Le développement durable passe par une transition démographique. Or, au Burundi la situation démographique actuelle constitue une contrainte forte sur la planification du développement. D’où il faut un dividende démographique.
« La croissance démographique exerce une pression sur les maigres ressources naturelles et financières, mais aussi au niveau des infrastructures socio-économiques », a indiqué le deuxième vice-président de la République, Joseph Butore à l’occasion du lancement d’un atelier sur l’état des lieux de la mise en œuvre de la déclaration de politique démographique nationale et la sensibilisation sur le dividende démographique mardi le 12 avril 2016.
Ramener le taux d’accroissement à 2% par an
Selon M. Butore, la fécondité élevée au Burundi occasionne un poids démographique élevé chez les jeunes. En effet, 45 % de la population a moins de 15 ans, 56 % a moins de 20 ans et l’âge médian est de 17 ans. Cette situation explique la multiplication des besoins dans différents secteurs.
Il fait remarquer que suite à l’inadéquation entre l’offre de services et la demande dans les secteurs socio-économiques, le Burundi fait face à une sur-utilisation des infrastructures disponibles. Il cite notamment le non respect des ratios de fréquentation scolaire, l’élévation des risques sociaux, notamment la délinquance, l’insécurité, le phénomène des enfants de la rue.
Butore informe que le gouvernement est conscient de la gravité des défis démographiques et de la nécessité d’en tenir compte dans la politique de développement.
Pour pallier à ces défis, le deuxième vice-président de la République indique que le gouvernement burundais a pour objectifs principaux de « ramener le taux d’accroissement de la population de 2,5 % à 2 % par an, en 2025 » et d’intégrer les variables démographiques dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, 2ème génération, dans le Plan National de Développement Sanitaire. M. Butore souligne que l’une des stratégies adoptées est d’investir dans la jeunesse, surtout en matière de promotion de la planification familiale et d’amélioration des services de santé de la reproduction adaptés aux adolescents et aux jeunes.
Pour un développement inclusif et durable
Selon Suzanne Mandong, Représentante du Fonds des Nations Unies pour la Populations, (FNUAP) au Burundi, sigle en anglais, le dividende démographique est défini comme une croissance économique acquise, quand dans un Etat, la population active (entre 15 et 59 ans) est supérieure à la population dépendante (moins de 15 ans et plus de 60 ans).
Par ailleurs, poursuit Mme Mandong, dans un foyer, lorsque le nombre des membres de la famille qui produisent est supérieur à celui des dépendants (enfants et personnes âgées), la famille peut économiser les ressources disponibles et mieux investir dans son bien-être.
Elle fait remarquer qu’au Burundi, plus de 6,2 millions d’habitants ont moins de 25 ans soit 65 % de la population. Cependant, pour réaliser un dividende démographique, un pays doit opérer une transition démographique, marquée par le passage des taux de fécondité et de mortalité élevés à des taux de fécondité et de mortalité faibles.
Pour Mme Mandong, l’amélioration des normes de santé et d’assainissement conduit à l’augmentation du taux de survie des enfants et par conséquent à la chute de la mortalité. Il s’ensuit une baisse du taux de fécondité et les familles ayant moins d’enfants peuvent dégager des ressources supplémentaires pour investir dans leur bien-être à long terme.
Il informe que les facteurs facilitant la réalisation du dividende démographique sont l’école, l’apprentissage à long terme, l’accès à l’emploi, le mariage à l’âge adulte, la sécurité, l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle, l’investissement pour les enfants et une vieillesse sécurisée. Pour engendrer un dividende démographique, il faut autonomiser, former et employer les jeunes et les personnes en âges de travailler.