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Un marché boursier oui, mais d’abord la confiance

Les économistes confirment que le marché des capitaux, tout comme l’électricité est une condition essentielle pour attirer les investisseurs. Pour qu’il soit viable, ils rappellent que celui-ci doit être accompagné d’un environnement d’affaires favorable    

Un projet de décret portant autorisation de participation de la Banque Centrale au capital social de la Bourse du Burundi a été adopté par le conseil des ministres au cours de ce mois de mars 2022.

Le communiqué du conseil des ministres du 17 mars 2022 indique qu’après la promulgation de la loi n°1/05 du 27 février 2019 régissant le marché des capitaux au Burundi et la loi n° 1/08 du 29 octobre 2020 régissant l’Autorité de Régulation du Marché des Capitaux au Burundi (ARMC), l’étape en cours concerne l’établissement et l’opérationnalisation des institutions de ce marché, dont la création de la « Bourse » du Burundi ainsi que la mise en place d’autres institutions intermédiaires.

Faustin Ndikumana, directeur national de l’Ong locale Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM) précise que dans le cadre d’une éventuelle mobilisation de l’épargne nationale ou régionale, d’un accroissement des investissements ou d’une éventuelle dynamique de vouloir augmenter les investissements, la création d’un marché boursier s’avère un des facteurs indispensables pour le faire.

« Toutefois, il faut qu’il y ait des acteurs capables d’animer ce marché. Celui-ci doit être animé par les offreurs du bien et les acheteurs du bien. Les offreurs sont les épargnants. Il faut qu’il y ait beaucoup de gens qui épargnent », explique-t-il.

M.Ndikumana confirme que si une entreprise n’est pas performante, elle ne peut pas mobiliser de l’argent sur un marché boursier. Il informe qu’actuellement l’épargne nationale est assez faible. Pourtant, rappelle-t-il, les entreprises doivent être rentables sur le marché boursier. Cela parce que la cotation d’une entreprise sur un marché boursier est très important afin de s’assurer que celle-ci pourra satisfaire le remboursement des capitaux demandés.

C’est la cotation qui ouvre les opportunités de mobiliser de l’argent. On place de l’argent dans une entreprise performante, moderne, ayant une capacité moderne de gestion et rentable.

Faustin Ndikumana, directeur national de l’Ong PARCEM : « Si l’entreprise n’est pas performante, elle ne peut pas mobiliser de l’argent sur un marché boursier ».

Un environnement d’affaires favorable, condition sine qua none

« Un marché boursier doit être accompagnée d’un environnement d’affaires favorable », fait remarquer le directeur national de l’Ong PARCEM. Cela avant de signaler qu’avant d’établir la réglementation, il faut songer à la promotion de l’environnement des affaires au niveau institutionnel (une justice indépendante, des institutions qui limitent les tracasseries administratives…), au niveau des infrastructures (aéroport moderne, port moderne, routes modernes, installation des infrastructures hydroélectriques …), au niveau des marchés publics, au niveau de la lutte contre la corruption, au niveau du pouvoir d’achat, l’inflation, le taux de change, l’accès aux crédits bancaires, le taux d’intérêt, un commerce transfrontalier bien organisé, les marchés régionaux, l’insécurité, la crise politique qui met en péril la valeur des actions…

Au cas contraire, les demandeurs deviennent réticents.

Quant à l’invasion des actions étrangères pouvant noyer celles nationales, M.Ndikumana certifie que le marché des capitaux doit être avant tout national et par après s’étendre dans la sous-région. Ce qui n’empêche pas qu’une entreprise de la sous-région place ses capitaux sur le marché financier burundais.

Pour que cela soit possible, martèle-t-il, il faut qu’il y ait de la confiance. Les entreprises locales doivent travailler dans un environnement favorable enregistrant des profits régulièrement sur la rémunération des actions. Les obligations restent fondamentales pour celui qui veut épargner son argent en le plaçant sur le marché financier.

Pour échapper à des taux d’intérêt bancaire élevés, le marché des capitaux peut être un facteur catalyseur. Cela si on met en place des conditions favorisant la concurrence.

Selon M.Ndikumana, les banques sont des modes de financement des investissements avec intermédiation. Elles s’intercalent entre l’épargnant et le demandeur d’épargne. Ce qui est supposé augmenter les taux d’intérêt bancaire sur les crédits ce sont les vastes frais fixes liés à la rémunération du personnel, à l’entretien du matériel utilisé, aux frais administratifs élevés… Si on supprimait ces coûts au niveau financier, peut-être qu’il y aurait une valeur ajoutée.

Malgré cela, les clients des banques doivent être sensibilisés sur le nouveau mode de financement, car ils sont habitués à un mode de financement bancaire où un crédit est octroyé à un taux débiteur.

Des bénéfices et des pertes

M.Ndikumana reconnait que l’achat d’une action ne signifie pas nécessairement gagner. On peut perdre.  Une action peut avoir une valeur de 1 000 000 de FBu aujourd’hui, 700 000 FBu demain et 2 000 000 de FBu après-demain.

La Bourse du Burundi sera exploitée par une société mixte dénommée « Bourse du Burundi ». Son rôle sera de gérer le marché boursier, d’aider et de contrôler l’achat et la vente des titres.

Le communiqué du conseil des ministres du 17 mars 2022 stipule que la Bourse du Burundi sera établie en tant qu’entité commerciale, enregistrée en vertu du code des Sociétés Privées et à Participation Publique.

Le capital social proposé est de 2 500 000 000 FBu) divisé en 25 000 000 actions d’une valeur nominale de 100 FBu chacune. La Banque Centrale aura droit à 25% des actions. 

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