Le simple fait de parler de certains groupes de personnes par rapport à d’autres selon des caractéristiques implicitement définies devient déjà un facteur de développement possible du discours de haine, car il entre dans une dynamique d’opposition. Dans la chronique de cette semaine sur la lutte contre les messages de haine, on vous partage comment les discours décourageants peuvent être une source de prolifération de la haine, leurs conséquences et comment les déconstruire
Un discours décourageant est un discours qui épingle un groupe donné de façon dévalorisante selon les caractéristiques choisies. Ce genre de discours peut envenimer la cohésion sociale du fait que les offensés se sentent méprisés.
Mais également les membres des autres groupes peuvent avoir une perception négative de ce groupe et peuvent se sentir meilleurs que ceux du groupe épinglé. Ça peut créer une sorte de dissociation.
Acher Niyonizigiye, consultant en leadership : « (…)il ne faut pas laisser les gens qui ont la mauvaise langue parler seuls. Ils vont semer la haine au sein de la société ».
L’autorité ou l’influence compte pour propager ce genre de message
Ce n’est pas n’importe qui qui peut lancer un message de haine et être pris au sérieux. «Il y a des gens qui ont plus d’autorité et d’influence que les autres. Ceux qui croient en eux ont tendance à croire ce qu’ils disent sans se poser des questions», explique Acher Niyonizigiye, consultant en leadership. Sinon, il indique qu’un simple citoyen n’a même pas une plateforme. « Le poids d’un message dégradant dépend de la position de la personne qui lance le message. Mais d’autre part, le poids des messages dégradants et décourageants dépend de comment le public ou l’audience aperçoit le message. « Les gens peuvent décider de prendre au sérieux ce que la personne dit ou pas ».
Responsabilité du récepteur
Lorsque quelqu’un lance ce genre de message, il ne peut plus le retirer mais, par contre, il faut que ceux qui l’écoutent soient prudents et exercent une part de jugement. « Tout ce qu’on raconte n’est pas nécessairement vrai », explique Niyonizigiye. Il ajoute que parfois les gens parlent en portant sur les fonts baptismaux leurs émotions ou leurs ignorances. Il faut que le récepteur se pose une question : «est-ce que cela est vrai» ?
Quant à celui qui lance ce genre de message, c’est très important qu’il cesse de la faire. « Il faut se rassurer que la personne se rassure que ce qu’elle est en train de dire peut-être prouvé », indique Acher Niyonizigiye.
Pour lui, pour déconstruire ce genre de message, il faut prouver que ce n’est pas vrai. « Ceux qui ne savent pas que ce que la personne a dit n’est pas vrai, ils vont considérer que c’est vrai ».
C’est important de chercher d’autres opinions et les gens pourront raisonner en tenant compte de différentes opinions et ils pourront même faire leur propre jugement beaucoup plus objectif que si seulement ils avaient écouté les propos d’une seule personne. « C’est pour cette raison qu’il ne faut pas laisser les gens qui ont la mauvaise langue parler seuls. Ils vont semer la haine au sein de la société
En ce sens, l’une des manières de lutter contre les manifestations discursives de la haine réside dans la diversification des approches d’autrui, dans le développement de la connaissance, du savoir de l’autre.