Vendeuse de Ndagalas dans la ville de Bujumbura depuis les années 90, Mariam Ndayisenga précise que ce commerce est prolifique. Grâce à son business, elle s’est offert une parcelle et y a construit sa propre maison. Cette femme a réussi à assurer l’éducation de ses 4 enfants
Domiciliée dans la zone Buyenzi de la commune Mukaza en Mairie de Bujumbura, Mariam Ndayisenga vend les Ndagalas (fretins) asséchés au marché Bujumbura City Market, dit Chez Sion. Cette femme s’est spécialisée dans le commerce de Ndagalas de bonne qualité ou à défaut ceux de qualité moyenne. Le prix de ces catégories des Ndagalas est aussi élevé par rapport à celui des autres poissons. Ses clients sont les VIP. « Mon objectif est de viser les bons clients, car c’est là que je réalise un bon bénéfice », indique-t-elle.
Mariam Ndayisenga : « Grâce à mon business, je me suis offert une parcelle et y ai construit ma propre maison ».
Elle débute dans les années 80
Natif de la zone Kamenge, Mariam Ndayisenga indique qu’elle a commencé par exercer le petit commerce des cannes à sucre puis celui des bananes mûres quand elle était encore célibataire. « Je m’en approvisionnais à Muzinda et je les transportais à pied, sur ma tête », explique-t-elle.
Mariée au début des années 80, elle se lance dans la vente des friperies au marché central de Bujumbura. Par après, elle presta à Nyakabiga lors de la rénovation de ce marché vers les années 1994. « Une autre partie des commerçants transfuges de l’ex-marché central prestaient au marché de Jabe », fait-elle savoir. Mme Ndayisenga commence le commerce des Mukeke grillés à son retour du marché central de Bujumbura dans les années 90. «Je m’approvisionnais directement à Rumonge les mardis et les samedis». Le transport se faisait par cartons et dans les véhicules dits FUSO.
L’incendie du marché central, un cauchemar
Grace à la vente des poissons, Mariam Ndayisenga et son mari sont parvenus à s’acheter une parcelle à Buyenzi. Le commerce des poissons était prolifique, affirme-t-elle. Sauf que par après sa situation a tourné au vinaigre suite à l’incendie qui a ravagé le marché central en 2013. Mme Ndayisenga précise avoir perdu autour de 4 millions de FBu dans cette incendie. « C’était un dimanche alors que samedi j’étais à Rumonge pour m’approvisionner. 4 cartons de poissons qui valaient des millions de FBu ont pris feu dans cet incendie. J’en avais vendu une quantité minime d’une valeur de 200 mille FBu. C’est au lendemain de cet incident que Mme Ndayisenga a rejoint le marché Bujumbura City Market. Suite au manque de capital suffisant, Mme s’est tourné vers la vente des Ndagalas. « Je n’ai commencé ce business qu’avec seulement un capital de 200 mille FBu».
Elle s’est construit une maison grâce à son business
Mère de 4 enfants, Mariam Ndayisenga indique que la vente des produits halieutiques lui a permis d’élever ses 4 enfants et d’assurer leur éducation. « Grâce au commerce des Ndagalas, nous avons construit notre maison ». Actuellement veuve, Mariam Ndayisenga informe qu’elle vit grâce à ce commerce et qu’elle assure même l’éducation de ses petits-fils et petites-filles qui habitent chez elle. « Jusqu’à présent je mange trois fois par jour et j’arrive même à me payer mes soins de santé », se réjouit-elle.
Selon cette initiée, généralement la production des poissons chute pendant la période pluviale. C’est janvier à avril qu’on enregistre une petite quantité de poissons. Dans son parcours de commerçante, c’est cette année qu’il s’est observé une hausse de prix la plus élevée. Un kilo de Ndagalas de bonne qualité (Kalumba) a atteint 60 mille FBu. Selon elle, la production est élevée du mois de mai jusqu’en septembre. Pendant cette période, le prix chute jusqu’à 15 mille FBu le kilo. Selon elle, la hausse la plus élevée qui s’est observé pour les ndagalas est de 60 mille le kilo.
Malgré ses années de commerce, Mme Ndayisenga n’a jamais pensé à exporter son commerce. « Je ne l’ai jamais fait sûrement par manque d’informations. Je ne sais pas quelles procédures suivre pour exporter, les conditions exigées ou les procédures douanières », explique-t-elle.
Des défis ne manquent pas
S’approvisionnant actuellement au marché de Kinindo, cette commerçante précise qu’elle fait face aux coûts de transport très volatiles ces derniers jours suite à la mesure de délimitation du périmètre de circulation des deux roues et des tricycles dans la ville de Bujumbura. Le trajet qui me coûtait 1500 FBu auparavant me coûte actuellement entre 3000 FBu et 5000 FBu. « Avant cette mesure, pour arriver au marché Bujumbura City Market dit Chez Sion, nous prenions un tuk-tuk en groupe de deux femmes où chacun payait 1 500 FBu pour un total de 3 000 FBu actuellement, nous sommes obligées de prendre un taxi pour une somme d’au moins 10 000 FBu », se lamente Ndayisenga.
Selon Mariam Ndayisenga, la clientèle a diminué pendant la période de Covid-19. Avec les frais qui sont toujours exigés pour l’obtention du certificat du test de Covid-19, l’affluence des Congolais qui s’approvisionnaient chez Sion en Ndagalas a baissé. « Les 30 kg de Ndagalas que j’écoulais dans une journée, je les écoule actuellement en deux jours. Ils sont toujours des réticences suite aux frais qu’ils doivent payer pour le certificat du test négatif au Covid-19 ». Elle lance un appel aux autorités habilitées pour prendre des mesures visant à faciliter le commerce transfrontalier.