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Lutte contre la mauvaise gouvernance : Les institutions publiques ont-elles failli à leur mission ?

Le président Ndayishimiye semble être à la traque des responsables des institutions publiques qui n’ont pas vaqué à leurs missions. Le retard dans l’exécution des marchés, les marchés qui ne sont pas attribués dans la transparence, la mauvaise gestion des fonds publics sont entre autre les manquements dont sont accusés ces responsables, lesquels manquements datent souvent de longtemps.  Où étaient les institutions chargées de  faire le contrôle pendant tout ce temps ? 

Après la destitution de l’ancien DG  du Fonds d’Investissement Communal (FONIC), le président Ndayishimiye décide la suspension dans ses fonctions du DG de l’Office du Transport en Commun (OTRACO) ce 29 juin 2021.  Il a été suspendu de ses fonctions pour non-respect des instructions relatives à l’octroi des documents de Contrôle Technique par les agences de Gitega, Ngozi et Bururi. Global Society Technical est également suspendue pour non-respect du contrat. Le projet devrait être exécuté  depuis fin 2015. Dans une émission publique animée mercredi le 30 décembre 2020, le Président de la République évoque le cas des entreprises publiques dont la santé financière est fragile. La Mutuelle de la Fonction Publique (MFP), l’Office Nationale des Télécommunications (ONATEL), la Régie de production et de distribution de l’eau et de l’électricité (Regideso) ont été accusées par le chef de l’Etat de ne pas bien  gérer leur patrimoine.  Leurs états financiers sont au bord du gouffre depuis plusieurs années. Cela est ainsi alors qu’il y a des  institutions chargées de suivre de près le fonctionnement de ces entreprises et institutions de l’Etat.

Faustin Ndikumana, président de PARCEM : « Ce ne sont pas ces institutions qui ont failli à leurs missions, c’est le gouvernement qui ne leur donne pas le pouvoir ».

Des institutions silencieuses

Ce sont des contrepouvoirs qui sont chargés à donner de directives au gouvernement pour bien orienter ses politiques et veiller à la transparence dans la gestion des fonds publics. On peut citer l’Inspection Générale de l’Etat qui doit veiller à la bonne gestion des fonds publics, la Cour des  Comptes qui doit suivre si le budget de l’Etat a été bien exécuté, l’institution de l’Ombudsman, l’Autorité de Régulation des Marchés Publics qui contrôle si l’octroi des marchés publics a suivi la loi, la CNIDH. «  Malheureusement, ces institutions sont en mode veille », trouve Faustin Ndikumana, président de Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM).

Cet activiste de la société civile indique que même si ces institutions produisent des rapports, c’est rare de voir un rapport qui épingle la mauvaise gestion des fonds publics ou les mauvaises attributions des marchés publics ou encore des marchés qui ont été mal exécuté. «Malgré cela, elles continuent à dilapider de l’argent public, car il y a un budget alloué à leur fonctionnement chaque année», dit-il. Cela serait expliqué par l’ingérence de l’Exécutif dans leur fonctionnement et par le manque de moyens matériels et financiers.

Une bonne technique pour le président ?

Tout le monde semble se réjouir de l’initiative du chef de l’Etat de traquer les responsables des entreprises et institutions publiques défaillants. Mais pour le président de la PARCEM, le terrain sur lequel le chef de l’Etat est en train d’opérer est un terrain à double tranchant. « Sous le coup de l’émotion et de la colère, sans recommandations techniques, le Président peut prendre des mesures qui ne sont pas à la hauteur du forfait », dit-il.

Encore, l’opinion publique a besoin de connaître la vérité par rapport aux actes commis par ces personnalités  destitués ou licenciés par le Président de la République et leur sort. Le nécessaire pour lui est de donner le pouvoir, les moyens matériels et financiers à ces institutions afin de faire la lumière sur ces cas de façon technique. « Ce ne sont pas ces institutions qui ont failli à leurs missions, c’est le gouvernement qui ne leur donne pas le pouvoir », explique-t-il.

Faustin Ndikumana trouve que c’est impossible d’atteindre l’objectif fixé dans la course vers une bonne gouvernance et la lutte contre la malversation économique sans s’appuyer sur ces institutions.

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