gahungu, professeur à l’Université du Burundi suggère aux organes de régulation notamment l’ARCT, la Banque de la République du Burundi et la section de cyber criminalité de la Police Nationale de combattre la fraude dans l’utilisation de ces services pour ne pas décourager les usagers.
Et de conclure que ces services contribuent à la création de l’emploi, à la facilitation des échanges commerciaux et au paiement des taxes et impôts. Avec la téléphonie mobile, l’augmentation du produit intérieur brut (PIB) tourne autour de 5%.