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Lutte contre la corruption : La bataille va-t-elle enfin être gagnée ?

Au Burundi, la lutte contre la corruption n’a pas donné un bon résultat. Les rapports de Transparency International ont classé ce pays parmi les plus corrompus de la planète. Désormais, le nouveau gouvernement promet d’en découdre avec cette pratique

Depuis 2006, le gouvernement s’était activé à lutter contre ce que certaines gens appellent « le fléau du siècle » susceptible de mettre à genoux l’économie nationale. Le 26 août 2010, le président Pierre Nkurunziza a annoncé la politique de « tolérance zéro » en matière de lutte contre la corruption. Des institutions telles que la brigade spécialisée dans la lutte contre la corruption, la Cour anti-corruption ou la Cour des Comptes ont été mises en place pour lutter contre la corruption. Néanmoins, cette politique que le président d’alors avait baptisé « tolérance zéro à la corruption » n’apportera pas de gros fruits.

Après plus de dix ans, le résultat reste médiocre. Les rapports de Transparency International rapportent toujours une situation déplorable. Depuis plusieurs années, les rapports de cette institution classent ce pays parmi les pays où l’économie est menacée par la corruption et l’opacité dans les affaires publiques. Certains activistes locaux ont toujours critiqué la situation qu’ils jugeaient parfois catastrophique et ont appelé à la mise en application de la tolérance zéro à la corruption.

La volonté manifeste du gouvernement de lutter contre la corruption focalise de plus en plus l’attention de l’opinion publique et fait réagir les activistes.

Le gouvernement lance l’offensive contre les corrupteurs

Le président nouvellement investi semble retrousser les manches pour mener une lutte sans merci contre la corruption. Dans la dernière retraite gouvernementale tenue à Buye dans la province Ngozi, le président Ndayishimiye aurait mis au centre des préoccupations du nouveau gouvernement la question de la bonne gouvernance.

Dans le même ordre d’idées, certains ministres ont promis au peuple leur engagement à livrer une guerre sans merci contre toute sorte de pot de vin. C’est le cas pour le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et du Développement Communautaire. Devant les micros, cette autorité a mis en garde tout cadre de son ministère qui tentera de s’adonner à la corruption. «Quiconque sera surpris dans une affaire de corruption sera démis de ses fonctions et sera traduit devant la justice», a-t-il déclaré devant les micros.

Toujours des limites dans la lutte contre la corruption

La volonté manifeste du gouvernement de lutter contre la corruption focalise de plus en plus l’attention de l’opinion publique et fait réagir les activistes. Faustin Ndikumana, Expert en économie et gouvernance est sorti du silence pour appuyer la politique de tolérance zéro à la corruption. Dans le but d’apporter son soutien à la politique nationale de vaincre la corruption, il a tenu une conférence de presse où il a donné quelques pistes pour mener cette lutte à bon port. Pour cet analyste, il s’agit d’une lutte que le gouvernement doit mener en synergie avec tous les citoyens.

Ndikumana estime que la réussite de cette politique doit reposer sur certains instruments. Selon lui, Il faut notamment rendre opérationnelle la machine répressive qu’est la justice car, « l’impunité des corrupteurs fait le lit de la corruption », tient-il à rappeler.  Pour lui, il ne suffit pas de réprimer uniquement les petits. Il est également important de déraciner cette pratique dans les hautes sphères de l’Etat. Cet activiste fait savoir que l’indépendance de la justice nécessite des réformes qui consacrent la justice comme 3ème pouvoir indépendant de l’exécutif et du législatif. Il rappelle aussi que la liberté de la presse et la protection garantie des lanceurs d’alerte sont des outils indispensables dans cette lutte engagée par le nouveau gouvernement.

Dans son dernier communiqué, l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOM) s’inquiète du fait que les nouveaux maîtres de l’appareil gouvernemental n’ont pas déclaré leurs avoirs avant leur entrée en fonction et dénonce l’intention d’ignorer volontairement une pratique sanctionnée par la loi portant mesures de prévention et de répression de la corruption et des infractions connexes. Gabriel Rufyiri se dit pourtant satisfait par la volonté affichée des nouveaux dirigeants de lutter contre la corruption et remercie le gouvernement burundais d’avoir mis dans ses priorités la lutte contre la corruption et les malversations économiques.

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