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Mairie de Bujumbura : Quand la hausse des loyers fait peur aux habitants

La hausse des loyers inquiète les habitants de la ville de Bujumbura. Ils demandent à l’Etat de s’impliquer dans la régulation des loyers. Sinon, le danger est imminent dans les ménages, car les locataires risquent d’être incapables de payer les loyers. Le gouvernement promet d’inverser la tendance via la promotion de la politique des logements sociaux    

Les habitants de la ville de Bujumbura s’inquiètent du fait que les propriétaires des maisons ont  adopté l’attitude de revoir à la hausse les loyers.  Selon Jean Citegetse habitant la zone Cibitoke depuis 2016, l’allure d’augmentation des loyers par les propriétaires des maisons lui fait peur.  Au début des années 2016, Il indique qu’en 2016 il louait une maison de deux chambres  et un salon à 100 000 FBu par mois.  En 2018, le loyer est passé de 100 000 FBu à 150 000 FBu. Actuellement, Citegetse fait savoir qu’il paie 210 000 FBu par mois.  Ce quadragénaire déplore que l’augmentation des loyers est à une allure inquiétante alors que les revenus de la population restent limités.

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Les habitants lancent un cri d’alarme

Charles Muhanuka, habitant le quartier Mutakura abonde dans le même sens.  Il habite dans ce quartier  dans une maison de deux chambres et salon depuis 2017. Au début, il payait 120 000 FBu. Actuellement,  il paie 200 000 FBu.  Dans les quartiers des zones Ngagara, Bwiza et Nyakabiga, la situation est la même. Les habitants alertent du fait que les loyers sont devenus un casse-tête. Une  maison qui était loué à 250 000 FBu se loue actuellement  à 350 000 FBu ou 400 000 FBu.  Ces habitants lancent un cri d’alarme du fait que  la situation risque d’être insupportable si rien n’est fait pour inverser la tendance. lls font remarquer qu’ils risquent d’échouer à honorer leurs engagements dans le paiement des loyers. Ils demandent  alors à l’Etat de s’impliquer dans la régulation  des loyers.

Les propriétaires des maisons rétorquent

Les propriétaires des maisons qui se sont entretenus avec Burundi Eco indiquent  qu’ils revoient à la hausse les loyers, car  le coût de la vie ne cesse d’augmenter.   Selon Léandre  Butoyi, propriétaire d’une maison à  Mutakura, les prix des biens et des services sont chers au marché.  Michel  Cishahayo, propriétaire des maisons à louer  dans ce même quartier  ajoute que  les parcelles et les matériaux de construction sont aussi chers. Pour toutes ces raisons, les loyers doivent augmenter.  Seulement, il  affirme que les conséquences commencent à se manifester. Certains locataires sont incapables de payer les loyers. Il précise que les litiges liés au non paiement des loyers  dans les zones de la municipalité de Bujumbura sont nombreux même s’il ne précise pas les statistiques.

Une autre raison est  la monnaie burundaise qui se déprécie du jour au jour alors que  les revenus des ménages restent les mêmes,  confie Mme Chantal Cishahayo,  retraitée habitant la zone Nyakabiga.  Et d’ajouter que le prix du loyer est fixé suivant l’emplacement de la maison (le quartier) et la qualité de la maison. Un autre facteur qui est souvent évoqué par les locataires des maisons des quartiers de Mutakura et Cibitoke est la présence des Congolais qui viennent louer les maisons. Selon ces locataires, ces Congolais paient beaucoup d’argent, car ils viennent au Burundi avec des devises. Donc, trouver une maison d’habitation à louer dans la capitale économique est un parcours de combattant, car l’offre est très inférieure à la demande. Une fois trouvée, elle se loue les yeux de la tête.  Sinon, elle indique que les loyers sont comme les autres prix des denrées alimentaires qui, eux aussi, grimpent du jour au jour. « Ce qui est rare devient cher. C’est une loi économique », indique-t-elle. Toutefois,  elle signale que cela ne devrait pas rester comme tel. L’Etat comme régulateur doit avoir le dernier mot tout en tenant compte de la demande sur le marché et des droits du consommateur. Il pointe du doigt aussi l’Assemblée Nationale qui devrait initier une  loi qui protégerait à la fois le bailleur et le locataire en tenant compte de l’apport qualité/prix et du coût de la vie.  « Cette loi devra être promulguée et vulgarisée pour que personne n’en ignore l’existence », dit Cishahayo.

Les logements sociaux au Cameroun.

La location des maisons, un lourd fardeau pour les ménages

Cishahayo insiste sur cela, car dans la capitale économique Bujumbura, la location des maisons est devenue un  lourd fardeau pour les ménages. Et de renchérir que c’est pourquoi acquérir le premier logement reste parmi les priorités des ménages. Et de demander à l’Etat de promouvoir  la politique des logements sociaux comme on le fait dans les autres pays comme le Rwanda, le Bénin, etc.   

Ces derniers jours, le ministre des Infrastructures, Equipements et Logements Sociaux Déogratias Nsanganiyumwami a promis d’inverser la tendance. Aujourd’hui, des projets de construction de logements sociaux à Bujumbura et dans d’autres centres urbains sont envisagés. Il tranquillise les fonctionnaires de l’Etat et les particuliers qu’ils vont bénéficier de ces derniers. Selon toujours lui, les bailleurs comme le Fonds de Promotion de l’Habitat Urbain sont prêts à financer la promotion des logements sociaux et l’habitat urbain. Nsanganiyumwami  demande à l’OBUHA de prévoir des parcelles même à l’intérieur du pays ou tout au moins au chef-lieu de chaque province afin de les urbaniser. Il a rassuré que plusieurs institutions sont prêtes à financer les logements sociaux.  Des compagnies nationales et même internationales manifestent également l’intérêt d’investir dans ce secteur, a-t-il ajouté.  Nsanganiyumwami s’est dit confiant que d’ici peu de temps des fonctionnaires de l’Etat et des particuliers pourront acquérir des logements décents et à moindre coût.

Didace Ngendakumana, ADG de la BHB : « La BHB prévoit de construire des logements sociaux à Kayanza, Ngozi, Muyinga, Karusi et Gitega ».

Les sites sont déjà disponibles dans certaines provinces

Le commissaire général de l’OBUHA laisse entendre que les sites sont déjà disponibles dans les provinces de  Kayanza, Ngozi, Muyinga, Karusi et Gitega pour y construire des logements sociaux. La Banque de l’Habitat du Burundi (BHB) a  déjà effectué des visites sur terrain du 18 au 19 novembre 2021 dans ces provinces. L’objectif de cette visite était d’identifier et de se rendre compte de l’existence des sites, de leurs superficies et de leur emplacement. Selon l’ADG de cette banque Didace Ngendakumana, la BHB prévoit de construire des logements sociaux sur ces sites, dans le cadre de la mise en œuvre des projets de développement du gouvernement burundais. A Vyegwa en province de Ngozi, la BHB a visité un site viabilisé de 18 ares.  Cette banque projette d’y construire des maisons en étages sous forme d’appartements. C’est aussi le cas dans la commune et province Gitega sur les sites de Zege et karera, a précisé Ngendakumana. Et d’ajouter que la BHB prévoit d’ériger des villas dans des parcelles identifiées dans les provinces de karusi, Muyinga et Ruyigi.  L’ADG de la BHB a fait savoir que parmi les missions de cette banque figure la promotion des logements sociaux. Ngendakumana a indiqué que les acquéreurs de ces maisons seront de différentes catégories en fonction de leurs moyens et de leurs choix. La BHB se chargera de payer les frais de viabilisation de ces parcelles identifiées.

Et de noter que ce n’est pas la première fois que l’Etat pense à promouvoir les logements sociaux. Nonobstant,  la concrétisation  de cette politique est une autre chose. En 2009, le gouvernement  a prévu la modernisation de la zone de Buyenzi avec la construction des habitations en étages.  On voulait encourager la construction en hauteur des anciens quartiers de la municipalité de Bujumbura par la densification verticale. Néanmoins,  le projet est mort-né.

Signalons qu’en rapport avec le type de logement, les maisons isolées (sans concession) sont prédominantes, (représentant 63,2% au Burundi) et concernent particulièrement les ménages vivant en milieu rural (68,0%). Les concessions, viennent en deuxième position avec 14,6% et sont plus fréquentes en milieu urbain (45,3%). Les ménages propriétaires de leur logement représentent 87,2% tandis que 7,4% sont des locataires et seulement 5,2% sont logés gratuitement. Au niveau spatial, la proportion des propriétaires est faible dans Bujumbura-Mairie par rapport au reste du pays, 38,6% contre 91,9% en milieu rural.

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