Se laver les mains est l’une des mesures barrières mises en place dans le but de lutter contre la pandémie de Covid-19. Dans les écoles de la municipalité de Bujumbura, cette mesure a été largement observée. Cela n’empêche pas que l’hygiène reste à désirer dans la plupart des cas
Des milliers d’enfants sont toujours exposés aux maladies dues au manque d’hygiène. Depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19 au Burundi, le ministère en charge de la santé publique a émis une série de recommandations pour lutter contre ce fléau sanitaire. Dans la ville de Bujumbura, les responsables des écoles ont tenu à mettre en pratique ces recommandations. Même les écoles qui ne sont pas desservies en eau potable se débrouillent désormais pour instaurer la pratique de lavage des mains à l’eau propre et au savon. Mais la question de l’hygiène reste posée.
Nous avons visité quelques écoles de la capitale économique pour nous rendre compte de la situation qui y prévaut en matière d’hygiène. A l’école primaire du Jardin Public de Nyakabiga, le manque d’hygiène est une réalité. L’école n’est pas desservie en eau potable. Pourtant, Annonciate Nsabimana, directrice de cette école affirme que la situation n’est pas alarmante. «On se débrouille pour rendre disponible l’eau propre et le savon pour le lavage des mains. Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un grand problème», commente-t-elle. Le seau à eau se trouve juste à l’entrée de la cour intérieure.
Des milliers d’élèves sont toujours exposés aux maladies causées par le manque d’hygiène.
Cet établissement qui accueille les élèves issus des familles les moins nanties n’est pas pourvu ni en blocs sanitaires suffisants ni en eau. Pour 1032 élèves, les lieux d’aisance sont composés d’un seul bloc comprenant dix cabines. Ce qui doit rendre la situation un peu plus compliquée. A l’approche de ces latrines, une odeur nauséabonde accueille les passants.
Selon Nsabimana, il n’y a pas d’espace pour la construction de nouveaux blocs sanitaires. «L’école ayant été menacée par le glissement de terrain, les techniciens nous ont conseillé de ne pas construire sur un terrain réaménagé avant 3 ans», a expliqué Mme Nsabimana qui dit prendre en compte les mises en garde. La grande partie de la cour intérieure de cette école avait été engloutie par la rivière Ntahangwa.
Dans certaines écoles de la municipalité de Bujumbura, les latrines sont presqu’inexistantes. A l’ECOFO Cibitoke II, seules 4 vieilles latrines sont disponibles pour 2000 élèves. Une forte et nauséabonde odeur envahit l’air et étouffe le souffle à tout passant. N’ayant pas le courage d’entrer dans ces latrines, certains élèves préfèrent se soulager dans la nature. Ils disent ne pas avoir le courage d’entrer dans ces locaux insalubres dont la plupart sont dépourvus de portes. Jean Bosco Habiyambere, directeur de cette école indique que cet état de choses s’explique par la sénilité de l’établissement.
Des efforts dans le vide…
L’ECOFO Mutanga fait objet des mêmes challenges. Cette école publique est pourvue d’eau. A l’arrivée, on voit, à l’entrée de l’établissement, des seaux d’eau.
Là, on veut que tout le monde se lave les mains. « Nous essayons aussi bien que nous le pouvons de faire respecter l’hygiène, mais il subsiste toujours des difficultés liées à l’insuffisance des locaux », a expliqué le directeur de l’école. Le seul bloc sanitaire disponible à cette école fréquentée par 700 élèves compte en tout 16 cabines. Ce qui reste de loin insuffisant par rapport aux effectifs des usagers. « C’est en tout huit cabines pour garçons et huit cabines pour les filles », fait savoir le directeur de l’école. Pour ce responsable d’école, il devrait y avoir, au minimum un autre bloc pour avoir une cabine pour garçons et une autre pour les filles.
Pour nous rendre à l’évidence, nous avons visité ces lieux qui servent de toilette pour ce grand nombre d’élèves. Ces latrines ne sont pas très enviables. Mais des efforts remarquables sont déployés pour y parvenir. Pour essayer de maintenir la propreté des lieux, un travailleur reste mobilisé. « Nous avons un travailleur chargé de la propreté », indique le directeur.
De toutes les façons, l’hygiène dans les établissements scolaires ne devrait pas se limiter à la prévention contre la pandémie de Covid-19. L’insuffisance des latrines dans les établissements scolaires est un problème récurrent qui devrait attirer l’attention des décideurs.