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Lutter contre la drogue, un combat collectif

Dans une étude qui a été menée dans la municipalité  de Bujumbura par l’Alliance Burundaise contre le Sida (ABS) en 2017, il a été constaté que 10,2 % des 175 usagers de drogue injectables (UDI) étaient séropositifs, 9,4 % avaient le virus de l’hépatite B tandis que 5,5 % avaient le virus de l’hépatite C. C’est dans cette perspective que l’ABS veut contribuer à la création d’un cadre juridique et politique pour réduire les méfaits liés à l’usage de drogue

L’Afrique subsaharienne et les Caraïbes constituent les régions les plus touchées par l’épidémie du VIH/Sida. Elles regroupent plus de 70% des personnes séropositives dans le monde d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’ONUSIDA. Les plus vulnérables à ce fléau, en l’occurrence   les professionnelles du sexe, les homosexuels, les utilisateurs de drogues injectables (UDI) présentent les taux de prévalence les plus élevés et constituent les principaux foyers de propagation de l’épidémie. « Ces prévalences élevées s’expliquent en grande partie par le fait que ces groupes ont un accès très faible à la prévention, au dépistage et aux soins appropriés », indique Mme Adelphine Niyuhire, représentante de l’ABS lors d’une séance de discussion et d’échange sur son projet « HIV and Harm Reduction ». Les difficultés de vivre et de manifester leur identité dans les environnements sociaux  et législatifs  restent un enjeu majeur pour les usagers de drogues injectables.

Eric Nsengiyunva, chargé des campagnes de sensibilisation à l’ABS : « L’ABS veut créer un environnement favorable pour soutenir les interventions allant dans le sens de la réduction des méfaits de la drogue(…) pour une riposte soutenue au VIH chez les UDI »

« L’ABS veut créer un environnement favorable pour soutenir les interventions allant dans le sens de la  réduction des méfaits de  la drogue dans les pays de l’EAC et renforcer les systèmes communautaires pour une riposte soutenue au VIH chez les UDI en Afrique orientale », précise Eric Nsengiyunva, chargé des campagnes de sensibilisation à l’ABS.

Selon Richard Nininahazwe, coordinateur de Burundi Association of People who Used Drugs (BAPUD), la mission principale de son association est  de se mobiliser pour la prévention et la lutte contre la prise de drogues, pour le sevrage et pour la prise en charge sanitaire et psychosociale des usagers de drogues après avoir constaté  que ces derniers sont des malades.

La prison n’est pas un remède contre la drogue

Même si la loi oblige à punir les usagers de la drogue, OPC1 Dismas Ntakibirora, conseiller juridique au ministère de la Sécurité Publique  fait savoir qu’ il est important  de les mettre dans les centres de prise en charge et non dans les prisons pour réduire les dégâts. A l’instar du Kenya, Ntakibirora  fait remarquer que lorsque la police capture un usager de  la drogue, on l’interroge pour se renseigner sur la production et la commercialisation de ce produit. Après, on le met dans un centre de prise en charge pour être traité. Il  compare un usager de la drogue à un malade qui a besoin d’être soigné et de vivre comme les autres malgré qu’il la consomme et outrepasse la loi.

Rester dans l’ombre, un des problèmes des usagers de la drogue

Stigmatisés, discriminés, considérés comme des déviants dans plusieurs pays du monde, ces groupes sont réticents à se faire connaître dans les structures de prévention et de soins parce qu’ils ont peur d’être arrêtés et emprisonnés. En plus, les politiques répressives et les pratiques discriminatoires poussent ces populations vulnérables à la clandestinité et les cantonnent dans des milieux marginaux où le risque d’infection par le VIH est très élevé. Ce qui rend ardu le travail d’enrayer définitivement l’épidémie du VIH sans intégrer complètement ces groupes dans les politiques de lutte contre le Sida.

Selon OPC1 Ntakibirora, mettre les usagers de la drogue dans les lieux de détention aggrave la situation. Dans les prisons, le taux de prévalence du VIH/Sida va crescendo, car ces UDI contaminent les autres et même  les autres maladies sexuellement transmissibles se propagent facilement dans les maisons de détention.

Une pratique à multiples causes

Les principales raisons évoquées qui poussent les UDI à consommer la drogue sont principalement  l’influence des amis et de « la génération », l’esprit d’équipe, l’envie de goûter et le besoin d’énergie pour satisfaire son partenaire lors des relations sexuelles. A cela s’ajoute le besoin d’affirmation sur ses pairs, la fréquentation des boîtes de nuit, vaincre les problèmes quotidiens, le manque d’encadrement suite à la mort des parents, les blessures dues au divorce des parents et les mauvaises relations avec les parents remariés, la dilapidation de l’héritage familial au détriment des héritiers naturels par des parents proches, la situation d’extrême pauvreté, les antécédents d’emprisonnements arbitraires et abusifs, l’expérimentation des scènes de violences horribles lors des conflits armés, les antécédents des violences sexuelles pour les filles, etc.

L’Association Burundaise contre le Sida recommande au ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida et aux parlementaires de mettre en place une loi permettant l’introduction de la méthadone comme médicament de substitution et du nalaxone pour l’overdose à l’instar d’autres pays pour réduire considérablement les risques de décès.

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