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Maladie à Virus Ebola : La vigilance reste de mise

Le virus Ebola déjà présent en République Démocratique du Congo (RDC), pays voisin du Burundi, a déjà fait des victimes dans certaines régions du pays. Ce n’est pas la province d’à côté certes, mais c’est assez préoccupant vu son degré de contamination et sa dangérosité. Mieux vaut prévenir que guérir, dit-on. Le ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida lance un appel aux médias pour plus de sensibilisation contre ce fléau

Pour la petite histoire, « Ebola », comme la fièvre jaune, la dengue et Marburg, fait partie de la grande famille des fièvres hémorragiques. En 1967, à Marbourg en Allemagne, les chercheurs travaillent sur les cellules rénales de singes en provenance de l’Ouganda. Trente-et-un laborantins sont contaminés par un mystérieux virus et sept d’entre eux décèdent. Le virus dit de « Marbourg » se fait oublier pendant une dizaine d’années pour ressurgir en 1975 et tuer un voyageur australien en provenance du Zimbabwe. L’année suivante, une religieuse belge tombe malade à Yambuku au Zaïre (RDC actuel). Un échantillon de son sang est envoyé au laboratoire d’Anvers, transporté par un voyageur dans un simple thermos.

Les chercheurs qui manipulent l’échantillon sans protection découvrent un virus géant qui ressemble à un ver, proche du virus de Marbourg. L’OMS demande de cesser toute recherche sur ce virus extrêmement dangereux. Mais à la demande des autorités belges, Peter Piot, l’un des membres de l’équipe d’Anvers se rend à Yambuku. Il remarque que dans leur hôpital, les religieuses se servent de la même seringue pour plusieurs patients. Il constate aussi que ceux qui participent aux rites funéraires de ces morts mystérieux tombent malades à leur tour. Lors de cette épidémie, 318 personnes sont contaminées et 280 parmi elles meurent dans les villages de la région. Le virus jusque-là inconnu, est baptisé « Ebola », le nom d’une rivière des environs. La même année, une autre souche du virus Ebola frappe le Soudan et fait 284 morts. En 1995 à Kikwit au Zaïre, 254 personnes meurent du même virus. 

Dr Jean- Louis Miango, consultant de l’Unicef : « Si vous suspectez une personne atteinte d’Ebola, il faut immédiatement informer les autorités sanitaires ou le responsable de la communauté le plus proche »

La maladie disparait pour ressurgir au début du XXIème siècle en Afrique centrale en RDC, au Gabon en et au Congo Brazzaville. Les épidémies restent limitées à de petits foyers. Jusqu’en 2014 où une épidémie d’une ampleur inouïe partie de Guinée forestière gagna en quelques mois les capitales de Guinée Conakry, du Libéria et du Sierra Léone. 

Depuis presque 40 ans, 25 épidémies de fièvre Ebola ont touché l’Afrique. Aujourd’hui, on estime que le virus circule en permanence dans la forêt équatoriale. En juillet 2014, une nouvelle épidémie d’Ebola se déclare dans la forêt équatoriale dans la région Nord de la RDC. En mars 2015, sur 24.907 malades recensés, plus de 10.000 sont morts. Cette dernière épidémie reste la plus meurtrière que toutes les autres épidémies réunies.

Mieux s’informer pour mieux participer à la sensibilisation 

Dans ses interventions, Dr Jean- Louis Miango, consultant de l’Unicef a fait savoir qu’il n’y a pas de cas déclaré d’Ebola jusqu’à maintenant au Burundi, mais qu’il est plus qu’opportun de se préparer à toute éventualité. C’est pour cette raison que le pays doit être prêt opérationnellement. D’où la nécessité d’un plan de prévention et de riposte. Il doit pour cela être capable de détecter les cas d’Ebola et de notifier les cas suspects d’une manière précise. M. Miango a rappelé que la maladie à virus Ebola est transmise par tout contact corporel avec un malade, à travers la salive, en touchant une personne décédée du virus d’Ebola, en touchant au vomi et aux excréments, à travers les relations sexuelles, en partageant les ustensiles et la nourriture, mais aussi en touchant les vêtements ou les draps d’une personne affectée.  

Des mesures de prévention s’imposent 

« Si vous suspectez une personne atteinte d’Ebola, il faut immédiatement informer les autorités sanitaires ou le responsable de la communauté le plus proche », prévient Dr Miango. Il ne faut également pas toucher la personne suspectée sans protection. Il faut attendre que l’ambulance et le personnel sanitaire arrivent. Une fois qu’une personne commence à présenter des symptômes d’Ebola, il peut déjà contaminer les autres.  La période d’incubation est entre  2 à 21 jours, généralement elle est de 7 jours.

Un malade d’Ebola n’est contagieux qu’à partir du moment où il présente les symptômes de cette maladie. Plus l’infection progresse, plus elle risque de transmettre le virus. Les corps des personnes décédées d’Ebola sont extrêmement dangereux, en particulier quand les familles les manipulent pour les rites funéraires. Dès l’apparition des symptômes de la maladie à virus Ebola, un test diagnostique s’impose. Le virus est détectable entre 2 et 10 jours après l’apparition des symptômes. Les mesures d’hygiène dont principalement le lavage des mains, la suspension des rites funéraires, l’isolement des malades, la désinfection de leurs effets personnels suffisent généralement à endiguer l’épidémie

Il n’existe ni traitement ni vaccin pour l’heure contre Ebola. Les médecins doivent se contenter de réhydrater leurs patients

La surveillance des portes d’entrée, une priorité pour mieux lutter contre Ebola

 « Nous savons que le Burundi est très frontalier avec la RDC. Aussi, 8 à 10.000 Congolais entrent chaque jour au Burundi. La population doit faire extrêmement attention pour prévenir ce virus », a indiqué. Dr Miango en appelant toute la population burundaise à dénoncer le plus rapidement possible une personne qui a les signes d’Ebola. Il faut également être conscient de passer par des portes d’entrées officielles pour se faire dépister et surtout se laver constamment les mains.

Le Burundi n’a jusqu’ici enregistré aucune personne malade d’Ebola, mais il reste potentiellement menacé et, vu la virulence de la maladie, le plan de contingence mis en place en juin de l’an dernier doit être renforcé pour faire barrage à cette épidémie.

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