La Banque centrale multiplie les mesures pour contrôler le marché de change. Le dernier cas en date est l’interdiction aux bénéficiaires des transferts d’argent instantanés de retirer les devises. Cette mesure intervient après la fermeture des bureaux de change sur tout le territoire national. Le marché parallèle étant libre, il est difficile d’assurer le suivi des activités de change. C’est d’ailleurs une des motivations du régulateur d’imposer des règles aux propriétaires des bureaux de change. Ce qui n’a pas été respecté dans les faits. D’où la fermeture unilatérale de tous les bureaux de change.
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Cette dernière bafoue en quelque sorte les libertés économiques, car chaque entrepreneur a le choix d’investir dans n’importe quel secteur dans le strict respect de la loi. La décision de fermer les bureaux de change risque d’amplifier les spéculations sur le marché noir. Malgré les mesures prises, les changeurs ne vont pas cesser d’opérer. Tout simplement ce sont les règles du jeu qui changent. Ils vont opérer dans la clandestinité avec tous les dangers que cela représente. Les milieux bien informés disent que les différentes mesures prises ne résolvent en rien le problème de pénurie chronique des devises. Par ailleurs, les autorités devraient se pencher sur la promotion des exportations pour booster les recettes en devises.
La demande en devises devient de plus en plus forte alors que les sources de devises tarissent. D’après les statistiques de la Banque centrale, les réserves de devises atteignent un niveau critique. Les devises disponibles ne peuvent pas couvrir un mois d’importation. Par contre, les critères de convergence de la Communauté Est Africaine recommande aux pays membres d’avoir des réserves des devises pour importer pendant au moins quatre mois.
Des interrogations subsistent sur l’efficacité de ces mesures d’autant plus que les banques commerciales ne disposent pas assez de devises pour satisfaire la demande. L’accès aux devises devient un casse-tête. Les banques commerciales exigent des pièces justificatives de l’usage des devises. En temps normal, on devrait changer les devises à volonté.
Les conséquences économiques de ces mesures se font déjà sentir. Le commerce transfrontalier est perturbé. Le change se fait uniquement pour l’euro et le dollar. Les autres monnaies ne sont pas admises au change manuel. Or, le pays commerce avec les pays voisins. Les importateurs ont besoin de devises pour acheter les biens à l’étranger. Avec la pénurie persistante des devises, les opérateurs économiques rationnent leurs importations. La demande n’étant pas forte suite aux mesures de confinement prises dans les grands pays d’importation suite au Coronavirus, il faudra s’attendre au pire après la maîtrise de la pandémie.
L’idéal serait de diversifier les exportations avec un accent particulier sur les produits manufacturés. Le pays présente d’énormes potentialités en termes d’exportation. Cependant pour en tirer profit, le pays se trouve dans l’obligation de nouer des relations commerciales avec plusieurs pays, y compris ceux du continent.